Anne Soto-Mayor intervient (tout comme moi) dans une école d'ingénieurs pour "aider les nouveaux étudiants à s'adapter aux exigences des études supérieures". Lorsque nous nous sommes rencontrées au détour d'une réunion inter-écoles, nous avons immédiatement constaté combien nos approches étaient à la fois proches par l'esprit et complémentaires par les moyens.
Pour nous, un projet d'études prend progressivement son sens à la fois parce qu'un étudiant se sent à sa place dans le cursus qu'il a choisi (= projet professionnel) et parce qu'il est au clair avec les ressources qu'il doit mobiliser pour comprendre les enseignements, les mémoriser en se projetant dans un projet qui le motive et réfléchir efficacement en situation d'examen, et ensuite sur le terrain professionnel.
Anne a construit des stratégies d'accompagnement extrêmement pertinentes pour accompagner les étudiants dans la définition de leur projet. J'ai pour ma part centré mon intérêt sur les stratégies d'apprentissage.
Mais les deux aspects sont complémentaires et interdépendants. Nous avons donc choisi d'articuler nos deux approches pour proposer une formation complète et en accord avec nos compétences et convictions.
Afin que vous puissiez faire sa connaissance et appréhender un peu plus précisément sa démarche, j'ai demandé à Anne de se présenter. Elle vous décrit ainsi son parcours, ses talents et l'esprit dans lequel elle accompagne les personnes qui la sollicitent dans le cadre de Fabrique de soi.
Anne SOTO-MAYOR
Animatrice de la journée de formation "Choisir sa voie en appui sur ses talents et motivations"
Mon parcours
Je suis née en 1964 à Bâle, en Suisse allemande, où dès ma petite enfance j’ai navigué entre deux langues et deux cultures. S’il fallait résumer mon enfance en quelques mots : équilibre, bonne humeur, joie de vivre, envie d’apprendre, soif d’aventure et de découverte.
A l'âge de 16 ans, je suis partie vivre une année à Minneapolis (Etats-Unis) où j’ai partagé la vie d'une famille américaine et intégré la Blake Highschool en tant que Senior. Non contente d'être trilingue – français, allemand, anglais- j’ai choisi d'étudier la langue et la civilisation chinoise à l'Institut des Langues Orientales de Paris pour satisfaire ma curiosité, mon envie de découvrir d'autres cultures et modes de communication.
Tout de suite après mon bac, je m’étais inscrite en faculté de médecine. C’était pour moi une vraie vocation, cultivée pendant des années. J’avais envie de soigner les gens, leur porter de l’attention, les soulager, leur donner du courage, faire le bon diagnostic.
J’ai assisté à une opération, fait un stage infirmier pendant deux mois auprès de personnes atteintes de tétraplégie, j’ai lu pleins de choses sur la médecine chinoise et sur l’ayurveda, très sensible à leur approche globale du corps / de l’esprit humain. Tout concordait à confirmer ma vocation. Il n’y a qu’une chose que j’ai omis de regarder en face : le fait que la médecine occidentale repose avant tout sur une logique scientifique.
Bref, je me suis sentie enfermée dès les premiers jours en cours de physique, botanique et biochimie…surtout quand j’ai réalisé qu’aucune matière concernant l’aspect humain n’était au programme avant plusieurs années. C’était tellement aux antipodes de ce que j’avais imaginé, que je n’ai pas réussi à ouvrir un manuel et à me mettre à travailler pendant trois semaines. Délai au bout duquel j’ai décidé d’abandonner (je ne fais jamais les choses à moitié, j’ai besoin de me reconnaître dans ce que je fais).
Me retrouvant sans rien au mois de novembre, j’ai postulé chez Swissair qui recrutait alors des hôtesses de l’air à la saison : un job d’étudiant en or qui m’a fait goûter à l’indépendance et permis d’aider au financement de mes études, tout en voyageant pendant 4 mois de l’année. A défaut de soigner des patients, j’ai pris beaucoup de plaisir à être aux petits soins pour mes passagers.
Puis, j’ai intégré la fac, sans autre critère de choix que de suivre mon instinct et de privilégier les matières qui m’intéressaient : j’ai commencé avec l’histoire, sciences politiques et le chinois et me suis très vite décidée pour ce dernier domaine. J’aime les langues, découvrir la façon dont elles sont construites, décoder leur logique, comprendre la symbolique d’un caractère chinois ou trouver les liens qui existent entre différentes langues. Sans oublier, que j’adore les jeux de mots.
