Mémoire de Master : comment faire le compte-rendu d’un ouvrage théorique ? Partie 2

Pourquoi faire un compte-rendu d'ouvrage théorique et par quoi le remplacer en fonction de ses objectifs (devoir à rendre, préparation d'un mémoire universitaire, approfondissement de ses connaissances concernant un auteur ou un champ théorique…) ? Voici les questions auxquelles je réponds dans le cadre de la partie 1 de cet article.

Entrons maintenant dans le vif du sujet : comment s'y prendre concrètement pour réaliser le compre-rendu d'un ouvrage théorique ?

Je vous propose une démarche en quatre étapes visant à discuter les questions suivantes : comment aborder un contenu "compliqué" ? Comment rédiger une synthèse sans reprendre mot pour mot des passages de l'ouvrage ou du texte ? Comment prendre du recul vis-à-vis du contenu et en proposer une lecture critique ? Quels sont les codes de rédaction à respecter ?

 

1- La première impression : un texte facile d'accès ou compliqué ?

 

En Master 1 de sociologie, je me souviens avoir suivi un cours passionnant. Il s'agissait d'une introduction à l'anthropologie qui m'avait captivée. A la fin d'un cours, j'étais donc allée à la rencontre de l'enseignant pour lui demander la référence d'un ouvrage dans lequel j'aurais pu retrouver tout ce qu'il nous enseignait. Il m'avait alors fait une présentation dithyrambique d'un livre intitulé L'institution sociale de l'esprit de Jean De Munck, que je m'étais empressée d'acheter, de commencer à lire…et auquel je n'avais rien compris.

J'étais alors retournée voir mon prof. "Cela n'a rien à voir avec vos cours", lui ai-je dit. "Et pourtant, tout ce dont je vous parle s'appuie sur cet ouvrage", m'a-t-il répondu. 

J'étais déçue et désorientée. Mais j'ai également compris l'écart qui existe (et doit peut-être exister…) entre un contenu théorique synthétisé dans un livre et son enseignement. Le travail de l'enseignant, c'est justement de "rendre accessible". Ensuite, les étudiants cheminent, pas à pas, obstacle après obstacle, en vue de décrypter, comprendre et s'approprier les concepts les plus abstraits. 

Cette capacité à passer des exemples concrets aux concepts abstraits est d'ailleurs l'une des principales difficultés auxquelles se heurtent les étudiants. Pourquoi ? Comment faire pour la dépasser ? C'est ce que nous allons voir maintenant.

 

La "malédiction du savoir" 

 

Dans leur livre intitulé Ces idées qui collent, Pourquoi certaines idées survivent et d'autres meurent, Chip et Dan Heath décrivent un phénomène qui m'a beaucoup parlé et qui pourrait être exposé de la manière suivante : plus on devient compétent sur un sujet donné, plus on a tendance à transmettre son contenu de manière abstraite.

Ils nomment ce phénomène la "malédiction du savoir", en ce sens qu'il conduit à exposer les idées d'une manière qui devient difficilement compréhensible pour un auditoire peu averti. 

Lorsque nous cherchons à nous approprier un contenu totalement nouveau pour nous, nous avons besoin de donner du sens aux éléments d'information qui le composent. Or, donner du sens aux informations peut se faire de différentes manières, dépendantes de notre profil pédagogique : nous pouvons chercher à donner une représentation visuelle de l'information ou du concept dans notre tête, comparer les informations avec ce que nous savons déjà, ou encore rechercher les expériences pratiques qui résonnent avec ces nouvelles informations… Afin de réaliser ces opérations mentales, l'un des moyens privilégiés consiste à convoquer un exemple qui va venir "illustrer" la notion abstraite en question.

Un exemple correspond à l'un des cas particuliers auquel la notion abstraite fait référence, elle ne lui est pas équivalente. Cette distinction est très importante, car si l'on confont une notion avec l'un de ses exemples, on ne l'a pas vraiment comprise et l'on ne pourra pas réfléchir efficacement par la suite.

En définitive, il faut plusieurs exemples pour pouvoir cerner progressivement ce qu'il en est d'une notion abstraite, la comprendre et ensuite être en mesure d'en faire usage dans le cadre d'une réflexion. 

Quel rapport avec un compte-rendu d'ouvrage théorique ?

