Que ressentez-vous lorsque vous apprenez et de quelle façon vos émotions affectent-elles vos capacités d’apprentissage ? Pour répondre à cette question, je vous propose de nous mettre en situation.
C’est la rentrée et vous assistez à votre premier cours dans une discipline que vous n’avez jamais étudiée auparavant : disons, la psychosociologie des organisations.
Vous prenez place dans un grand amphithéâtre qui rassemble une centaine d’étudiants que vous ne connaissez pas. L’enseignant vous accueille de manière stricte, mais bienveillante, et annonce les objectifs du cours.
Beaucoup de mots sont nouveaux pour vous et vous ne comprenez pas toutes ses explications. Vous êtes cependant motivé en ce premier jour de rentrée et vous tentez de prendre en note le maximum d’informations.
A la fin de cette première heure de cours, l’enseignant vous demande de lire un texte et de préparer des réponses à quelques questions pour le cours suivant.
Deux jours plus tard, vous vous installez à votre table de travail pour vous replonger dans les notions que vous n’avez pas comprises pendant le cours et préparer le travail demandé.
Toute personne qui étudie un sujet pour la première fois est confrontée aux mêmes difficultés : du vocabulaire à apprivoiser, des difficultés de compréhension, de l’énergie à mobiliser pour donner du sens aux informations, les organiser et les réactiver en vue de les mémoriser.
La question est : que ressentez-vous au cours de ces différentes étapes de l’apprentissage ?
Lorsque vous prenez place dans un amphithéâtre bondé où vous ne connaissez personne, vous sentez-vous plutôt isolé, timide et inquiet, ou joyeux et heureux d’avoir toutes ces nouvelles personnes à découvrir ?
Lorsque l’enseignant accueille les étudiants de manière stricte et bienveillante, vous sentez-vous plutôt confiant et rassuré, ou inquiet et stressé ? Pensez-vous que vous aurez du mal à être à la hauteur des exigences ou apaisé parce que le cadre est clair et l’ambiance du cours studieuse ?
Lorsque l’enseignant déroule son cours et que vous ne comprenez pas d’emblée tout ce qu’il explique, êtes-vous crispé et agacé, triste et inquiet ou plutôt concentré et curieux ? Ressentez-vous les difficultés comme des défis à relever ou des obstacles insurmontables ?
De retour chez vous, lorsque vous décidez de vous atteler à la révision de votre cours et à la préparation des exercices en prévision du cours suivant, êtes-vous plutôt démoralisé et abattu ou excité et plein d’énergie ? Avez-vous envie de vous confronter à la difficulté ou de l’éviter à tout prix ?
Une même situation d’apprentissage peut conduire chacun d’entre nous à ressentir des émotions très différentes. Pour autant, nous avons tous les mêmes besoins, et l’analyse de nos émotions permet d’entre prendre conscience :
1) Nous avons des besoins physiologiques : boire et manger sainement, dormir suffisamment et bouger régulièrement. La satisfaction de ces besoins nous permet d’être dans de bonnes conditions physiques pour apprendre.
2) Nous avons besoin de sécurité : occuper un logement où l'on se sent en sécurité, évoluer dans un environnement relationnel apaisé et non menaçant. La satisfaction de ce besoin permet d’être confiant lorsque l’on affronte les défis de l’apprentissage.
3) Nous avons des besoins affectifs : appartenir à un groupe, nous sentir reconnus et appréciés. La satisfaction de nos besoins affectifs renforce l’estime de soi et l’envie de passer à l’action. Il faut garder à l’esprit qu’apprendre suppose une prise de risque : le risque de ne pas savoir, de ne pas comprendre tout de suite, de se tromper. Des relations satisfaisantes et soutenantes avec l’entourage favorisent la prise d’initiatives et la persévérance face à une difficulté ou suite à un échec.
4) Nous avons besoin d’autonomie : prendre des initiatives, faire des choix, construire une opinion personnelle. Une orientation non choisie et le sentiment de n’avoir aucune prise sur son environnement sont des sources importantes de démotivation dans le cadre scolaire.
5) Nous avons besoin de nous accomplir : déployer notre potentiel et mettre nos talents au service de projets qui ont du sens. La satisfaction de ce besoin constitue une source de motivation incroyable.
Je vous invite à repenser à vos dernières semaines de cours : quels en ont été les événements marquants ? Quelles émotions, positives et négatives, avez-vous ressenties ? Quels sont les besoins, satisfaits et/ou insatisfaits, qui se cachent selon vous derrière ces émotions ?
Voici une liste d’émotions dont vous pouvez vous inspirer pour réaliser cet exercice : peur, joie, tristesse, dégoût, surprise, colère, honte, culpabilité, intérêt, curiosité, détermination, enthousiasme, désespoir, solitude, motivation, etc.
Bonjour Hélène,
Merci pour cet article encore une fois très intéressant!
A la fin de ma lecture, je me retrouve avec l'envie que vous alliez plus loin: que faire si l'étudiant se sent stressé, inquiet face à des nouvelles matières (ce qui n'est pas rare en début d'études supérieures: tout y est différent et nouveau…), que faire pour transformer ce stress en curiosité, enthousiasme, envie d'apprendre et de se confronter à la difficulté plutôt que laisser tomber ou procrastiner…? Que faire pour transformer les émotions négatives en émotions positives ou en moteur?
Merci pour tout ce que vous nous partagez!
Françoise