Vous êtes-vous déjà demandé quel « geste mental » vous faisiez pour comprendre ?
Par exemple, vous êtes devant un théorème de mathématiques que vous avez pour projet d'être capable de réutiliser dans différents exercices : que se passe-t-il dans votre tête lorsque vous décidez de l’appréhender ?
Avant de lire les livres d’Antoine de La Garanderie (dont j’ai chroniqué sur ce site Le dialogue pédagogique avec l’élève), je ne m’étais jamais posé cette question. Quel intérêt de comprendre comment on fait pour comprendre ? On comprend, c’est tout.
Je recueille d’ailleurs des expressions particulièrement dubitatives de la part de mes étudiants lorsque je leur pose la question.
« Qu’est-ce qui se passe dans votre tête quand vous cherchez à comprendre quelque chose ? »
Ils me regardent intrigués…et je sens qu’ils cherchent à « comprendre » ce que je peux bien attendre d’eux.
Certains me disent qu’ils se concentrent, qu’ils pensent attentivement à ma question pour en révéler le sens…je leur réponds que c’est sûr que pour comprendre ce que veut dire comprendre, il faut commencer par essayer de comprendre la question. Bref, on revient très vite à notre case de départ.
Mais certains ne se laissent pas démonter. Ils veulent m’en mettre plein la vue et trouver ce que j’attends. Ils commencent donc à « chercher ». Et c’est là que ça commence vraiment !
Pour comprendre quelque chose, il faut « chercher ». Mais comment cherche-t-on ? Et quoi ?
Vous connaissez peut-être la blague de l'homme qui cherche ses lunettes.
Il fait nuit et un homme cherche quelque chose sous la lumière d’un réverbère.
Un passant lui demande : « que cherchez-vous donc ? »
L’homme lui répond qu’il cherche ses lunettes qu’il a égarées de l’autre côté de la rue. « Mais alors pourquoi les cherchez-vous de ce côté-ci ? » demande le passant.
L’homme le regarde interloqué : « c’est pourtant simple, je cherche ici parce qu’il y a de la lumière ! »
Où devez-vous chercher pour comprendre ?
Il faut reconnaître que nous avons tendance à aller vers la facilité.
Maîtriser un concept ou un savoir-faire prend du temps. Il faut donc que les efforts fournis soient à la mesure du bénéfice retiré : un gain de temps, plus de liberté d’action, de la satisfaction personnelle…
Par exemple, si être capable de refaire quelques exercices-types vous permet d’avoir votre examen, passerez-vous un temps substantiel à approfondir votre compréhension de tout le contenu ?
Ce n’est peut-être pas votre cas, mais sachez que la plupart des étudiants se contentent de faire le minimum dans les matières qu’ils jugent contraignantes, pour avoir tout simplement plus de temps à consacrer au reste (leurs loisirs ou les matières qui les intéressent davantage).
Comme l’homme qui cherche ses lunettes là où il y a de la lumière, vous allez chercher là où c’est le plus facile.
Or, ce n’est pas ce qui vous permettra de progresser.
Dans les matières scientifiques, les étudiants sont convaincus (et c’est d’ailleurs souvent vérifié) que la meilleure manière d’avoir leur examen est de refaire des exercices de TD.
Ils cherchent alors à être capables d’appliquer les "outils" au programme (définitions, théorèmes, astuces…).
Ont-ils « compris » leur cours pour autant ? Seront-ils en mesure de réutiliser ce qu’ils ont appris par la suite, dans un autre cours ou l'année suivante ?
Rien n’est moins sûr. Et ce, même s’ils réussissent leur examen…
Comprendre consiste à chercher les réponses à différentes questions.
Vous êtes face à votre concept, votre théorème ou toute autre connaissance au programme, et vous cherchez à vous l'approprier pour être capable de le réutiliser dans différents contextes (un exercice, un problème, une argumentation…).
Il existe ainsi 5 questions qui, si vous y répondez, vont vous permettre d’approfondir la compréhension de ce que vous cherchez à appréhender : « les 5 questions de la compréhension ».
est ce que mal comprendre est un ressenti ?
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Bonjour,
Je trouve votre question à la fois impertinente et très pertinente.
J’ai rencontré des étudiants si fragiles et doutant tant d’eux-mêmes que dans leur cas, l’impression de ne pas comprendre relevait bien d’un ressenti et non d’une réalité cognitive. Ils avaient l’impression de ne pas savoir, pensaient être nuls, et restituaient pourtant sans aucune erreur les contenus les plus complexes lorsqu’ils étaient écoutés avec attention et bienveillance.
Maintenant, « mal comprendre » peut également relever d’une difficulté de communication ou d’une incompréhension.
Qu’en pensez-vous ?
A bientôt,
Hélène