La plupart du temps, les ouvrages théoriques convoquent de nombreuses notions abstraites que vous ne comprenez pas forcément. Certains ouvrages très vulgarisés introduisent de nombreux exemples et permettent ainsi au lecteur novice de s'approprier progressivement les notions abordées. Par contre, certains auteurs dans leurs ouvrages font référence à d'autres contenus théoriques, aux travaux d'autres auteurs, et les utilisent comme présupposés pour élaborer leur propre réflexion. De deux choses l'une, soit vous êtes familier des références et auteurs cités, ainsi que de leurs théories, et vous n'aurez aucune difficulté à suivre la pensée de l'auteur, soit vous les découvrez en lisant l'ouvrage et alors vous allez rapidement vous sentir perdu.

C'est la même chose lorsque vous assistez à un cours ou à une conférence : si vous avez déjà du recul vis-à-vis du sujet abordé (autrement dit, vous maîtrisez déjà les bases et donc les notions abstraites que l'exposant aborde), et vous pourrez vous concentrer sur le contenu que l'exposant va s'attacher à transmettre à l'aide d'exemples et d'illustrations concrètes. Par contre, si vous vous heurtez à trop de mots de vocabulaire incompris, de notions inconnues et de théories abstraites qui ne vous disent rien, alors votre niveau de concentration, d'intérêt et de compréhension va décliner très rapidement.

Céline (l'internaute dont la question est l'origine de cet article) m'a proposé de prendre pour exemple le livre de Pierre Bourdieu intitulé Langage et pouvoir symbolique pour illustrer la démarche de rédaction d'un compte-rendu. Il s'agit d'un ouvrage de sociologie que je trouve pour ma part assez ardu. Et la première raison qui explique cette difficulté est justement la convocation par l'auteur de nombreux auteurs et concepts qui constituent des préalables à sa propre argumentation. Comment suivre son propos s'il fait constamment référence à des contenus que l'on ne maîtrise pas ?

 

S'approprier le contenu grâce à d'autres sources

 

Dès les premières pages de l'ouvrage, Bourdieu cite Kant, Chomsky et Saussure pour discuter leurs approches respectives et montrer en quoi il s'en rapproche et s'en distingue.

Si vous connaissez ces auteurs et leurs apports, la discussion que Bourdieu introduit pour positionner son propos va pour vous être limpide. Mais que faire si vous ne les connaissez pas ? C'est un peu comme si vous assistiez à un repas où l'un des convives a apporté une bouteille de vin qu'il a choisie avec grand soin, et qu'il souhaite discuter avec vous de sa saveur et de ses qualités. Lui qui s'y connaît beaucoup, qui a visité de nombreuses caves, discuté avec de nombreux producteurs, lu de nombreux ouvrages et goûté d'innombrables grands crûs a acquis progressivement un savoir très étendu. Il peut comparer les cépages, situer la qualité de ce vin par rappord à tous ceux qu'il a déjà bus, etc. Mais vous, si vous n'avez pas sa culture sur la question, comment allez-vous vous situer dans l'échange ? Vous n'allez pouvoir parler que de ce que vous connaissez, et votre implication dans la conversation dépendra également de votre intérêt pour la question. Le vin vous plaît (ou pas). Peut-être le trouverez-vous exceptionnel…par rapport aux quelques vins que vous avez déjà goûtés. Mais la plupart des arguments que vous opposera votre interlocuteur n'auront vraisemblablement que peu de sens pour vous. 

Le livre de Pierre Bourdieu que je viens de citer aborde des questions de linguistique. Or, je m'y connais très peu dans ce domaine. Comment m'y suis-je donc prise pour aborder l'introduction ?

Voici deux voies que vous pouvez explorer :

– Lire un article de l'auteur qui aborde le même sujet mais de manière plus vulgarisée et/ou synthétique. J'avais dans ma bibliothèque le livre de Bourdieu intitulé Questions de sociologie (il s'agit d'un recueil d'articles) dans lequel j'ai trouvé et lu le texte suivant : "Ce que parler veut dire". Ce texte correspond à la retranscription d'un exposé oral que Bourdieu a proposé dans le cadre d'un congrès.

– Se familiariser avec l'approche de l'auteur en commençant par lire une approche vulgarisée de ses principales théories. Je vous conseille ici le livre de Pierre Mounier intitulé Pierre Bourdieu, une introduction, qui constitue une excellente entrée en matière. 

Retenez bien que si le texte original vous apparaît trop compliqué à cerner de prime abord, c'est la plupart du temps parce qu'il vous manque des prérequis (vocabulaire, notions, théories…). Vous pouvez donc commencer par aborder des textes moins compliqués, pour revenir au texte dans un second temps.

