Les procédés mnémotechniques

 
 

Les Grecs de l’Antiquité sont les premiers à avoir découvert des techniques de mémorisation pratiques et reproductibles par tout un chacun pour améliorer ses performances dans le domaine de la mémoire[1].

Par la suite, de nombreux chercheurs dans le domaine ont complété ces premières découvertes, et développé certains outils spécifiques permettant de les exploiter.

 

1-      Associations, images et localisation

Les Grecs de l’Antiquité ont mis en évidence trois grands principes permettant de rendre compte du fonctionnement de la mémoire : les associations, les images et la localisation.

A peine évoquez-vous le mot « pomme » que votre cerveau réactive toutes les informations qui sont ASSOCIEES à ce mot dans votre esprit (informations sensorielles, souvenirs vécus, connaissances diverses…).

Plus une information est reliée à d’autres dans votre esprit et plus elle sera ancrée profondément dans votre mémoire.

La deuxième découverte des Grecs est que pour se souvenir, il faut créer des IMAGES. Ainsi, quand vous évoquez une connaissance dans votre tête, plus elle sera riche en informations visuelles complexes (merveilleuses et multidimensionnelles) et plus vous la mémoriserez sur le long terme.

Enfin, le troisième pilier de la mémoire découvert par les Grecs est la LOCALISATION : le souvenir doit être rangé à une place particulière.

Pour mémoriser au mieux les informations, il faut donc que votre cerveau soit organisé comme le serait une bibliothèque : chaque information à sa place. Vous pourrez ainsi retrouver facilement les informations dont vous avez besoin au moment opportun.

Méthodes de travail : comment appliquer ces trois principes (associations, images et localisation) à vos stratégies d’apprentissage ?

  • Sollicitez véritablement votre mémoire quand vous apprenez : faites l’effort de vous remémorer un contenu quand vous souhaitez vous entraîner à le mémoriser.

Vous avez peut-être l’habitude de relire un grand nombre de fois vos cours pour vous les mettre en tête. Quand vous refaites des exercices, vous consultez immédiatement la correction dès que vous ne savez plus comment procéder… En somme, vous ne laissez pas le temps à votre cerveau de faire progressivement revenir les informations qui vous manquent, mais que vous avez pourtant déjà vues, lues ou entendues.

Pour tirer tous les bénéfices du principe des associations, prenez le temps de mettre par écrit ce que vous savez et laissez à votre cerveau le temps de faire des liens associatifs pour faire revenir vos connaissances.

Lorsque vous révisez un contenu :

1)      Laissez de côté vos documents

2)      Notez sur une feuille blanche tout ce que vous savez

3)      Comparer seulement ensuite ce que vous avez écrit avec le contenu original afin de vous corriger

C’est à ce prix que vous solliciterez véritablement votre mémoire et que les informations s’ancreront sur le long terme.

  • Anticipez l’usage concret de ce que vous souhaitez mémoriser : face à un contenu que vous avez le projet d’apprendre, demandez-vous : ces informations me permettront de répondre à quel type de question ? Quels problèmes vais-je pouvoir résoudre en sachant cela ?

Les étudiants qui mémorisent le mieux les informations sont ceux qui envisagent d’emblée l’usage concret qu’ils vont pouvoir faire des informations.

Ce principe a de multiples conséquences sur l'efficacité d'une manière d'enseigner. Dans le cadre des cours que je donne à l'université, je peux mesurer les différences d’impact que j’ai sur les étudiants en fonction de la façon dont je leur transmets les informations :

–          Si je fais cours uniquement de manière magistrale, autrement dit, que j’explique par exemple une méthode pour faire des fiches de révision en laissant le soin aux étudiants de l’appliquer ou pas, seuls les étudiants qui ont d’emblée envisagé refaire des fiches selon la méthode présentée se souviennent de la démarche un mois plus tard.

–          Si je fais plutôt faire un exercice aux étudiants pendant la séance, en leur demandant d’appliquer sur l’instant la méthode que je leur expose, une proportion beaucoup plus significative s’en souvient un mois après.

Tous les cours ne se prêtent pas à une expérimentation immédiate. Si vous souhaitez mémoriser au mieux les informations (que ce soit en cours ou pendant que vous travaillez chez vous), il faut que vous anticipiez la réutilisation de ce que vous apprenez.

Cette démarche vous amène à tirer profit des principes d’association et de localisation : vous vous visualiser en train de réutiliser concrètement.

  • Sollicitez votre mémoire en fonction de votre profil pédagogique (pour définir votre profil pédagogique, consultez cet article) : et appuyez-vous sur vos habitudes mentales pour mémoriser.

Vous êtes d’un profil pédagogique visuel :

–          Pour mémorisez, utilisez votre capacité à revoir dans votre tête ce que vous souhaitez apprendre : photographiez les mots, les graphiques ou les formules pour vous en souvenir, et recréez l’image correspondante dans votre tête lorsque vous souhaitez vous en souvenir.

–          Plus vous créerez des images précises et multidimensionnelles (en couleur, en exagérant certains aspects, en ajoutant des informations de type sensoriel…) et plus vous vous en souviendrez longtemps.

