Dans la première partie de cet article, je vous invitais à vous poser des questions pour transformer un sujet en problème à résoudre (= problématiser).
Dans la deuxième partie, je vous ai proposé une méthode pour analyser un sujet de dissertation en vue de construire une problématique.
Je vous ai proposé trois sujets de dissertation possibles, et je vous ai proposé d'en analyser un dans un commentaire.
Maxime s'est prêté à l'exercice : je reprends ses propositions…
Sujet choisi : Que sommes-nous condamnés à apprendre ?
Il s'agit bien d'une question ouverte, par contre, elle n'invite pas à répondre par oui ou par non.
Dans le tableau que j'ai proposé dans l'article précédent, ce sujet correspondrait à la catégorie "quoi…". J'indique donc qu'il faut d'abord repérer et justifier les présupposés, puis envisager les paramètres dont dépend la réponse.
Première étape : définir les termes
"Condamné" : Maxime envisage ce terme comme étant relié à une notion de "contrainte". On serait obligé d'apprendre "contre son gré"… du fait de son âge (un mineur ne pourrait pas décider pour lui-même), du fait de la perte de sa capacité à penser par soi-même ("embrigadement") ou encore du fait d'une condamnation pénale.
Si l'on envisage le fait d'apprendre comme une peine (au sens judiciaire), cela sous-entend qu'il s'agit d'une punition. Existe-t-il des situations où l'apprentissage est une sanction imposée par la Loi ? Peut-être dans le cas où l'on doit prendre des cours de conduite après une infraction, ou suivre des stages de soutien à la parentalité, ou dans le cas des injonctions de soins (obligation de suivre une thérapie). Peut-être également que certaines pratiques éducatives envisagent l'apprentissage comme une obligation. Pourquoi pas.
En ce qui me concerne, j'aurais plutôt envisagé le terme dans le sens suivant : "nécessaire". C'est-à-dire que le fait d'apprendre peut être envisagé comme une nécessité : nous sommes condamnés à, obligés d'apprendre certaines choses…
"Apprendre" : s'approprier un savoir, le prendre pour soi.
Deuxième étape : repérage des mots polysémiques
Aucun pour Maxime. Pourtant, on voit que le terme "condamné" peut être interprété de différentes manières.
Troisième étape : repérage des présupposés
– Nous serions condamnés à apprendre certaines choses
– Nous serions condamnés à ne pas pouvoir désapprendre certaines choses
Je suis entièrement d'accord avec le premier. Le deuxième me pose question…
Quatrième étape : paramètres ou critères dont dépend la question posée
Je pense que c'est la définition du mot "condamnation" qui enferme quelque peu Maxime et qui ne lui permet pas d'aborder sereinement cette quatrième étape. Quels seraient en effet les objets de connaissance qui pourraient relever d'une condamnation pénale ? J'en ai donné quelques exemples, mais il me semble qu'ils ne sont pas évidents à développer…
Coralie a également réagi à l'article précédent : "je ne suis pas inspirée…désolée".
Je lui ai répondu qu'elle n'avait aucune raison d'être désolée. Combien de fois me suis-je moi-même retrouvée confrontée à un sujet qui ne m'inspirait absolument pas !
Oui, il existe une démarche qui permet d'analyser de manière méthodique un sujet de dissertation afin de guider sa réflexion.
Par contre, vous pouvez maîtriser la méthode, et ne pas avoir les connaissances requises pour la mettre en oeuvre. Vous connaissez la recette, mais vous n'avez pas les ingrédients.
Quels sont les ingrédients en matière de dissertation ?
– du vocabulaire
– la maîtrise de lectures théoriques (= ouvrages, articles, livres…compris)
– des citations
– des expériences (visites de musées, de monuments, de sites historiques, etc.)
– il en existe sûrement des tas d'autres mais je ne les ai pas en tête (n'hésitez pas à compléter cette liste dans les commentaires !)
Je vous propose maintenant de vous prêter à l'expérience suivante :
J'ai réalisé un schéma qui reprend les grandes lignes du chapitre consacré à l'instruction et l'éducation dans le livre de Eric Cobast Introduction à la culture générale.
Cliquez dessus pour l'afficher en mode plein écran, prenez le temps de consulter les différentes informations qui y sont compilées, et reprenez ensuite le sujet de dissertation retenu par Maxime.
Que sommes-nous condamnés à apprendre ?
Avez-vous davantage d'idées ?