 

S'approprier le contenu "directement dans le texte"

 

Mais vous pouvez néanmoins vouloir vous attaquer au texte original d'emblée (vous pouvez également ne pas avoir le choix si c'est sur ce livre en particulier que vous devez rendre un devoir…). Il vous faudra alors apprivoiser progressivement les notions et théories abstraites sur lesquelles vous butez.

Voici quelques voies possibles pour vous y aider :

– Repérer les auteurs, les théories, les mots de vocabulaire et les notions qui vous apparaissent indispensables à la compréhension. Faites le tri : certaines références sont essentielles pour comprendre de quoi il est question, d'autres sont plus anecdotiques. Et faites des recherches (trouvez des exemples concrets, des approches vulgarisées), qui vous permettront de leur donner du sens. 

– Repérer les passages du texte sur lesquels vous butez et sollicitez des personnes ressources afin qu'elles vous aident à les clarifier : un professeur, d'autres étudiants…

 

2- La phase d'accommodation

 

Le pédagogue Jean Piaget a mis en évidence que pour s'approprier un contenu que l'on ne maîtrise pas du tout, nous devions passer par un processus "d'accommodation". Il s'agit en fait de structurer les informations, de les comparer entre elles et de les catégoriser en vue de les mettre en ordre dans sa tête. Ainsi, lorsque ce premier temps d'organisation est passé, nous n'avons plus qu'à "assimiler" toutes les nouvelles informations qui portent sur le même sujet. Le processus d'accommodation peut être long et difficile. Le processus d'assimilation est toujours plus simple, car il s'appuie sur le premier. 

C'est un peu comme si vous aviez un énorme tas de vêtements à trier. Il y a de tout : des vêtements pour adulte, des vêtements pour enfant, des vêtement d'hiver et d'été, des vêtement neufs et d'autres qui sont abîmés, des vêtements pour homme et d'autres pour femme, etc.

Le première étape consiste à vous constituter un système de classement qui prenne en compte toutes ces catégories. Mais une fois que celui-ci est finalisé, vous n'avez plus qu'à mettre chaque chose à sa place. Peut-être aurez-vous à ajouter une case ou une catégorie supplémentaire, mais vous le ferez en regard de celles que vous avez déjà déterminées.

 

Appliquer la méthode fonctionnelle d'apprentissage de Tony BUZAN

 

Tony Buzan, dans son livre intitulé Une tête bien faite, propose une démarche claire en deux parties et huit étapes pour opérer ce travail d'accommodation. Vous pouvez cliquer sur le titre pour découvrir la présentation synthétique que je vous propose de cette méthode sur ce site.

 

Clarifier la démarche de l'auteur : problématique, investigation, thèse

 

Dans le cadre d'un texte ou d'un ouvrage théorique, la démarche de recherche de l'auteur se décline toujours de la manière suivante :

1) Elaboration d'une problématique : il s'agit des questions que s'est posé l'auteur (et qui sont à l'origine de son écrit).

2) Elaboration d'hypothèses : en fonction de son intuition, de ses lectures et de ses recherches antérieures, l'auteur définit des réponses (provisoires) aux questions qu'il se pose.

3) Mise en place d'un dispositif d'investigation : afin de valider (ou pas) ses hypothèses, l'auteur rassemble des données qu'il va ensuite analyser (= questionnaire, entretiens, témoignages, lectures théoriques, documents historiques, observations…).

4) Exposé de la thèse défendue : ses recherches et les données qu'il a rassemblées permettent à l'auteur de défendre une thèse, à savoir une réponse argumentée (et illustrée par des exemples concrets issus de son investigation) aux questions qu'il s'est posé en problématique. 

Je propose un exposé vidéo de cette démarche appliquée à un ouvrage sur ce site, ainsi qu'un exemple concret à partir de l'ouvrage Influence et manipulation de Robert Cialdini.

 

Clarifier la structure du propos de l'auteur : les étapes de la réflexion

 

Il s'agit ensuite de mettre en évidence les différents arguments que l'auteur développe dans son écrit. Il s'agit d'un exercice que je trouve d'autant plus compliqué que la pensée de l'auteur est complexe : abstraite, illustrée par de trop rares exemples, s'appuyant sur des références non maîtrisées (par vous), faisant référence à des expériences non vécues…

Je vous propose nénanmoins une démarche concrète pour réaliser ce travail dans le cadre de l'article que j'ai rédigé sur la manière de réaliser un commentaire de texte, et vous donne un exemple concret de la marche à suivre.

