Quand je travaillais en école d'éducateur, l'un de mes collègues formateur me disait que le plaisir d'enseigner résidait pour lui dans cette capacité à bouleverser les représentations des étudiants jusqu'à leur donner le vertige.
Chacune de ses séquences d'enseignement débutait par un état des lieux de ce que ceux-ci "pensaient vrai et juste". Il laissait le débat avoir lieu pour que chacun puisse se faire son idée sur la thématique du jour, accueillant les arguments des uns, revendiquant sa propre opinion, discutant celle des autres.
Et puis, il élargissait le cadre du débat. Il apportait des chiffres, des résultats d'expériences et d'enquêtes, son propre vécu sur la question…
Voici je crois l'un de mes plus grands bonheurs en ce qui concerne l'enseignement des sciences humaines et sociales : partir du principe que rien n'est acquis, ni certain, ni balisé d'avance. En tant que psychologue, chaque nouvelle personne que je rencontre en entretien m'amène à remettre en question ce que je pensais savoir… Chaque cours est l'occasion d'accueillir des critiques de la part des étudiants qui, même si elles font parfois mal, sont toujours l'occasion de belles remises en question.
Le psychanalyste anglais Winicott a dédié l'un de ses ouvrages de la manière suivante : "je remercie mes patients, qui ont payé pour m'instruire". J'aimerais également remercier mes patients et mes étudiants pour tout ce qu'ils me donnent à penser, à inventer et à réinventer jour après jour. Car en ce qui me concerne, je ne sais pas si je donne "le vertige" à mes étudiants dans le cadre de mes cours, mais eux me le donnent assurément.
Tout comme cette vidéo, qui est à l'origine de cet article.
Elle est en anglais donc je vais en faire une brève présentation (même si vous n'êtes pas très à l'aise en anglais, je trouve que les schémas explicatifs sont très parlants) :
L'auteur rapporte les résultats d'un sondage réalisé auprès de 5000 américains à partir de la question suivante : comment pensez-vous que la richesse du pays est répartie entre tous les américains ?
Un premier schéma montre d'abord ce que les personnes interrogées croient être l'état actuel des choses…un deuxième schéma rend ensuite compte de la répartition de la richesse jugée idéale par les mêmes personnes…un dernier schéma indique ensuite ce qu'il en est vraiment…
Moi, cela m'a donné le vertige…et vous ?
Bonsoir,
J'ai lu et regardé ce nouveau sujet sur ce que l'on croit, ce que l'on souhaite…et la réalité dès sa publication (mais n'ai pas eu le temps d'y ajouter mon expérience tout de suite) et… J'ai trouvé votre expérience très intéressante notamment du fait que je la partage entièrement, celle de se "nourrir" de ce que l'on voit, et surtout de ce que l'on
entendécoute !Et j'ai aussi envi de prendre l'exemple de mon parcours scolaire puis universitaire. Un des plus grands bouleversements dans la vie d'une personne est qu'elle s'aperçoive petit à petit qu'elle n'est pas toute seule. J'ai été dans une école primaire assez petite, une centaine d'enfants, puis dans un collège plus grand d'environ 600 élèves, par suite dans un lycée très grand : 3000 élèves. Et le plus drôle dans tout ça est de savoir que tous les profs ne se connaissaient pas tous. Bref, petit à petit, on est amené à revoir nos conceptions de la vie. On ne le fait pas sciemment à cet âge-là, mais, a posteriori, on se rend compte que ça a affecté notre parcours. Bon, j'ai toujours été perçu comme un peu bizarre, ça, ça n'a pas changé. 😉
Mais, la perception que l'on a envers ces gens bizarroïdes aux comportements assez extrêmes évolue avec l'âge. Et avec l'âge, les différents comportements que l'on a pu avoir avec moi (ceux des enfants mais aussi des adultes) ont fait ce que je suis aujourd'hui (et surtout comment je ressens les choses aujourd'hui).
Et finalement, je continue mon petit bonhomme de chemin et j'arrive à l'UTT. Sur le campus, seulement 1500 étudiants, et encore. Je ne connais alors plus l'ambiance "tassé" en bas des bâtiments pendant les poses de 10h et de 16h.
