Comment permettre à un élève/étudiant d’améliorer ses capacités de compréhension et de réflexion ?

Voici un extrait de mon site capsule.donnezdusens.fr dans lequel je propose des outils d'accompagnement aux enseignants et aux parents. 

Les différentes activités qui composent cet atelier ont pour objectif d'amener vos élèves, étudiants ou enfants à améliorer leurs capacités de compréhension et de réflexion.

Objectifs :

– Prendre conscience des freins qui nous empêchent de nous approprier sereinement de nouveaux savoirs et savoir-faire

– Comprendre ce que "comprendre" et "réfléchir" veulent dire

– Identifier quelles sont les questions à se poser pour avoir une compréhension approfondie d'un contenu

– S'approprier une technique de réalisation de fiches de révision qui permet d'améliorer ses capacités de réflexion face à un problème

Activités :

1) Activité n°1 : L'objectif de la première activité est d'amener l'élève à prendre conscience d'un obstacle à la compréhension mis en évidence par le pédagogue Serge Boimare : la difficulté à supporter ce qu'il nomme "le temps de suspension". 

Le temps de suspension correspond à ce temps de l'apprentissage où l'on ne sait pas encore : il faut se questionner, chercher, faire une, voire plusieurs tentatives, se tromper et persévérer, jusqu'à ce que l'objet étudié prenne progressivement sens, que les réponses gagnent en clarté et/ou que le savoir-faire visé soit maîtrisé. 

Lorsque ce travail d'apprivoisement est vécu comme une obligation de devoir se soumettre à des règles vécues comme insupportables et que l'on n'a pas encore suffisamment appris à supporter la frustration, ce processus s'accompagne de sensations extrêmement désagréables, le vécu d'impuissance étant sûrement le plus douloureux de tous.

Amener l'élève à prendre conscience de ce phénomène et à nommer les émotions qui l'accompagnent permet l'apaisement des tensions internes. En cas contraire, celles-ci peuvent se révéler si prégnantes qu'elles produisent des effets particulièrement préjudiciables :

– Lorsque l'agressivité générée par le vécu d'impuissance (= je n'y arriverai jamais, je suis nul) est retournée contre soi, elle provoque de la déprime, de la résignation, voire de la dépression. Dans le cadre scolaire, l'élève est triste, passif, pessimiste, absent et/ou renfermé.

– L'agressivité peut également être retournée vers les autres (camarades, parents et/ou enseignants). Ce sont alors les autres qui sont nuls et incapables. Et ce sont bien souvent eux, en tant que gardiens de la règle, qui sont vécus comme étant les agresseurs. Dans le cadre scolaire, l'élève peut adopter une attitude hostile, insolente, menaçante ou perturbatrice vis-à-vis de ceux qui se revendiquent comme étant les garants du cadre et des limites à ne pas dépasser.

Si parmi vos élèves, certains se trouvent particulièrement aux prises avec le vécu d'impuissance, qu'ils luttent contre celui-ci de manière auto ou hétéro-agressive (= agressivité tournée vers eux-mêmes ou vers les autres), cette activité leur permettra de mettre des mots sur ce qu'ils vivent au plan interne lorsqu'il s'agit de se confronter aux difficultés qui accompagnent la plupart du temps un processus d'apprentissage.

Proposez à l'élève d'entourer sur la feuille "Les signes du stress" les symptômes qui le concernent.

Demandez-lui ensuite quels sont ceux qu'il éprouve spécifiquement lorsqu'il est confronté à une difficulté d'apprentissage. Il peut réaliser l'exercice en repensant à une situation particulière qu'il a recontrée dans le cadre scolaire et vous la raconter. 

Les signes du stress répertoriés dans ce document mettent en évidence toute la palette des émotions et des différents vécus qui accompagnent la confrontation à l'impuissance : agressivité retournée contre soi (déprime, absence de désir, perte de sens…), agressivité retournée contre autrui (colère, conflits…) et les dérèglements physiques et psychologiques du stress généré (insomnies, maladies, addictions…).

La mise en évidence de ces symptômes permet de mesurer avec l'élève à quel point il a besoin ou non que ses besoins psycho-affectifs soient pris en compte dans le cadre du processus d'apprentissage. En fonction de la gravité des symptômes, il peut s'avérer nécessaire de l'orienter vers des professionnels spécialisés : médecin, infirmière, psychologue.

De votre place de pédagogue, un dialogue avec l'élève permettra de mettre à jour de quelle façon le processus d'apprentissage contraint à devoir apprivoiser le vécu d'impuissance et la frustration de ne pas obtenir tout tout ce que l'on désire immédiatement.

Apprendre suppose d'intégrer et d'accepter de nouvelles règles (règles de grammaire, règle d'orthographe, règle de calcul, etc.) et de savoir remettre à plus tard la satisfaction de certains désirs ou besoins. cela demande d'intégrer qu'apprendre prend du temps et demande de persévérer dans l'effort. 

N'oubliez pas que bien souvent, mettre des mots sur les freins et les causes de résistance permet de réamorcer l'envie d'apprendre. Cette première activité poursuit cet objectif.

