Résumé : à force de travail et d’obstination, un petit immigré juif italien va devenir l’un des réalisateurs hollywoodiens les plus doués de sa génération. Ce livre est son autobiographie, rédigée avec une générosité et un humour inoubliables.
Mais pourquoi le faire figurer sur ce blog, au chapitre « trouver sa motivation » ? Et bien la particularité de Frank Capra, c’est qu’il ne dissimule jamais ses erreurs, ses doutes ou ses insuffisances. Il les présente au contraire avec l’humilité des plus grands : en mettant en évidence ce que chaque échec lui permet de comprendre, ce que chaque doute lui enseigne et comment chacune des rencontres qui ont jalonnées sa vie l’ont conduit à se remettre en question.
Ce livre se lit comme un roman initiatique. Il met admirablement en lumière les enseignements de cette phrase de Winston Churchill : « le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre de son enthousiasme ».
Morceaux choisis :
Cette histoire (puisque cette autobiographie se lit comme un roman) est jalonnée de situations cocasses et pleines d’enseignements, dont je vous propose quelques passages.
Page 48, Frank Capra nous raconte comment sa vie dans la rue lui a enseigné les ficelles de la vente. Complètement fauché et en quête d’un travail, il se rend dans un studio de cinéma en réponse à une annonce passée dans le journal local.
« Studio de cinéma. Que diable pouvais-je bien faire dans un studio de cinéma ? A ce compte-là, que pouvais-je bien faire où que ce soit en ce moment ? Et pourtant, ça doit être un appel du destin. Qu’est-ce que j’ai à perdre ? Essayons.
En vendant au porte-à-porte des stocks d’invendus, des livres et des photos, j’étais passé maître dans l’art de donner à l’acheteur un complexe d’infériorité, le sentiment qu’il manquait quelque chose à son bonheur, de lui faire croire que, certes, il respirait, mais qu’il ne vivrait pas avant d’avoir acheté ce que je lui proposais. J’irais faire un tour du côté du gymnase juif pour sentir le vent, en attendant de trouver quelqu’un à qui je pourrais donner un sentiment d’infériorité afin de lui vendre, ensuite, quelque chose. »
En donnant l’illusion au producteur qu’il sait de quoi il parle, Frank Capra se voit confier la réalisation d’un court-métrage alors qu’il n’a aucune expérience : « seuls l’appel de l’aventure et le culot incroyable qui caractérise les ignorants pouvaient me laisser penser que j’étais capable de m’en tirer ». Et pourtant, il relève le défi, s’entoure de personnes plus chevronnées, travaille jour et nuit pour finalement réaliser un premier film d’une bobine tout à fait convenable. Et son producteur, auquel il finit par révéler la supercherie, de répondre : « j’ai cru à votre initiative, à votre enthousiasme, à l’audace de vos idées créatrices…et non à un dossier de vos malheurs. L’avenir m’a donné raison. »
Suite à cette première expérience, Frank Capra se rend à Hollywood. Sa passion pour le cinéma commence à naître et il cherche à intégrer une petite maison de production. Il devient gagman, puis assistant réalisateur et se voit bientôt confier la réalisation d’un moyen-métrage.
« J’acceptai tous les sales boulots que les autres considéraient comme des corvées. Je voulais savoir ce que faisaient les trimards, pourquoi ils le faisaient et ce que ça coûtait. J’appris qu’une perte de temps, c’était une perte d’argent qui passait inaperçue sur l’écran. En supervisant, pour la première fois de ma vie, la construction des décors, le choix des acteurs et des figurants, le travail des équipes, le repérage des décors, les problèmes de transport, le développement et le tirage de la pellicule, je m’aperçus qu’une utilisation efficace de l’argent devait être l’objectif primordial du bon producteur de films ».
Ce premier film que Capra réalise met en scène un acteur comique qui accède très rapidement au statut de célébrité. Si vite qu’il en vient à devenir insupportable de vanité. Capra va le voir dans sa loge après une altercation.