Mais, c'est enfin (parce que je l'attendais ce monde-là !) à l'université, dans le supérieur, que l'on se rend compte de toute les possibilités que l'on peut être amenés à envisager (alors qu'au lycée c'est encore trop flou). Entre parenthèse, c'est peut être aussi pourquoi il y a autant d'étudiants "pommés" dans des secteurs qui ne leur correspondent pas.
Ca, c'est ce que j'ai ressenti au niveau personnel : enfin, je me projette dans un avenir que je souhaite voir venir, celui où je suis maitre de mon destin. (J'idéalise peut être un peu trop mais ce n'est pas si loin de la réalité. :s)
Je pense sincèrement que l'on construit sa faculté de penser et de juger dans l'"extrême". Je m'explique. Un fait divers a beau être sordide ou quoi que ce soit, ça reste un fait divers, en général lointain de notre existence, et sans grande importance (je reviendrais sur un fait divers par la suite). On ne s'en préoccupe pas, ce n'est pas la "nourriture du peuple" mais presque !
En revanche, ce sont tous les faits que l'on juge assez radicaux face à notre propre façon de penser qui nous poussent à changer notre vision du monde. Typiquement, je suis arrivé à l'école primaire plutôt solitaire. Mais ça ne me dérangeait pas forcement. C'était comme ça. Et puis, j'ai quand même fini par me trouver des amis, dont un, tunisien, avec qui je garde beaucoup de contact. A cet âge-là, on ne se rend pas compte de ce que l'on est en tant qu'être humain dans une population d'individu. Mais c'est surement grâce à cette rencontre, que j'ai pu développer un point de vue ouvert sur les étrangers (Ôh, malheureux chinois qui se font martyrisés à l'UTT ! – on se plaint de leur "non-intégration" mais vu la manière dont certains les reçoivent, je ne trouve pas ça très étonnant…). Bref, j'ai aussi eu un autre ami à l'école primaire, avec qui j'ai passé d'excellent week-end dans mon jardin ou dans le sien. 🙂 Ces deux personnes ont joué un rôle important dans mon enfance.
Quelques années plus tard, au collège, j'apprends que l'un d'eux est raciste (pas le racisme anti-blanc hein… c'est bien l'autre dont je parle !) Au début je ne le croyais pas, mon ami ne pouvait pas l'être puisque c'était mon ami. (Que l'on est naïf à cet âge-là !) Et c'est à partir de ce genre de fait que l'on est obligé de repenser le monde. A cette époque je n'en avais pas conscience : c'est un élément qui m'a pemis d'être autant ouvert d'esprit.
Dans son enfance, on n'a beaucoup d'évènements de ce type. On n'y fait pas attention, ce n'est pas dans nos préoccupations. Mais plus tard, au lycée…
Au lycée, et ici à l'UTT, j'ai appris à me faire un jugement et tirer le plus d'éléments profitables possibles à propos de tout : sur les rapports humains bien sûr, mais aussi et surtout sur la conception que l'on a de la vie ! Et à ce propos, je discute beaucoup, ici, avec un ami à l'UTT. Nous avons des points communs mais aussi une multitude de différences. Notamment sur la faculté de juger. Personnellement, j'attache énormément d'importance à la forme plutôt qu'au fond (c'est d'ailleurs peut-être ce qui contribue à faire de moi un éternel psychorigide) ; alors que lui ne se concentre quasi exclusivement que sur le fond. Nous avons souvent des discussions sur des sujets de tous les jours. Et finalement, ce qui est extraordinaire, c'est que l'on arrive exactement aux mêmes conclusions.
J'ai habituellement des "sujets de réflexion" selon les périodes auxquelles je me rapporte (par exemple ces derniers temps, ce fut sur l'enseignement et la pédagogie – le fameux "qu'est ce qu'est pour vous un bon prof ? d'APP1" – qui dériva ensuite sur l'autorité du fait de fameuses questions du CEVU à savoir pourquoi les amphis sont de plus en plus bruyant, de plus en plus vide, etc…). Et c'est assez intéressant finalement de confronter son point de vue sur ce genre de questions, et dans ce sens, on se rend compte que l'on n'a pas du tout la même façon d'appréhender les choses avec d'autres personnes ou au contraire que l'on se rejoint étrangement voire presque "intimement".
Et donc, petite anecdote en passant pour continuer de développer mon argument de l'"extrême" : une petite histoire de l'année dernière ou bien de l'année d'avant : un fait divers a priori.
Sauf que ça se passe près de chez moi.
