Pour ce premier article de rentrée, je voulais mettre en avant le travail d’Amandine ROZET, enseignante et coach, qui vient de sortir son premier livre. Passionnée d’éducation, j’espère que ses travaux seront aussi inspirants pour vous qu’ils l’ont été pour moi !
Amandine, tu as un parcours de vie personnel et professionnel tout à fait inspirant. Pourrais-tu nous en dessiner les grandes lignes pour te présenter ?
Avec plaisir ! J’ai 38 ans, je suis la maman de 3 enfants (10, 8 et 4 ans), mariée à un Français, et je suis Belge. Je suis née dans une famille à la fois ouvrière et traditionnaliste, j’étais donc très fière d’être la première femme à faire des études longues (j’ai étudié les lettres). Mon premier métier est d’être enseignante : j’ai enseigné le français à des adultes et à des ados pendant plusieurs années, notamment avec des demandeurs d’emploi, des demandeurs d’asile, des ados primo arrivants, des étudiants en traduction, en lycée professionnel, en institution privée et publique, et à l’université.
Quand je me suis expatriée au Cameroun en 2012, je me suis formée au coaching et à l’hypnose et je suis devenue coache scolaire pour les ados. Puis je me suis spécialisée dans l’accompagnement des enseignantes. Au Cameroun, je suis devenue présidente de l’association des parents qui avaient fondé une école privée française au Cameroun. Cette expérience m’a beaucoup appris sur l’envers du décor d’une école : c’est beaucoup de travail.
Je suis revenue vivre en Belgique il y a deux ans après avoir passé plusieurs années en Turquie où j’ai enseigné en fac. J’avais à ce moment-là bénéficié de ta formation Hélène pour transmettre avec davantage d’efficacité. Depuis mon retour, je continue à accompagner, j’ai créé un podcast, Actrices de l’éducation, et j’ai écrit un livre à destination des profs.
Ces expériences à l’étranger m’ont permis de rencontrer de nombreuses personnes dans des contextes très différents, voir ce que la nature a de plus beau à nous offrir mais aussi ce que nous lui avons fait de pire. Cela m’a permis de respecter la multitude de croyances qui nous guident et parfois nous entravent en tant qu’êtres humains et d’apprécier encore davantage la valeur des liens d’interdépendance qui nous relient, mais aussi la valeur de la santé, de la liberté et de la sécurité.
Je dirais que ce qui caractérise mon parcours, c’est avant tout sa diversité, à l’image de ma passion pour la diversité des manières d’être vivante (pour paraphraser le titre du livre de Baptiste Morizot), mais aussi son lien au monde de l’école ainsi qu’une envie très forte de participer à la création d’une société plus juste et plus respectueuse du vivant.
Tu as passé la dernière année à écrire un livre, Femme Prof Sereine, qui est disponible depuis peu. Qu’est-ce qui t’a donné envie d’écrire ce livre et à qui s’adresse-t-il ?
L’idée m’est venue pendant le premier confinement car j’avais mis mon activité en pause pour m’occuper de mes enfants. Je me suis demandée ce qui me permettrait d’avoir une activité intellectuelle malgré tout, et c’était d’écrire. J’avais l’envie de lier le thème de l’éducation, du féminisme et de l’écologie. J’avais beaucoup lu sur ces trois sujets et j’étais persuadée que la souffrance des profs, des élèves, des femmes en général et de la nature ne faisait qu’une. Ma propre expérience de prof me le confirmait, ainsi que tous les témoignages que j’avais pu recueillir.
Alors j’ai pris ma plume (ou plutôt mon ordinateur) et j’ai écrit pour toutes ces femmes qui, comme moi, avaient envie de sortir des sentiers battus pour participer à la création d’une école différente. Ce sont des personnes passionnées, souvent perfectionnistes, mûes par leurs valeurs mais qui se sentent isolées, stressées, fatiguées. Elles rencontrent des résistances externes face à leurs idées et font face à leurs propres craintes. Le fait qu’elles soient des femmes les désavantage puisqu’elles sont moins nombreuses statistiquement dans les positions hiérarchiques et décisionnaires et qu’elles ont à gérer la charge mentale propre aux femmes en plus de celle déjà lourde du métier. Elles sont écoféministes en ce sens qu’elles sont persuadées que la domination mortifère exercée sur les femmes est similaire à celle exercée sur la nature. Comme moi, elles pensent que la survie de la planète dépend de notre attitude à toutes et à tous et que l’école peut jouer un rôle moteur dans ce changement de comportement.
