Comment les enseignants peuvent-ils apprivoiser leur stress grâce à la communication non violente ?

Il y a un mois environ, je suis intervenue auprès d'un groupe d'enseignants venant de différents collèges sur la thématique suivante : "Gérer son stress dans le cadre professionnel".

Nous avons envisagé et réfléchi aux manifestations et aux causes de leur stress, afin de mieux comprendre les différents niveaux d'analyse du phénomène.

En quoi le stress est-il d'abord une réaction physiologique normale de l'organisme lorsqu'il doit s'adapter à un changement au sein de son environnement ?

En quoi le stress est-il également un processus cognitif qui nous conduit à évaluer une situation selon deux angles : cette situation comporte-t-elle un risque ? Ai-je les ressources pour l'affronter ?

Quels sont les facteurs déclenchants du stress dans leur cadre professionnel (discours social, contraintes institutionnelles, organisation de l'institution, conditions de travail, difficultés relationnelles, représentations, éléments de l'histoire individuelle) ?

Il est apparu que les contraintes institutionnelles mettaient les enseignants aux prises avec des contradictions prégnantes, particulièrement difficiles à maîtriser.

Nos échanges m'ont conduite à formaliser le schéma ci-dessous (déjà partagé avec vous la semaine dernière, mais je vous raconte la suite…) :

 

Cette formation a été prévue en deux temps. J'ai donc revu le groupe la semaine dernière pour une demi-journée complémentaire.

A la fin de la première journée, nous avons échangé pour mettre à jour les questions qui restaient pour eux en suspens, et pour lesquelles ils auraient aimé avoir des développements :

  • Comment exprimer ses choix sans culpabiliser ?
  • Comment développer la confiance en soi ?
  • Comment prendre du recul concernant ses difficultés et apprendre à « décrocher » ?
  • Comment mieux accepter ses erreurs et ses imperfections ?
  • Comment avoir de l’impact lorsqu’il s’agit d’imposer un cadre à une classe ?

Comme vous pouvez le constater, ces questions couvrent un large champ de préoccupations.

Après avoir longuement réfléchi à la manière d'aborder les choses, j'ai retenu comme outil la "communication non violente" formalisée par Marshall Rosenberg (chronique de l'un de ses ouvrages disponible sur le blog, cliquez sur ce lien pour y avoir accès), dont voici les grands étapes :

  1. Observer un comportement qui affecte son bien-être
  2. Réagir à ce comportement par un sentiment
  3. Cerner les désirs, besoins ou valeurs qui ont éveillé ce sentiment
  4. Demander à l’autre des actions concrètes qui contribueront à notre bien-être

L'objectif pour les participants a été d'identifier quels sont leurs besoins non pris en compte dans le cadre des situations qui les confrontent au stress, et d'envisager collectivement des demandes concrètes et positives pour améliorer leur bien-être.

Voici les trois schémas que j'ai réalisés pour guider la réflexion (vous pouvez cliquer dessus pour les afficher en grand format) :

La difficulté réside dans le fait de formuler des demandes concrètes à une ou des personnes identifiées. Lorsqu'il s'agit des élèves, du chef d'établissement ou d'un collègue, la démarche fonctionne. 

Mais que faire quand il s'agit de "l'institution" ?

Lorsque le stress est inhérent aux contradictions institutionnelles (par exemple, finir le programme tout en favorisant la réussite de tous les élèves, même ceux qui décrochent), comment et à qui adresser sa demande ?

Dans cette situation, et pour avoir une chance d'aboutir, il faut que la demande soit portée collectivement à un niveau politique (ou au moins organisationnel). 

Au niveau individuel, la première chose à faire me semble être de faire le point sur ses valeurs, afin de faire des choix en accord avec elles. 

Cette deuxième journée de formation avec le même groupe s'est très bien déroulée : les participants ont pu partager leur préoccupations avec beaucoup d'authenticité et de respect mutuel.

Je trouve que le métier d'enseignant est particulièrement difficile (mais tellement important). C'est un bonheur toujours renouvelé pour moi de travailler avec des professionnels si impliqués.

3 thoughts on “Comment les enseignants peuvent-ils apprivoiser leur stress grâce à la communication non violente ?”

  1. Bonsoir,

    je vous suis depuis un certain temps et j'apprécie beaucoup votre démarche qui rejoint complètement la voie que j'ai entreprise… J'ai particulièrement apprécié votre ouvrage Objectif Mémoire qui m'a beaucoup inspirée. La communication non violente est un outil particulièrement puissant : je l'ai découverte il y a quelques temps et j'avoue qu'elle m'a donné envie de poursuivre son parcours… Merci pour vos articles et votre démarche emplie de bienveillance… 

    1. Bonjour,

      Je vous remercie infiniment pour ce très joli message.

      Je suis allée sur votre site et je trouve votre démarche très chouette !

      A bientôt,

      Hélène

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