 

Pourquoi réaliser une "mind map" peut éventuellement vous être utile ?

 

Si vous ne savez pas ce qu'est une "mind map", vous pouvez tout d'abord vous référer à l'article "Faites des mind maps".

Je souhaite aborder ici un problème récurrent qui concerne tous ceux qui ont le projet de réaliser la synthèse d'un écrit : comment faire pour ne pas recopier purement et simplement des phrases entières du texte original ?

Il s'agit en effet de reformuler avec ses propres termes un texte qui peut sembler pourtant parfait en l'état. Comment reformuler la pensée de Bourdieu mieux que Bourdieu lui-même ? Il s'agit pourtant d'une étape essentielle. Vous ne pouvez pas reprendre un mot sur deux du texte que vous souhaitez présenter. Faire une mind map préalablement à la rédaction de votre résumé peut alors s'avérer d'une grande aide. 

Une mind map vous oblige à sélectionner les mots-clés du texte, à cerner l'articulation logique des idées et la structure globale du propos. Et c'est justement ce que l'on vous demande de faire dans le cadre d'un compte-rendu : cerner la structure du texte, ses notions-clés et la logique argumentative. Ensuite, vous pouvez reprendre votre mind map et rédiger votre propre synthèse. Dans la mesure où n'apparaissent que les mots-clés, vous serez obligé de reconstituer vos propres phrases. Ce travail favorisera également votre compréhension du texte, et vous permettra de commencer à opérer une distanciation critique vis-à-vis des arguments développés par l'auteur.

Voici un exemple de "mind map" que j'ai réalisée à partir du livre Accompagner les adolescents avec la pédagogie des gestes mentaux  de Guy Sonnois, dont vous pouvez retrouver le résumé que j'ai reconstruit à partir de ma mind map en cliquant sur le lien :


Create your own mind maps at MindMeister

 

3- La distanciation critique

 

Dans le cadre des premières années d'un cursus universitaire en sciences humaines et sociales, il est essentiellement demandé aux étudiants d'être capables de restituer avec précision la théorie des auteurs fondateurs de la discipline. Si vous faites des études de psychologie clinique et psychanalyse : Lagache, Freud, Lacan, Klein… Si vous faites des études de sociologie : Durkheim, Weber, Levy-Strauss…

Vous pouvez également suivre des cours thématiques (qui compilent et synthétisent les approches de plusieurs auteurs), et devez alors montrer à l'évaluateur au moment des examens que vous avez bien saisi ce dont il a été question en cours. Les évaluations prennent souvent la forme d'un contrôle de connaissances. Mais comment faire lorsque c'est une réflexion personnelle que vous souhaitez apprendre à développer ?

 

Et vous, vous en pensez quoi ?

 

C'est un peu ce qui m'est arrivé quand j'ai commencé mon Master 1 de sociologie. J'avais en effet ce fameux mémoire de recherche à écrire : une question de recherche à trouver, une problématique à élaborer, un dispositif d'investigation à mettre en oeuvre et des références théoriques à m'approprier. Je ne sais pas exactement comment cette révélation m'est venue, mais c'est au cours de cette année-là que j'ai réalisé que j'étais autorisée à "critiquer ce que je lisais dans un livre". 

Jusque-là, j'avais toujours lu les ouvrages théoriques qui nous étaient conseillés avec l'a priori que si c'était écrit dans un bouquin (publié !), c'est nécessairement que cela devait être vrai (sic). D'autant plus si c'était Bourdieu, Durkheim, Max Weber ou Michel Foucault qui l'avait écrit. On nous avait imposé de nous nourrir de ces écrits pendant nos trois années de Licence, d'apprendre par coeur leurs concepts et de les restituer presque mot pour mot…et maintenant il fallait qu'on "pense par nous-mêmes". J'ai réalisé que je ne savais pas penser par moi-même…du moins un sujet "sociologique". Qu'est-ce que je pouvais bien penser par exemple du "pouvoir symbolique du langage" à la lecture du livre de Bourdieu ?

Là encore, la démarche est progressive. Elle est également facultative. Vous pouvez tout à fait obtenir un Master et un Doctorat sans pour ce faire développer de pensée personnelle. 

Par contre, vous devrez acquérir une connaissance précise et problématisée des théories auxquelles vous allez vous référer. 