–          Si vous avez à mémoriser une information de type verbal (écrite ou orale), traduisez-la d’abord en information visuelle. Par exemple : vous devez mémoriser une définition ? Transformez-la en schéma, utilisez des couleurs et entraînez-vous à la visualiser dans votre tête.

Vous êtes d’un profil pédagogique auditif :

–          Pour mémoriser, utilisez votre capacité à vous redire dans votre tête ce que vous souhaitez apprendre : lisez un texte et entraînez-vous à vous le redire dans votre tête. Lorsque vous aurez besoin de l’information correspondante, vous vous reformulerez les phrases du texte pour vous en souvenir.

–          L’usage de concepts ou de mots-clés peut s’avérer très utile pour limiter le nombre d’informations nécessaires à mémoriser : beaucoup de mots (liaison, conjonctions de coordination…) ne jouent en effet aucun rôle dans la mémorisation. Vous souvenir des principaux mots-clés d’un texte vous permet le plus souvent de retrouver les phrases entières, par association.

–          Si vous avez à mémoriser une information de type visuel (formule, graphique…), traduisez-la d’abord en informations auditives. Par exemple : vous devez mémoriser une formule ? Transformez-la en une explication claire et précise (définissez terme à terme chaque symbole pour être sûr de bien le comprendre).

Vous êtes d’un profil pédagogique kinesthésique :

–          Pour mémoriser, utilisez votre capacité à vous souvenir de ce que vous pratiquez : c’est lorsque vous êtes actif que vous mémorisez le mieux. En conséquence, mettez-vous en scène quand vous apprenez : faites des fiches de révision ou des mind maps, récitez vos leçons à voix haute, refaites des exercices sur un tableau, expliquez un contenu à un ami, etc. Souvenez-vous que c’est le fait de FAIRE tout cela qui va stimuler votre mémoire : vous vous souviendrez de la démarche pour réactiver les informations.

–          Tirez au maximum profit des séances de travaux pratiques et de travaux dirigés, c’est dans ce cadre où votre participation est requise que vous pourrez le mieux exploiter votre tendance naturelle à comprendre et mémoriser ce que vous pratiquez de manière active.

–          Vous pouvez également observer d’autres que vous « faire » (un exercice, une dissertation, un raisonnement…). Vous mémoriserez la démarche pour être capable de la reproduire.

Ces différentes démarches vous amènent à tirer profit du principe des images et des associations. Elle peut également s’appuyer sur le principe de localisation si vous créez des images mentales qui donnent des informations complémentaires y afférant.

 

2-      Le smaschin’scope de la mémoire

Dans son ouvrage Une tête bien faite, Tony Buzan présente le Smachin’scope. Cet acronyme permet de retrouver facilement les 12 procédés mnémotechniques qui permettent d’aider votre mémoire en matière d’associations, d’images et de localisations.

1)            Sensualité : nous nous souvenons mieux des informations qui sont rattachées à des informations sensorielles multiples (goût, odorat, vue, toucher, ouïe…).

2)            Mouvement : il s’agit de la mémoire dite « kinesthésique ». Nous conservons également le souvenir des gestes que nous effectuons.

3)            Association : la mémoire fonctionne par liens et associations. Plus nous avons d’informations stockées en mémoire, plus nous avons de possibilités de faire des liens avec de nouvelles et donc d’augmenter notre pouvoir de mémorisation.

4)            Sexualité : un sujet dont nous nous souvenons tout particulièrement.

5)            Humour : nous avons tendance à mieux nous souvenir des informations transmises avec humour.

6)            Imagination : lorsque nous faisons preuve d’imagination, nous nous approprions les informations d’une manière qui nous permet d’exploiter notre personnalité, ce qui favorise la mémorisation.

7)            Nombre : associer une information à un nombre augmente le degré de mémorisation de l’information.

8)            Symbole : remplacer une information par un symbole favorise également sa mémorisation.

9)            Couleur : les couleurs associées aux informations attirent l’œil et permettent de hiérarchiser les données à retenir.

10)         Ordre : il s’agit d’ordonner les informations selon une certaine logique.

11)         Positif : nous avons tendance à mieux nous souvenir de choses agréables.

12)         Exagération : le fait d’exagérer une information nous amène à mieux nous en souvenir.

Ces 12 principes peuvent être utilisés pour créer les images mentales (visuelles ou auditives) les plus à même d’être mémorisées : faites preuve d’humour, utilisez des couleurs, associez les informations entre elles, numérotez les informations, utilisez des symboles, etc.

Les fiches de révision sont le lieu privilégié d’exploitation de tous ces moyens mnémotechniques : vous verrez que vous vous souviendrez bien mieux et plus longtemps des fiches que vous aurez élaborées en suivant ces différents principes.

Tony BUZAN a en plus de cela inventé un outil incroyable afin d’utiliser au mieux tous ces procédés : les Mind maps (dont je propose une présentation ici).

Il est essentiel de prendre conscience que la mémoire et la créativité fonctionnent de concert : améliorer vos compétences dans l’une et vous améliorerez vos compétences dans l’autre.

Attention : les systèmes de mémorisation ne sont pas des « trucs ». Plus les méthodes mnémotechniques sont pratiquées, plus la mémoire naturelle et normale se développe.

 


[1] Cette présentation s’appuie sur le livre Booster votre mémoire de Tony BUZAN.

 

 

 

 

 

 

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