Tu proposes dans ton livre une démarche en quatre étapes, la méthode PERM, pour une permaculture de soi et de l’enseignement. De quoi s’agit-il ?
La méthode PERM est une méthode en 4 étapes pour agir à la fois sur son énergie intérieure et son environnement externe. Je me suis inspirée des principes et des éthiques de la permaculture, un concept qui se base sur la nature pour penser les systèmes et les écosystèmes. Pensé d’abord pour le maraîchage, il s’applique très bien au grand écosystème-éducation dont fait partie l’école.
La première partie, celle du P de Permaculture de soi, est consacrée à la connaissance de soi. Qui suis-je ? Quelles sont mes croyances ? Mes compétences ? Mes rêves ? Les personnes qui sont importantes pour moi ? A travers l’image de l’arbre, l’idée est de sentir qu’on fait partie d’un plus grand ensemble, une forêt, et de ressentir la synergie qui se crée entre les différents éléments de cet écosystème.
C’est pour cela que la deuxième étape, celle du E de Ecosystème, est dédiée à la création de liens. Je dénonce dans cette partie l’illusion d’indépendance, créée par notre société pour des raisons avant tout économiques. Nous sommes interdépendants et ce lien est une réelle richesse pour la société. J’invite à travers cette méthode à faire à l’école « le plus petit pas possible », comme celui d’une souris, ainsi que nous le propose la permaculture.
Ce n’est pas évident d’apporter du changement dans son quotidien professionnel. On peut avoir peur d’aller à l’encontre des règles ; on peut craindre des critiques, l’isolement, la fatigue. Dans la 3ème partie de la méthode PERM, celle du R comme Réenchanter et Réinventer l’école, je fais un état des lieux des outils possibles à utiliser pour retrouver de la joie et de la créativité à l’école, en lien avec les grandes lignes du programme officiel.
Enfin, la 4ème partie (M comme Maintenir son énergie), est centrée sur les questions liées à l’énergie de la personne. Comment faire pour pérenniser ses efforts ? Quels outils utiliser ? A qui s’adresser pour demander de l’aide ? Quels moteurs internes peuvent être sollicités pour continuer à transmettre tout en prenant soin de soi ?
Les 4 parties sont indissociables les unes des autres. Il ne peut y avoir d’action durable dans la solitude, et le collectif ne peut durer sans des individus bien dans leurs baskets et désireux d’œuvrer ensemble. « Seule on va plus vite, ensemble on va plus loin » comme dirait le proverbe d’origine africaine !
Quelles sont tes différentes activités professionnelles actuellement ? Que proposes-tu aux personnes qui souhaiteraient bénéficier de ton accompagnement ?
Aujourd’hui, je travaille avec les femmes qui veulent incarner totalement ce qui les anime et qui comprennent que pour ce faire il est important de prendre du temps pour réfléchir à leurs valeurs, leurs besoins mais aussi de créer du lien autour d’elles.
Mon accompagnement se fait sous forme d’une séance ponctuelle de coaching intuitif ou d’un programme de 3 mois appelé Perma-Femme, à distance pour celles qui vivent loin de moi, mais aussi en présence, dans la forêt derrière ma maison. Je propose également la création de rituels pour les moments de passage de la vie, des ateliers d’écriture et des cercles de parole.
Je suis en train de développer une formation en ligne basée sur la méthode PERM. Et dans un futur proche, j’aimerais développer mon activité pour qu’elle touche davantage de collectifs ainsi que les personnes les plus précarisées.
Je garde aussi du temps pour m’occuper de mes enfants, pour écrire et dessiner, pour m’occuper de mon jardin et pour apprendre. Je commence d’ailleurs un cours de massage car je suis persuadée que prendre soin de notre corps est la clé pour mieux vivre et pour mieux vivre ensemble !
Le site d’Amandine ROZET : cliquez ici !
Quel genre de grand cinéphile suis-je ?
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Merci beaucoup, Amandine Rozet, pour cet article inspirant sur la permaculture de soi et de l’enseignement. J’ai trouvé vos réflexions particulièrement pertinentes et enrichissantes. En tant qu’enseignant(e), je suis constamment à la recherche de moyens pour améliorer non seulement mon approche pédagogique, mais aussi mon bien-être personnel. Votre vision holistique me pousse à repenser l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, et à intégrer des pratiques plus durables dans mon quotidien. Je vais certainement mettre en pratique certains de vos conseils pour créer un environnement d’apprentissage plus harmonieux et épanouissant. https://iprofesseur.fr/plan-de-these/