J’ai débuté ma carrière à l'international en intégrant la division Pays de l'Est et d'Asie du Groupe Yves Rocher où j’ai eu pour mission de développer la marque et les magasins Yves Rocher d'abord en RDA, puis en Yougoslavie, en Chine, au Vietnam et en Inde. Une aventure unique aux côtés d’un homme exceptionnel, vice-président visionnaire chez Yves Rocher et animé d’un grand esprit entrepreneurial. Il nous a fait confiance, laissé un très grande marge de manœuvre. Il exigeait simplement que nous parlions la langue des pays dont nous avions la charge et m’a donc fait donner des cours intensifs de serbo-croate pour pouvoir communiquer avec un client important !
J’ai opéré dans des conditions peu orthodoxes où il a fallu faire preuve d’un très grand sens de la débrouillardise pour ouvrir des boutiques Yves Rocher dans des pays où la monnaie n’était pas convertible, mettre en route des sociétés mixtes pour fabriquer des parfums ou former des vendeuses dans des pays qui commençaient à peine à s’ouvrir.
Pour étoffer ma vision des grands enjeux économiques mondiaux et approfondir mes connaissances en matière de management, j’ai éprouvé le besoin d’en apprendre plus. J’ai obtenur mon MBA de l'INSEAD en décembre 1993. Parallèlement, j’ai connu la joie d'être pour la première fois maman et suis devenue jongleuse professionnelle entre les biberons, les horaires de la nounou, de nombreuses sessions imprévues de travail en groupe et l’envie de profiter de toutes les possibilités offertes par cette école où étudient des gens venant du monde entier.
Au sein du groupe Schindler – ascenseurs et escaliers mécaniques – j’ai mis en application mes acquis en matière de conduite de changement aux côtés du directeur général, et ai initié une démarche d'évaluation de la satisfaction clients.
En 1996, notre petite famille (nous étions quatre entre temps), s'est installée à Troyes. J’ai saisi l’opportunité d'une création de poste à l'international chez Petit Bateau pour diriger son développement sur une zone comprenant les filiales allemandes et suisse, mais aussi la Scandinavie l'Europe de l'Est. Au-delà de la redéfinition des stratégies de distribution, de l'implantation de la première boutique Petit Bateau à Berlin, j’ai pu prendre la mesure de l'importance, pour la bonne performance d'une entreprise, d'une bonne communication entre les différentes cultures dans lesquelles elle opère. Je me suis retrouvée à faire le lien entre elles.
Avec l’arrivée de notre troisième enfant en 2001, j’ai donc tout naturellement amorcé un changement de carrière en animant des séminaires aux côtés de Jacques Pateau et de son réseau de consultants spécialistes de la communication et du management interculturel. J’y ai notamment animé des séminaires de team-building chez Aventis, issue de la fusion de Hoechst et de Rhône Poulenc.
De fil en aiguille, j’ai aussi développé une activité de formation : marketing et stratégies de développement international, gestion de projets, puis marketing emploi pour cadres en recherche d'emploi.
Le poste de responsable de la formation continue au sein d'un organisme régional situé à Troyes m’a permis de me familiariser avec le tissu économique local. Chargée de faire le lien entre les besoins des 500 entreprises clientes et un réseau de formateurs pouvant répondre à leur demande, j’ai éprouvé un intérêt croissant pour la formation des adultes et le levier qu’elle représente en matière de performance et de motivation.
Fin 2006, j’ai assisté à un atelier dédié à la création d'entreprise au féminin organisé par la déléguée au droit des femmes et de l'égalité basée dans l'Aube. Avec Christine, une amie, alors responsable RH chez Petit Bateau, j’ai senti toute l'énergie positive qui s'est dégagée lors de cette réunion à laquelle une quarantaine de femmes ont participé. Neuf mois plus tard, l'association 'Créez comme elles' a vu le jour. Notre réseau compte aujourd'hui plus de 110 femmes chefs d'entreprise et porteuses de projet.
Avec 'Créez comme elles', nous avons touché à une nouvelle dimension du fonctionnement en réseau, intégrant la dimension féminine à part entière. Fondée sur des valeurs humaines fortes, l'association s'inscrit dans la proximité de ses membres et dans la prise en compte de la vie des femmes qui en sont membre dans leur globalité – équilibres de vie, développement et épanouissement personnel, conduite du changement y ont toute leur place. Les nombreuses activités déclinées au sein de l'association visent toutes à favoriser l'ouverture d'esprit et la confiance nécessaire à la réalisation des ses projets personnels et professionnels.
J’ai découvert un peu par hasard (mais en est-ce vraiment un ?) le « Personal Branding » en faisant une recherche sur internet. Béatrice Cuvelier auprès de qui j’ai eu le privilège de me former a su lui donner une dimension bien plus profonde que la gestion de son image numérique à laquelle on le cantonne souvent. Il s’agit d’un processus permettant de révéler et exprimer sa marque personnelle. Il allie des outils de développement personnel et de communication. Cela m'a permis de mettre l’expérience acquise dans le développement d’une marque au service du développement professionnel et personnel.