Un pédophile avait réussi à s'évader de prison. Il a rodé dans les campagnes pendant trois ou quatre semaines. Il a agi (à l'époque) près de chez moi. A l'époque, j'étais jeune. Mais après son évasion, à ce moment-là, vous en venez à vous poser certaines questions sur ce type de personnage. On passe rapidement sur le fameux "il est fou" et on en vient au "Pourquoi lui…? Pourquoi pas un autre…? Pourquoi pas mon voisin…? Pourquoi pas mon frère…? Pourquoi pas moi…?" Parcequ'au fond, tout le monde s'entend assez bien pour dire que ces pathologies sont le reflet d'un passé (de la petite enfance jusqu'à l'adolescence). Oui mais… Pourquoi pas moi…? Pourquoi lui a eu cette enfance là et pourquoi pas moi…? Et c'est dans ces moments-là qu'on se demande le plus profondément, pourquoi la prison…? Il est comme ça, OK, ça aurait pu m'arriver. Et je sais que si ça m'était arrivé, ce serait le fruit de ce que j'ai vécu, oui mais alors, pourquoi la prison ?
C'est ce genre d'éléments qui nous font réfléchir et avoir de réelles positions dans les débats d'aujourd'hui. Bien sûr, il ne faut pas se reposer uniquement sur ce que l'on voit, ou sur ce que l'on entend. Notamment dans les domaines qui ont longuement été étudié ! J'ai eu (la chance ?) d'avoir dans mon entourage des personnes qui s'occupaient d'enfants, hélas en difficultés (dans les deux sens du terme – à la fois "académiquement" et à la fois "socialement", sans développer d'avantage). Et c'est je pense ce qui a m'a ouvert la voix de la réflexion pour la première fois : des débats sur des causes
perdues d'avancequi méritent que l'on y porte attention !En revanche, je n'ai pas été étonné par la vidéo que vous avez montrée (ée) dans ce post. C'est assez souvent comme ça. On pense qu'une situation est catastrophique et en général elle est encore pire ! Ou dans l'autre sens, on découvre une situation magnifique et elle est encore bien meilleure. Je pense que si l'on considère la population mondiale, ceux qui sont arrivés au niveau des universités françaises feront partie des 2% de la population mondiale les plus aisés. Et pourtant, on n'idéalise pas la situation à ce point.
Si on me demandait pourquoi est-ce que je raisonne comme ça. Je répondrais surement un simple "parce que j'aime ça".
Crodialement,
Maxime
Bonjour Maxime,
Je vous remercie beaucoup de partager votre expérience avec autant d’authenticité.
Comment se passe votre projet en langues dont vous aviez parlé sur un autre post ? Vos stratégies portent-elles leurs fruits ?
Je constate par ailleurs que vous avez beaucoup de choses à dire et partager. Accepteriez-vous d’écrire un article spécialement pour le blog, dans lequel vous évoqueriez votre orientation en école d’ingénieur : comment s’est décidé votre choix d’orientation ? Que pensez-vous de la formation ? Correspond-elle à vos attentes ? Qu’en est-il de votre expérience en tant qu’élu étudiant ?
A bientôt,
Hélène Weber
Bonsoir,
J'ai lu l'article que vous avez écrit sur 4h18 à propos de vos débuts en tant bloggeuse et de ce que vous attendiez de votre blog, j'ai beaucoup rigolé. Le récit est touchant.
Pour mon projet en anglais, ma foi, j'ai mis des stratégies en place, bien tardivement. J'ai commencé les flash-cards de vocabulaire de manière assidu il y a une dizaine de jours. J'ai inscrit une dizaine de mot par cartes avec leurs définitions (j'ai commencé les définitions en français et puis les ai continués en anglais). Ca avance plutot bien, toutes les premières cartes sont passées à la durée supplémentaire, voire à la suivante. Je viens juste de rajouter des cartes.
J'avais l'intention de regarder des séries / films en anglais. Ce n'est pas l'envie qui m'en manque mais plutot le temps ! Je m'étais acheté un petit livre avec des nouvelles anglaises bilingues mais les histoires ne me faisaient vraiment pas envie alors j'ai du lire deux histoires et arreter. Je me suis acheté Inheritance (4eme tome de la saga Eragon) de Paolini que j'ai déjà lu en français. Le livre me fait envie, je n'ai pas toujours le temps non plus. Cela me fait voir des structures de phrases. J'avoue que le vocabulaire du livre n'est pas celui que l'on utilise tous les jours.
