Vous avez sûrement déjà expérimenté les écueils du travail en groupe :
– Organisation peu efficace (réunions interminables, objectifs flous, moyens de communication mal conçus…),
– Définition des rôles vagues et inégalité du travail affecté à chacun,
– Régulation des conflits inexistante,
– Gestion du temps catastrophique…
Bien souvent, nous demandons aux apprenants de travailler en groupe parce qu'ils auront à le faire plus tard dans le cadre professionnel. Nous sommes également convaincus qu'ensemble, ils iront plus loin que tout seul.
Mais en sommes-nous si sûrs ?
N'avez-vous jamais été associé à un travail de groupe qui ne fonctionnait pas dans le cadre professionnel ?
Transmettez-vous à vos étudiants les compétences transversales nécessaires à la réalisation d'un travail d'équipe efficace et serein ?
Il y a deux semaines, je vous présentais sur ce site une formation que j'avais conçue avec Alexandra Cauchard pour conduire un groupe d'enseignants à réinventer sa pédagogie, en permettant aux étudiants d'attribuer de la valeur aux contenus et activités proposés.
J'imaginais pour ma part qu'il serait intéressant de proposer aux enseignants de tester une activité qu'ils pourraient remettre en place avec leurs étudiants, dans le but de valoriser le travail en groupe.
Le "mission impossible"
J'ai choisi de concevoir un jeu auquel m'a initié Hélène Bourgeois : le mission impossible.
Le principe est de demander à un groupe de participants de réaliser une liste de plusieurs tâches en un temps limité, en tant que groupe. Vous pouvez moduler le temps imparti, la taille du groupe, les tâches à réaliser ou encore la thématique globale de l'exercice. L'important reste d'imposer une contrainte de temps ET de demander aux participants de travailler impérativement ensemble.
Voici un exemple :
Dès que l'exercice est lancé, les participants ne peuvent plus vous poser aucune question. Ils doivent se débrouiller entre eux et trouver eux-mêmes des solutions aux problèmes et difficultés qu'ils rencontrent.
Cet exercice a selon moi deux grands intérêts :
1) Ce qui se passe au cours de l'exercice chronométré est ensuite discuté. On prend le temps ensemble d'échanger après-coup : comment avez-vous vécu l'exercice ? Comment avez-vous contourné telle ou telle difficulté (ou pas) ? Etc.
Il s'agit de prendre le temps de réfléchir à ce qui s'est passé pour chacun, afin de mettre en évidence ce qui a fonctionné ou non et ce qui pourrait être fait différemment une prochaine fois.
Lorsque vous proposez cette activité pour introduire une nouvelle notion, vous pouvez ensuite mutualiser les réponses apportées par les différentes équipes pour que chacun évalue celles qui lui apparaissent les plus pertinentes (avant que vous apportiez vous-même des éléments complémentaires).
Vous pouvez également fournir une grille d'évaluation et demander à chaque équipe d'évaluer les réponses proposées par une autre équipe. Ou encore demander à chaque équipe de s'auto-évaluer et de préparer en même temps une liste de questions auxquelles ils n'ont pas su répondre…ces questions pourraient donner lieu à des recherches, à des exercices complémentaires, ou à autre chose encore en fonction des objectifs pédagogiques que vous poursuivez avec vos élèves.
2) Il est important de choisir des activités diversifiées concernant les intelligences mobilisées chez les participants. Pour ce faire, je me suis appuyée sur la théorie des intelligences multiples d'Howard Gardner, afin de concevoir huit activités qui correspondent aux huit intelligences définies par cet auteur.
Surtout, ne prenez pas ce modèle pour un cadre rigide. Vous pouvez tout à fait prévoir cinq activités seulement, ou trois ou même dix. Gardez simplement à l'esprit que plus vous permettrez aux participants d'exploiter des intelligences variées, plus il y aura de chances que tous se sentent concernés et aient le goût de participer.
Nous n'avons pas tous développé les mêmes compétences. Cet exercice permet à chacun de mettre en valeur ce qu'il sait et aime faire à un moment ou à un autre, et de s'appuyer sur les compétences des autres. Cela permet ainsi de mettre en évidence le potentiel de l'intelligence collective, lorsque les forces conjuguées des membres d'un groupe facilitent l'atteinte des objectifs que l'on s'est collectivement fixés.
Les enseignants qui ont conçu un "mission impossible" autour de moi ont obtenu un engagement très positif des participants auxquels ils l'ont proposé. Je pense par exemple à une enseignante d'anglais (tous les exercices demandaient aux élèves de mobiliser leurs compétences en anglais) ou à trois autres de français (elles avaient conçu un mission impossible sur le thème de l'extraordinaire, un sujet au programme du BTS).
Un "mission impossible" sur le thème du travail en équipe
J'ai donc conçu un MI sur un thème spécifique, afin de l'utiliser comme moyen d'introduire toutes les questions que l'on doit se poser pour travailler en groupe de manière efficace.
Effectivement, (comme me l'a fait remarquer une internaute il y a deux semaines), cet exercice ne conduit pas à envisager les "solutions", mais à poser les "problèmes" et les enjeux.
Il s'agissait d'un exemple dans la formation où je l'ai proposé, qui n'avait pas pour objectif de former les participants au travail en équipe de manière spécifique. Pour exploiter tous les exercices proposés, il aurait fallu beaucoup plus de temps.
J'ai néanmoins creusé un peu la question et lu des ouvrages qui m'ont été très utiles pour concevoir un schéma sur le thème "pour un travail d'équipe efficace" et un jeu de classement qui permet d'identifier le rôle que l'on préfère jouer au sein d'une équipe.
Je les partagerai avec vous la semaine prochaine.