Le mois dernier, j'ai organisé une séance de cours sur le thème du projet professionnel à destination de mes étudiants.
Ils ont beau être tous en première année d'école d'ingénieurs, la majorité n'a pas idée des différentes spécialités proposées par l'école, ni des secteurs et débouchés qui pourraient concrètement les intéresser.
Quand je leur pose la question "qu'attendez-vous du travail que vous ferez plus tard ?", plus de 80% d'entre eux me répondent qu'ils veulent s'épanouir et aimer ce qu'ils font. En d'autres termes, ils attendent de leur activité professionnelle qu'elle soit une source de réalisation personnelle et de plaisir.
Cette approche quantitative se confirme souvent dans le cadre des entretiens individuels que je mène avec certains. Un étudiant est ainsi venu me voir parce qu'il a réalisé dès les premières semaines que l'orientation qu'il avait choisie ne correspondait pas à ses aspirations…sans qu'il sache d'ailleurs quelles étaient précisément ces dites aspirations.
Il a pu néanmoins me rapporter une expérience vécue lors des vacances de toussaint qui l'avait pour le moins fait réfléchir. Etant retourné dans sa région d'origine, il avait participé à des séances de travail en groupe avec sa petite amie et plusieurs copains. Tous avaient en effet des examens à préparer pour la rentrée.
Le fait est qu'après dix minutes, il avait relevé les yeux de son cours de maths en soupirant. Quel ennui… Il avait alors jeté un coup d'oeil alentour pour chercher un peu de réconfort. Son ami inscrit en première année de droit et sa petite-amie en première année de psychologie semblaient tous les deux passionnés par ce qu'ils faisaient. Les yeux grands ouverts et emplis de curiosité, ils lisaient leurs notes de cours, cherchaient des informations complémentaires dans des ouvrages ou sur internet, faisaient des fiches de révision et ne voyaient pas le temps passer.
"C'est ça que je veux ressentir quand j'étudie moi aussi !" m'a-t-il dit.
Comment choisir une orientation sans se poser de questions
Au lycée, la plupart des élèves ne définit finalement que très peu son projet post-bac. Les questions qu'ils se posent traduisent leur volonté d'éviter d'avoir à faire des choix trop sérieux ou trop définitifs.
Quelles matières m'intéressent au lycée ?
Dans quels cours ai-je les meilleures notes ?
Quelles sont les études les plus prestigieuses auxquelles je peux prétendre en fonction de mon dossier scolaire ?
Quelles études me donneront l'assurance de trouver du travail une fois diplômé ?
Que veulent mes parents ou mes professeurs pour moi ? Quelles études semblent pour eux les plus indiquées ?
Etc.
Et vous, quelles questions vous posez-vous ou vous êtes-vous posées pour choisir votre orientation ?
Finalement, qu'est-ce qui est le plus important pour vous ?
J'ai souvent l'impression de poser à mes étudiants des questions qu'ils n'ont pas forcément envie de se poser…
Par exemple, lors de mon dernier cours, je leur ai annoncé que nous allions travailler à approfondir ensemble leur projet professionnel au travers de l'analyse de leurs valeurs (ce qui est le plus important pour eux), de leurs talents (les compétences qu'ils possèdent déjà sans que cela leur coûte de les exploiter) et de leurs projets.
Je commence donc par leur poser quatre questions :
Pendant leur vie,
1- Qu'aimeraient-ils faire ou réaliser ?
2- Qu'aimeraient-ils avoir ou posséder ?
3- Où aimeraient-ils vivre/résider ?
4- Quelle est la contribution qu'ils aimeraient apporter aux autres (leur entourage, la société, le monde…) ?
Certains ont des projets plus ou moins précis en tête : créer une entreprise dans le domaine informatique, inventer quelque chose qui améliorerait le quotidien des gens, travailler dans le secteur aéronautique…
Mais beaucoup restent également bloqués dès la première question.
Que veulent-ils "vraiment" ?
Comment sait-on ce que l'on veut "vraiment" ?
"Aujourd'hui est le premier jour du reste de ta vie" : que vas-tu en faire ?
Ces questions, on peut se les poser à 18 ans, comme à 30 ou à 60.
Dans un article précédent ("Trop d'informations, trop compliquées, à assimiler en trop peu de temps"), j'ai insisté sur l'importance de définir un projet pour stimuler sa motivation.
La motivation prend appui sur le désir.
Le désir suppose le manque.
Quel manque cherchons-nous à combler ?
Comment définir son projet professionnel ? Partie 2
J'ai hâte de lire la suite. Même si je ne suis plus étudiante, je crois que je ne me suis jamais posé ses questions et du coup j'ai changé mille fois de vie professionnelle sans jamais trouver satisfaction. Une fois l'attrait de la nouveauté passé, que d'ennui.
Et cet article tombe à pic, car, passée 40 ans, j'ai décidé de dire stop et de répondre enfin à ses questions. En tout cas, je trouve cet exercice difficile, alors quand on a 20 ans, je comprends que ce ne soit pas évident.
J'envie ceux qui y arrivent, maintenant ce doit être mon tour et seule c'est un peu comme un chien qui se mord la queue, je tourne en rond.
Alors d'ici la suite, je note les questions et je laisse décanter.
Bonjour,
Je trouve vos articles très utiles, surtout les articles qui traitent de méthodes. je serai très contente de pouvoir en lire davantage, notamment sur comment écrire un compte-rendu d'un article ou d'un livre scientifique. Merci et bonne continuation.
Bonjour,
Je vous remercie pour vos suggestions.
Vous auriez un exemple concret d’article ou de livre dont vous souhaiteriez écrire un compte-rendu ? Quelles sont les difficultés que vous rencontrez quand vous devez en faire un ?
A bientôt,
Hélène