En 2009, j’ai créé mon entreprise Fabrique de Soi. J’invite mes clients à se mettre en mouvement pour un construire leur parcours en déroulant le fil de leur unicité. Mon activité peut être comparée à trois métiers : la sage-femme qui accompagne en insufflant de l'énergie positive, le metteur en scène qui incite à sortir du cadre et crée des moments déclic, la tisseuse de liens qui aide à matérialiser un projet en ouvrant les perspectives, le champ des possibles.
Depuis, 2012, j’ai intégré à ma palette la cartographie Map-Up et la « Topologie des talents » qui vous révèlent vos motivations profondes et logiques de fonctionnement optimal. La Topologie des Talents s’avère un outil très intuitif et parlant pour appréhender les problématiques de communication et de cohésion d’équipe.
Je pratique aujourd’hui en quelque sorte la médecine dont je rêvais. Je retrouve tous les ingrédients qui me tenaient à cœur et peux transmettre la force sereine, la confiance et la crédibilité qui résultent du sentiment d'être à sa juste place. Travailler la prise d’appui sur ses talents et motivations profondes permet de découvrir une puissance nouvelle pour aborder toutes les étapes de son parcours ainsi que l’interaction avec les autres.
Mes talents moteurs :
Maximisation : je repère tout ce qui a du potentiel, les « perles rares », la possibilité de réussir, même si elle n’est qu’infime. Je préfère travailler mes forces plutôt que mes faiblesses, car je sais que j’ai plus de chances d’atteindre ainsi l’excellence. J’aime travailler avec des gens que j’admire, ou des gens dont je sens qu’ils ont en eux des trésors cachés. Je m’engage à fond et me donne les moyens de mes ambitions.
Individualisation : je m’intéresse à ce qu’une personne a d’unique, de particulier, aux circonstances particulières dans lesquelles elle évolue. Je sais détecter les besoins de mes interlocuteurs. J’adore apporter une touche personnelle à une relation. Une attention personnelle est pour moi un cadeau.
Idéation : j’ai la tête en ébullition, pleine d’idées. Je fais tout le temps des liens entre ces idées, les personnes et les événements dans ma vie. Du coup, c’est un bonheur d’avoir eu l’idée de mettre telle ou telle personne en relation avec une autre. J’aime les concepts. Je vois tout de suite ce qui manque pour créer un tout harmonieux et cohérent (et avec maximisation, le petit plus qui pourrait faire la différence…). J’y suis tellement sensible que je ne lâche pas prise avant que tout soit au clair et aligné dans ma tête.
Studieux : un talent qui se caractérise par mon insatiable envie d’apprendre et de découvrir de nouvelles choses et aussi le goût de l’aventure. C’est le plaisir d’apprendre qui m’anime, plus que l’envie d’approfondir ou de devenir une experte en la matière. Au risque de m’éparpiller ou de me lasser trop vite, je m’efforce aujourd’hui de canaliser cette envie. J’ai longtemps préféré le mot ouverture au mot studieux, mais je dois avouer que quand je m’y mets et que le sujet m’intéresse, je veux aller jusqu’au bout et ne compte plus mon temps.
Positivité : tout simplement le fait d’être de bonne humeur, de percevoir la beauté de la vie, pouvoir s’extasier devant de petites choses, aimer sourire ou faire sourire, être optimiste et plein d’énergie, savoir saisir une opportunité, y croire, avoir le don d’entraîner les autres, de leur montrer que c’est possible,…
Personnalité professionnelle en Topologie des talents : Artisan inspiré
Artisan : du latin ars (disciplines d’études libérales)
Illuminé : du latin illuminare (éclairer, orner, mettre en lumière, rendre illustre)
Je suis animée par l’envie de concrétiser les idées auxquelles je crois et trouve de la satisfaction à faire le lien entre les gens qui créent des concepts et les gens qui les mettent en œuvre sur le terrain. J’ai besoin de transmettre ce que je porte, de mettre les gens en mouvement. J’aspire à réaliser des choses concrètes dans lesquelles on reconnaîtra ma personnalité. Je m’y implique personnellement. Il faut que je me sente motivée par ce que je fais. La liberté d’interprétation, la possibilité de créer en autonomie, pouvoir mettre ma touche personnelle sont indispensables à mon mode de fonctionnement. Je déborde d'inspiration et suis toujours prête à me lancer dans la construction de nouveaux projets. Je n’aime pas ce qui est éphémère ou superficiel, j’ai besoin de perspectives dans la durée, mais le mot optimiser m’ennuie.
Retrouvez nos formations sur le site heleneweber.org
Dommage qu’elle ne soit pas en Charentes-Maritime. Cela m’aiderait bien 😉
whaou..super article… merci Hélène de l’avoir publiée !!!
Merci Coralie et Céline pour vos retours enthousiastes !