Voici néanmoins quelques voies que vous pouvez explorer pour apprendre à développer votre sens critique :

 

La critique par l'exemple

 

Pour argumenter sa thèse, un auteur s'appuie sur des arguments qu'il illustre par un ou plusieurs exemples. Et si vous trouviez un contre-exemple ? Vous pourriez sûrement remettre en question l'argument présenté en montrant sa partialité…

 

La critique théorique

 

Vous pouvez également questionner les affirmations de l'auteur lorsque vous les jugez insuffisamment justifiées (arguments incomplets, exemples inexistants…). Je vous donne un exemple de problématisation dans le cadre de cet article.

 

Connaître l'évolution de la pensée d'un auteur

 

Plus vous allez maîtriser (comprendre et connaître) la pensée d'un auteur, plus vous allez comprendre le cheminement de ses hypothèses. Un auteur discute lui-même ses propositions, ses thèses et ses arguments. Il s'attache toujours (normalement) à justifier son propos. S'il ne le fait pas, ou de manière approximative, vous aurez la possibilité de développer une pensée critique vis-à-vis des arguments qu'il défend. Mais pour pouvoir le faire, il faudra que vous meniez votre propre investigation, que vous rassembliez vos propres données et que vous compariez des contenus qui défendent des avis contradictoires…pour progressivement vous faire votre propre avis.

En ce qui concerne le livre de Pierre Bourdieu Langage et pouvoir symbolique, il vous faudra connaître les théories en linguistique de Kant, Saussure et Chomsky. Il vous faudra maîtriser la thèse défendue par Bourdieu et la passer au crible de vos propres observations des phénomènes qu'il analyse : sa théorie permet-elle de répondre parfaitement aux questions qu'il soulève ? Ses affirmations se confirment-elles à l'aune de vos observations ? Quelles sont les critiques de cette approche théorique qui ont été développées par d'autres auteurs ? Etc.

 

4- Questions de forme

 

Un mot sur la forme.

La première question à vous poser est la suivante : à qui s'adresse votre compte-rendu ?

A un enseignant qui va le noter : quelles sont les consignes que LUI vous a données ?

A vous-mêmes : aucune contrainte. Ecrivez votre compte-rendu de telle manière qu'il va servir vos objectifs : comprendre, mémoriser, réfléchir.

A une revue pour publication : lisez attentivement les articles publiés dans cette revue, et inspirez-vous des codes qui semblent respectés par la plupart des auteurs. Si les textes sont très variés en matière de forme, fiez-vous à votre inclination : adoptez tout d'abord les codes des textes qui vous paraissent les plus aboutis, les mieux maîtrisés et les plus pertinents. C'est souvent en commençant par s'inspirer de ce que font les autres que l'on développe ensuite son propre style.

 

Pour conclure, voici donc la démarche que je vous propose pour rédiger le compte-rendu d'un ouvrage théorique :

1) Faites une mind map de l'introduction en mettant en évidence : la problématique, le dispositif d'investigation et la thèse défendue par l'auteur.

2) Repérer les présupposés et les références théoriques sur lesquels s'appuie l'auteur pour élaborer sa propre pensée. Faites le tri de celles et ceux qui apparaissent indispensables à connaître pour aborder le texte et familiarisez-vous avec eux (à l'aide d'ouvrages ou d'articles vulgarisés).

3) Faites une mind map de l'ensemble de l'ouvrage en suivant les différentes étapes de la méthode fonctionnelle d'apprentissage de Tony Buzan. Vous pouvez évidemment suivre une autre méthode, l'important résidant dans le fait de : cerner la structure globale de l'écrit, identifier les mots et concepts-clés et appréhender la logique argumentative de l'auteur lorsqu'il défend sa thèse.

4) A partir de ce travail d'analyse, vous pourrez rédiger une synthèse de l'ouvrage en reformulant les différents arguments avec vos propres mots (tout en reprenant évidemment les mots et concepts-clés du texte original).

5) Pour développer une pensée personnelle et critique, vous pouvez suivre plusieurs voies : lire des ouvrages et/ou articles d'autres auteurs qui critiquent eux-mêmes l'ouvrage, problématiser les questions et afirmations de l'auteur, faire vos propres investigations pour les comparer aux résultats obtenus par l'auteur…

 

Concernant le plan, vous pouvez adopter différentes stratégies :

– Une première partie synthèse de l'ouvrage, une deuxième partie critique.

– Une première partie premier argument de l'auteur et critique, une deuxième partie deuxième argument de l'auteur et critique, etc.

– Vous pouvez également refondre complètement le plan de l'ouvrage selon les thématiques qui vous apparaissent les plus intéressantes à présenter et discuter.

 

A bientôt dans les commentaires,

Hélène

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