Je vous propose de refaire l'exercice définitions/présupposés/paramètres et de proposer un plan de dissertation possible…
Dans le prochain article (si certains d'entre vous se risquent à faire des propositions dans le cadre des commentaires…), nous verrons comment passer du sujet, à la problématique, au plan…
Bonjour,
Avec un sujet différent, c'est sûr que… J'ai vraiment repris le sens qui me semblait être celui, étymologique : "avec le damné". Et pour le coup, je ne pensais simplement pas élargir le sujet à ce point.
Du coup, oui, en effet, apprendre de manière nécessaire (quoi que) dans l'enfance, c'est se rendre apte à accepter aussi bien pour soi même que pour les autres la constitution qu'ont choisi nos parents pour nous.
On pourrait d'ailleurs résumé, de ce point de vue que l'apprentissage du langage est d'abord fait pour accepter notre société et ensuite pour échanger. Très rigolo comme réflexion, ça sous-entend que nous serions piégé dans le langage-même.
En écrivant cela, je pensais à une implication intrinsèque du sujet dans ma compréhension première du sujet. Si nous sommes condamnés, alors c'est que l'on ne peut pas aller au delà de la condamnation sinon ce n'en n'est plus une, c'est à dire que nous ne pourrions pas désapprendre. Par nature, je suis complétement en désaccord avec ce principe. Je pense, qu'a priori, nous avons la capacité de désapprendre. La limite à cela c'est évidemment le climat dans lequel nous vivons et la connaissance apprise. Je vais prendre pour exemple la langue maternelle. En latin, les seuls références (adjectifs ou noms) relatives aux hommes (le genre) ne sont déclinés qu'au nominatif (sujet) et surtout pas à l'accusatif (COD), c'est à dire que de manière intrinsèque, le langage désigne l'homme comme supérieur à la femme (l'homme, moi, je, en premier, toujours). Comment désapprendre une telle chose, apprise dès la naissance, dont nous ne différencions même pas ce genre de subtilité dans la lange.
Je crois que j'ai en effet souvent été piégé par cette étape-là. Du coup, ça pourrait dépendre de la société dans laquelle nous vivons mais aussi le climat de l'époque (les crises économiques développeraient-elle des économes ? les périodes prospères (on pense forcement aux les trentes glorieuses) développeraient-elles des "dépensiers" induisant d'elles-mêmes la société de consommation ?) On pourrait parler de la météo (plus hasardeux), toutes les sociétés nordiques qui vivent dans le froid ont généralement un comportement plus calme ??
Je ne me suis pas vraiment aidé de votre schéma, mais je n'en suis pas désolé. 😉
Bonne soirée
Maxime
Bonjour Maxime,
Je vous remercie pour votre réactivité !
J’écrirai le prochain article en tenant compte de vos propositions.
A bientôt,
Hélène
Merci de partager avec nous tes connaissance et je trouve ton article bien expliqué et j'espere que ca va m'aider a bien preparer la dissertation que je vais bientot avoir car je passe au rattrapage donc je mets toutes les chances de mon coté pour que ca marche …
Bonjour,
Merci pour votre site qui aide pas mal d'étudiants comme moi. Mon problème est la construction d'arguments dans une dissertation.Ici dans votre article, je ne vois pas comment (concrètement) on trouve et on forme des arguments? Pouvez vous me donner une piste?
En vous remerciant d'avance
Bonjour Sanaria,
Vous posez une question essentielle : comment trouve-t-on des arguments ?
Pour trouver des arguments, il faut des connaissances en lien avec le sujet posé. C'est un préalable essentiel. En général, lorsque l'on butte sur un sujet, c'est soit que l'on n'a pas de connaissances sur le sujet, soit que l'on ne sait pas comment mobiliser les connaissances que l'on a déjà pour les mettre en lien avec la question.
Si l'on me pose la question "comment aider des étudiants à donnder du sens à leurs études", je vais trouver facilement des arguments. Parce que je pose régulièrement la question et que j'ai des connaissances et de l'expérience sur le sujet.
Si l'on me demande "l'existentialisme est-il un humanisme ?", je ne vais trouver aucun argument, parce que je n'ai aucune connaissance sur le sujet…
Pour progresser en dissertation, il faut comprendre et savoir appliquer la méthodologie de la dissertation, mais il faut également des connaissances que l'on est capable de mobiliser dans le cadre d'une démarche d'analyse.
Qu'en pensez-vous ?
A bientôt,
Hélène