A l'époque où je faisais un stage au labo de l'UTT, je lisais les infos sur google news en anglais, c'était vraiment pas mal, ça permettait de lire quelque chose, et de faire quelque chose d'utile (c'est toujours bien d'essayer de rentabiliser, et d'avoir un objectif autre que "faire de l'anglais pour faire de l'anglais"), je suivais un peu ce qu'il se passait dans le monde, et j'avais un regard différent sur la place de la France dans le monde (notamment avec le conflit au Mali). C'est vrai que le fait de ne pas avoir Internet ne m'arrange pas toujours…
Enfin, je dois dire que je suis assez frustré sur un point au niveau des cours d'anglais à l'UTT (c'est bien le seul, le reste est super !). A certains moments, sur une structure bizarre, le prof s'arrete, pose la question "why ?", attend quelques secondes et réponds "because !" et j'ai horreur de ça ! Avant l'anglais, j'ai eu beaucoup de mal à apprendre le français (je reviens vraiment de loin aussi), et je n'ai pu progresser que par la grammaire et par le fait d'avoir fait du latin pendant un paquet d'années (et un an de grec qui m'a pas mal aidé pour comprendre le vocabulaire scientifique notamment). Parce que l'on comprend pourquoi le français est aussi compliqué en faisant du latin… Tout ça pour dire que je me suis acheté un bouquin de grammaire anglaise en anglais qui doit faire un bon 300 pages ! Bon, je ne l'ai pas encore ouvert, mais ça va venir ! Il faut que je corrèle l'ouverture du bouquin avec la lecture de Inheritance au fil des structures bizarroïde que je rencontrerai.
Je pense essayer de partir dans un pays anglophone (travailler, visiter ou prendre des cours intensifs) pendant les grandes vacances. Je suis en phase de recherche pour le moment mais n'ai pas beaucoup d'idées, à la fois sur la destination, ni sur la manière de m'y prendre.
Pour ce qui est d'écrire un article, pourquoi pas. Il faut dire que j'ai eu pas mal d'échec et de bonne surprise au cours de mon cursus (collège, lycée, UTT). Ca me fait penser que j'ai lu votre post-it, a coté de votre ordinateur, s'il y est encore : une citation de Churchill (cf 4h18). C'est la deuxième fois que je rencontre cette citation. La première était au cours d'un médian, c'était la manière du professeur de nous souhaiter bonne chance.
La dernière question que vous me posez me fait sourire.
Bonne soirée,
Maxime
Bonjour Maxime,
Je vous remercie pour votre retour concernant mon article sur mon expérience de blogueuse : je voulais volontairement me moquer un peu de moi-même pour prendre du recul (et aller sereinement « d’échec en échec sans perdre de mon enthousiasme »). Je suis ravie que cela vous ai fait rire.
Pour votre projet de partir à l’étranger, pourquoi ne pas le faire dans le cadre d’un stage TN07 ? Vous pouvez trouver toutes les informations sur Moodle, avec des idées de projet : cours de langues, humanitaire, stage en entreprise…
A bientôt,
Hélène Weber
Bonjour,
J'ai commencé a écrire un petit quelque chose a propos des questions que vous m'avez posé. Ce n'est vraiment pas évident de parler de soi à la première personne ! Je suis très critique sur ce que j'écris. Je ne cesse de modifier ce que j'ai écris.
Pour un TN07, j'avais déjà regardé pour l'intersemestre dernier et puis je n'ai pas posté de candidature et n'ai pas cherché à partir. Je suis resté à l'UTT au final. C'était très bien aussi.
Postuler à un TN07 pourra au moins me servir à me motiver pour faire mes recherches, et ce n'est pas rien. Je pense que je vais remplir le premier document. C'est vrai que les deux écos que j'ai eu de cette "UV" sont très positifs. Cependant, ils avaient déjà trouvé leur stage (souvent par connaissances) avant même d'envisager faire un TN07…
Bonne soirée,
Maxime
Bonjour Maxime,
Je reconnais bien votre perfectionnisme.
Mais ne tergiversez pas trop. Je suis toujours ravie de lire vos commentaires, je ne vois pas pourquoi ce serait différent avec un article.
A bientôt,
Hélène Weber