 

2) Activité n°2 : L'objectif de cette deuxième activité est d'identifier les questions ouvertes qui permettent de donner du sens à un contenu d'informations. Car c'est le questionnement critique qui permet de "saisir par l'esprit" des données qui nous sont, dans un premier temps, extérieures. 

Proposez à l'élève de choisir un contenu de cours sur lequel va porter l'activité, et invitez-le à répondre aux questions suivantes : quelle est la nature des informations qui composent ce contenu (dates d'évènements, règles, théorèmes, images, graphiques…) ? A quel type de question ce contenu permet-il de répondre ? Quel type de problème permet-il de résoudre ? 

Prenons l'exemple suivant : l'élève doit apprendre à positionner un point sur un repère. 

Avant de mémoriser les règles qui permettent de positionner un point sur un repère, demandez-lui à quoi cela peut bien servir. Et envisagez conjointement une ou plusieurs applications concrètes de ce savoir-faire dans la vie réelle.

Par exemple, imaginez que vous souhaitiez accrocher un tableau dans votre salon à un endroit précis. Comment transmettre à la personne chargée d'accrocher ce cadre où planter son clou si vous devez lui communiquer l'information précisément et par écrit ?

Voici les cinq questions qui permettent de donner du sens à un contenu :

A quoi ça sert ? Envisager l'utilisation ultérieure.

C'est quoi ? Définir précisément (Quand ? Où ? Combien ? Quoi ou qui ?)

Comment ? Identifier le mode d'emploi de cette connaissance (Quelles sont les étapes ? Comment s'y prendre concrètement ?)

Pourquoi ? Repérer d'où viennent ces informations, qui les a découvertes et comment.

Avec quoi ? Associer ces informations à d'autres qui leur sont apparentées (Dans quel cours ou chapitre ces connaissances sont-elles introduites ? A quoi peut-on les relier ? A quoi nous font-elles penser ? Dans quels contextes seraient-elles pertinentes à utiliser ?)

Prenez le temps, avec l'élève, de répondre à ces différentes questions sur le contenu qu'il aura choisi.

 

3) Activité n°3 : Dans le cadre de cette troisième activité, l'objectif est d'amener l'élève à améliorer ses capacités de réflexion face à un problème. Réfléchir consiste à (re)trouver dans sa mémoire l'outil pertinent en fonction du problème à résoudre.

Par exemple, quel est l'outil (règle, théorème…) que je peux mobiliser pour accorder correctement le participe passé d'un verbe au passé composé ?

Il s'agit pour élève d'identifier le cas dans lequel il se trouve pour appliquer la règle correspondante.

De la même façon, il peut s'avérer pertinent de réaliser des fiches qui permettent d'avoir une vue d'ensemble des outils disponibles en géométrie ou en algèbre pour résoudre certains types de problème : comment démontrer que deux droites sont parallèles ? Comment déterminer la longueur du côté d'une figure ? 

L'important est d'être à même d'identifier le type de problème que l'élève est censé savoir résoudre et de repérer les outils à sa disposition pour le faire. Il convient évidemment d'avoir en tête que si l'élève n'a mémorisé aucune information, il n'aura rien à (re)trouver dans sa mémoire…

Lorsque c'est le mode d'emploi d'une connaissance qu'il s'agit de comprendre et de mémoriser, une fiche qui synthétise les différentes étapes d'utilisation de l'outil est plus adaptée. Par exemple : comment rédiger une introduction ? Comment appliquer le théorème de Pythagore ? Comment analyser une carte en géographie ? Comment analyser le sujet d'une dissertation en Histoire ? Etc.

 

Exemples de cartes mentales glânées sur internet  :

Comment déterminer le périmètre d'une figure ?

Le théorème de Thalès : C'est quoi ? A quoi sert-il ? Comment l'utiliser ?

Comment accorder les verbes au présent de l'indicatif en français ?

 

Contenus théoriques :

En s'intéressant aux élèves normalement intelligents et pourtant confrontés à d'importantes difficultés d'apprentissage, Serge Boimare, ancien enseignant de lettres, a conçu un dispositif d'accompagnement qui permet aux adolescents de se reconnecter à leur envie d'apprendre pour déployer leur potentiel.

Vous pouvez accéder à ma fiche de lecture de son ouvrage intitulé Ces enfants empêchés de penser en cliquant sur l'image :

La pédagogie des gestes mentaux, conçue par Antoine de La Garanderie, met particulièrement l'accent sur le "projet de sens" qu'un élève doit être capable de construire pour comprendre, mémoriser et réfléchir de manière efficace.

Le livre de Guy Sonnois intitulé Accompagner le travail des adolescents avec la pédagogie des gestes mentaux présente ces différentes notions de manière rigoureuse et pratique. Vous pouvez accéder à ma fiche de lecture de l'ouvrage en cliquant sur l'image :

Pour envisager comment réaliser des fiches de révision qui permettent d'améliorer les capacités de compréhension et de réflexion, vous pouvez également vous reporter à mon livre Objectif mémoire :

 

Outils :

Document "les signes du stress"

Schéma récapitulatif

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