Mon année en Hypokhâgne, partie 2

Si vous ne l’avez pas déjà lue, vous pouvez commencer par la partie 1 : comment j’en suis venue à envisager une classe préparatoire littéraire…

J’aimerais tout d’abord partager avec vous quel était mon état d’esprit en ce début du mois de septembre.

J’avais l’impression que tout roulait pour moi. Je venais d’avoir mon bac avec une mention assez bien. Evidemment, ce n’est pas extraordinaire mais c’était surtout dû au fait que j’avais eu 8/20 en maths (coefficient 9).

J’avais eu 16/20 en philo et j’en étais très fière.

C’était bien la preuve que j’avais fait le bon choix en m’orientant en prépa.

J’avais également convaincu mes parents que je devais habiter sur Paris, pas trop loin du lycée. On nous dit très clairement au moment de l’inscription qu’il ne faut pas perdre de temps dans les transports en commun. J’habitais à ce moment-là à Fontenay sous bois dans le Val de Marne et j’ai déménagé près de Montparnasse dans une résidence étudiante.

Je partageais une chambre avec une étudiante en Histoire. Et de nombreuses filles de mon étage étaient en classe préparatoire ou en première année de médecine.

Je n’avais que quelques stations de métro pour me rendre au lycée. Ce fut d’ailleurs très pratique au moment des grèves de la fin de l’année 95, pendant lesquelles le métro fut fermé pendant trois semaines. Je me rendais au lycée à pied.

L’insouciance des « dilettantes doués »

J’ai toujours eu beaucoup de facilités à l’école. J’aime apprendre et les enseignants apprécient en général les élèves qui s’intéressent.

Pendant toute ma scolarité jusqu’au bac, j’ai eu l’impression d’aller à l’école avec le sourire. Ce qu’on y faisait me réussissait, m’apportait du plaisir et de la reconnaissance. Que demander de plus ?

Je ne me suis jamais vraiment demandée ce qui faisait que certains ne réussissaient pas aussi bien que moi. Je me souviens avoir passé du temps à expliquer comment faire ou pourquoi à mes ami(e)s, mais je goûtais surtout au plaisir de pouvoir obtenir de bonnes notes facilement tout en « profitant de la vie ».

C’est en classe de 5e que j’ai sûrement le plus travaillé. J’avais deux amies elles aussi très douées, et nous voulions chacune être la première de la classe. J’ai terminé l’année avec une moyenne générale de 18/20. Travailler dur quand on a en plus des facilités donne en effet de bons résultats.

Mes deux amies ont déménagé à la fin de l’année et la compétition scolaire a quelque peu perdu de son attrait pour moi.

Je me souviens avoir discuté avec mes parents de l’éventualité d’intégrer un « grand lycée parisien » pour exploiter toutes mes possibilités. Et puis, j’ai renoncé à cette idée.

Pourquoi ?

Pour profiter. J’ai passé d’excellentes années de 4e et de 3e. J’avais toute une bande d’amis. Je participais à des tournois de volley-ball. C’était la belle vie.

Mes notes étaient un peu moins bonnes. Mais quand on passe de 18 à 15, ce n’est pas vraiment un problème.

Je n’imaginais pas une seule seconde qu’en réalité, j’étais en train de prendre du retard…

Du retard sur quoi ?

Sur toutes ces connaissances que mes futurs camarades du Lycée Fénelon intégraient avant moi.

Pour insister sur cet état d’esprit de gagnante qui me caractérisait à cette époque, je vais vous raconter une anecdote.

J’ai expliqué que perdant mon goût pour les matières scientifiques en Terminale S, mes notes ont commencé à décliner. Je me reposais tellement sur mes acquis que j’ai même un jour obtenu la moins bonne note de la classe en physique : 6/20.

Mes amis qui avaient l’habitude de me voir dans les premières n’en revenaient pas. Comment avais-je pu me planter à ce point ?

Je vous avoue que mon orgueil en fut piqué. J’ai donc fait le pari avec un copain que j’aurais une meilleure note que lui au contrôle suivant.

J’ai appris mon cours et refait tous les exercices. Auparavant, je comprenais si facilement pendant les cours que j’imaginais que réviser était superflu.

Au contrôle suivant, j’ai non seulement eu une meilleure note que lui, mais également la meilleure note de la classe : 17,75/20.

Quand on passe si facilement de 6 à 17, je vous assure que cela vous conforte dans un grand sentiment de confiance en soi.

Le « discours de rentrée »

Eh non, ce n’est pas un mythe. Quand vous intégrez une classe préparatoire prestigieuse, on vous fait bien ce fameux discours dans lequel on vous dit que « vous êtes la crème de la crème », « l’élite de la nation » et que l’on est fier de vous avoir.

On vous avertit qu’il ne faut pas trop travailler et savoir tout de même prendre des temps de repos (sic). Pour ma part, je n’imaginais pas pouvoir l’oublier…

Les cours commencent : français, histoire, géographie, anglais, espagnol, philosophie.

Nous sommes 59 dans la classe. C’est beaucoup, et je n’ai pourtant jamais vu de classe si studieuse.

Lorsque le premier prof fait l’appel, nous reconnaissons quelques noms connus : des filles d’écrivain ou d’homme politique.

C’est la cours des « grands ».

Je ne suis pas intimidée pour autant. Je sais de quoi je suis capable, et sans beaucoup travailler.

Ce que je ne sais pas encore, c’est que tous mes camarades ont autant (sinon beaucoup plus !) de facilités que moi, qu’ils travaillent dur et qu’ils ont un objectif : passer en Khâgne et intégrer l’Ecole Normale Supérieure.

Je nage donc dans mes illusions. Je vais en cours et je profite de la vie parisienne.

Je m’inscrits dans un club de volley-ball lui aussi assez coté (championnat de France 1996).

Jusque-là tout va bien.

Mes premiers résultats

Dès la fin du mois de septembre, nous passons nos premiers devoirs sur table dans toutes les matières. Nous sommes dans les conditions du concours : 6h par épreuve à plancher.

Ce n’est pas évident mais je pense que je ne m’en suis pas trop mal sortie (aah ! l’insouciance…).

Et voici mes premiers réusultats :

Français : 1/20

Philosophie : 2/20

Géographie : 8/20

Anglais : « moins » je ne sais même plus combien…donc, en-dessous de zéro

A chaque nouvelle note, j’étais de plus en plus abattue. Mais je fondais un espoir pour ma copie d’Histoire. Je n’avais rempli qu’une seule copie-double mais j’avais bien peaufiné ma problématique et mon plan. Je me risquais même à dire autour de moi que j’avais ma chance en Histoire.

Et puis la note tombe : 2/20. La moins bonne note de la classe.

Avec un tel palmarès, j’étais de toute façon bonne dernière sur 59.

Le choc.

On était le 29 septembre.

Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire ?

La suite dans la partie 3…

3 thoughts on “Mon année en Hypokhâgne, partie 2”

    1. @herivelo : je vais donc poursuivre avec plaisir !

      @Saloua : n’hésitez pas à partager votre expérience. Vos analyses sont toujours les bienvenues !

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