« Harry, je suis venu te dire ce que beaucoup d’entre nous veulent te dire depuis longtemps. (…)Le chouette petit gars qu’on connaissait et qu’on aimait est devenu un sale type et un ingrat. Ce qui ne t’empêche pas d’être un des plus grands comédiens de notre temps – aussi grand que Chaplin. (…)Mais les comédiens doivent se faire aimer s’ils veulent provoquer les rires et, en ce moment, la seule personne qui t’aime ici, c’est toi-même. Pense un peu à ce que je viens de te dire Harry. Pourquoi n’essaies-tu pas un peu de rendre grâce à Dieu pour ton succès, au lieu de te rendre grâce à toi-même ? »
A mesure qu’il réalise de nouveaux films, Capra gagne en maîtrise, du son, du montage, du scénario et de la direction des acteurs. L’un de ses amis le pousse néanmoins dans ses retranchements, l’amenant à prendre conscience que le succès n’est pas tout. Il est possible d’avoir du succès en réalisant de mauvais films.
«
– Harry Cohn (le responsable de la maison de production) te tient. Tu n’es qu’un pantin dont il tire les ficelles…
– Quel pantin ?
– Cohn a déjà vendu tes trois prochains films, pas vrai ? Sans même que tu saches de quoi ils parleront…
– Et alors ?
– Alors il faut que tu produises des films, comme d’autres produisent des saucissons – à la chaîne. Et ils ont intérêt à avoir du succès, parce qu’il faut bien combler le déficit laissé par la succession d’immondes navets que produit la Columbia.
– Mais Myles, c’est mon métier de produire des succès, je suis payé pour ça…
– Tu es payé pour ça, hein ? Le fric, toujours le fric. Et qu’arrivera-t-il à ton métier si tu produis deux bides coup sur coup ?
– Je n’ai pas l’intention de produire un seul bide. Quant à savoir de quoi le film parlera, c’est bien le cadet de mes soucis. Je pourrais prendre l’annuaire téléphonique comme scénario et en faire quand même un film divertissant.
– Mon Dieu, délivrez-nous de l’arrogance des petits ! »
Pendant toute sa vie, Frank Capra travailla ensuite à réaliser des films dans lesquels il avait à cœur de transmettre un message. Ce message, il le redonne à la toute fin de son livre, « un livre qui essaie, non sans impertinence, de dire à ceux qui ont perdu courage ou à ceux qui désespèrent ce qu’il avait la présomption de vouloir dire dans ses films : « Ami, tu es un divin amalgame de boyaux et de poussière d’étoiles. Alors tiens bon ! Si les portes se sont ouvertes pour moi, elles peuvent s’ouvrir pour n’importe qui. »
Soit, vous n’êtes peut-être pas la personne la plus intelligente, la plus créative, la plus drôle ou la plus douée. Et alors ? Cela ne veut pas dire que vous n’avez pas de qualité ou un potentiel à exploiter. Que choisissez-vous de faire, aujourd’hui avec ce potentiel ? Comment allez-vous le développer et le mettre au service de projets qui ont du sens ?
Ce sont exactement ces questions que se posent Capra tout au long de ce livre. Et voici l’échange qu’il a avec un visiteur de passage alors qu’il est cloué au lit par une tuberculose :
« Monsieur Capra, vous êtes un lâche.
– Un quoi ?
– Un lâche, monsieur. (…)Vous entendez cet homme ? (La radio était allumée dans ma chambre, et la voix gutturale de Hitler en sortait, rauque et glapissante). Cet homme démoniaque essaie désespérément de contaminer le monde avec sa haine. A combien de gens peut-il s’adresser ? Quinze, vingt millions ? Et pendant combien de temps ? Vingt minutes ? Vous, monsieur, vous pouvez parler à des centaines de millions de gens pendant deux heures – et dans l’obscurité. »
Frank Capra savait faire des films qui parlaient au public. Il se servit de ce talent pour transmettre le message qui lui tenait à cœur, un message de fraternité, de liberté et d’espoir.
Et vous, quels sont vos talents ? Et au service de quelles valeurs avez-vous décidé de les mettre ?
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