Construire et animer une session de formation, de Bernard Lamailloux

J'ai fait la connaissance de Bernard Lamailloux à l'occasion d'un commentaire qu'il a laissé sur mon blog. Sa fille allait entrer en hypokhâgne et il se renseignait sur le sujet. 

Quelques jours plus tard, j'ai découvert son blog sur la pédagogie : Apprendre mieux

J'ai été séduite d'emblée. J'ai aimé son ton décalé, de celui qui ne se prend pas au sérieux tout en prenant son travail de formateur sérieusement à coeur. Mais la pédagogie est-elle pour Bernard un "travail" ? Rien n'est moins sûr…

Autodidacte, passionné de tout, musicien à ses heures, formateur en bonne et dû forme, Bernard Lamailloux est un personnage attachant, profondément humain, à l'intelligence pratique infinie, qui se remet sans cesse en question et qui est une source d'inspiration pour quiconque a la chance de le côtoyer.

Mais n'en jetons plus. 

Au détour d'un mail reçu dans ma boîte (car je suis abonnée à son blog), j'ai découvert que le 2 juillet 2014, son premier livre sortait en librairie : Construire et animer une session de formation, aux éditions DUNOD.

Un énième livre pour apprendre à concevoir des formations ? Et bien pas du tout.

Un ton nouveau, une "pédagogie décalée" et le plaisir d'apprendre mis au centre de tout. Ni une, ni deux, je me suis ruée sur mon clavier pour lui demander une interview (et bien oui, quand il sera célèbre partout à travers le monde et qu'il n'aura même plus besoin de travailler puisque ses droits d'auteur lui assureront un revenu confortable sans qu'il ait plus rien à faire, il ne pourra plus passer deux heures à répondre à mes questions, ni à m'expliquer très patiemment comment mettre en place un hangout sur Google+…).

Alors, de quoi ça parle ?

Voici la quatrième de couverture :

« Tous ces grands courants de la pédagogie, qu’est-ce que je peux en faire, concrètement, face à mes stagiaires ? … » « Pourquoi est-ce que ce serait toujours à moi de m’adapter aux participants ? … » « J’ai beaucoup de mal à supporter les évaluations négatives… » « Au nom de quoi serais-je censé accorder autant d’importance à la forme ? Après tout, je suis là pour transmettre un contenu, pas pour faire un numéro de cirque ! … » « …Et si quelqu’un me pose une colle ? »

Quel formateur, débutant ou chevronné, ne s’est pas un jour posé ce type de questions ?

Tous ces tracas, petits ou grands, sont autant de grains de sable qui – au mieux – se transforment en caillou dans la chaussure du formateur, ou – au pire – peuvent lui gâcher durablement la vie…

Pas de panique ! Il suffit de lire les conseils de l’auteur pour se sentir mieux et y voir plus clair. Avec humour, il nous aide à comprendre, décortiquer et résoudre les difficultés que peut rencontrer tout formateur."

 

Bernard Lamailloux est formateur depuis plus de trente ans. Il a enseigné l'anglais dans un collège, puis s'est passionné pour les nouvelles technologies au moment où elles émergeaient tout juste et s'est ensuite reconverti en formateur pour adultes, pour leur apprendre l'informatique. 

Très rapidement, il fuit les méthodes pédagogiques trop académiques. Car ce n'est pas tant le contenu qui l'intéresse, que la manière de transmettre. Au sortir de l'une de ses formations, si les participants s'exclament "Qu'est-ce que je me suis amusé ! Et en plus, on a appris plein de choses !", le pari est gagné. 

Avant toute autre chose, apprendre doit être une affaire de plaisir. Et de plaisir partagé ! 

Il s'agit donc de donner à la relation formateur/participants la place qu'elle mérite. C'est ainsi que Bernard s'intéresse au développement personnel et retourne sur les bancs de l'université se former à la PNL. 

Pourquoi avoir choisi la PNL ? lui demandé-je. 

Il me répond qu'il aurait très bien pu choisir autre chose, l'analyse transactionnelle ou la communication non violente, mais que la formatrice lui avait été chaudement recommandée par un ami en qui il avait une entière confiance. C'est finalement cette relation de confiance, de bienveillance et d'intérêt mutuel qui permet de construire les bases d'une transmission efficace. Vous pouvez être le meilleur théoricien qui soit et connaître votre sujet sur le bout des doigt, si vous ne savez pas mettre en place les conditions de la transmission, vous n'arriverez à rien. Ou plutôt si, vous arriverez à convaincre vos interlocuteurs qu'apprendre doit se faire dans la douleur, qu'il faut faire des efforts et que l'ennui et les déceptions doivent nécessairement faire partie du voyage.

Pour Bernard Lamailloux, le savoir se doit d'être désacralisé. L'ambiance d'une formation doit être joyeuse. Il a alors l'impression d'aller à contre courant en utilisant des pédagogies décalées (jeux-cadre, serious game, etc.) pour transmettre son goût du savoir aux participants. 

Se sentant isolé et à l'étroit dans le monde de la formation qu'il connaît, il finit, par hasard, par tomber sur un livre de Bruno Hourst qui va marquer son parcours : Au bon plaisir d'apprendre.

 

Bruno Hourst est un fervent partisan de "l'apprentissage-plaisir". Il a consacré de nombreux livres à cette pédagogie décalée si chère à Bernard Lamailloux, qui finalement en faisait déjà sans le savoir.

Il y a trouvé alors la légitimité qui lui faisait défaut, et se plonge dans ce nouveau champ à découvrir et explorer : les pédagogies innovantes. Il est normal, salutaire et légitime de vouloir apprendre en s'amusant !

Par exemple ?

Un des jeux-cadre préféré de Bernard est le "cherchons ensemble" de Thiagi.

Comme tous les jeux proposés par ce formateur indien mondialement reconnu, les participants sont invités à bouger, à échanger, à réfléchir et à construire collectivement un point de vue.

Impliqués dans une activité, une dynamique de groupe se construit progressivement, la parole se libère et la confiance s'établit. "J'arriverai à quelque chose avec le groupe à condition que les participants ne se sentent pas forcés" explique Bernard.

Dans son livre, il explique de manière personnelle et pragmatique comment susciter ce désir d'apprendre tout en s'amusant, comment amener progressivement les participants à s'impliquer, comment faire de la transmission une fête constamment renouvelée. 

"Une formation, cela tient toujours du miracle", m'explique-t-il. "Il faut être un peu suicidaire pour faire ce métier. On n'est jamais sûr que les participants ont tous le même objectif ou ont été bien informés sur ce qui allait leur être proposé".  Mais le jeu en vaut la chandelle. Ce n'est pas parce que le chemin est chaotique et semé d'embûches qu'il ne mérite pas d'être emprunté. Bien au contraire.

Quelle est l'histoire du livre ?

Après des années de bons et loyaux services au sein d'une entreprise, Bernard Lamailloux est licencié. Que faire ? se demande-t-il alors.

Il commence par lire, faire de la musique, écrire un blog, créer son activité de formateur indépendant. 

Et puis un jour il y a un an, un visiteur de son blog lui demande où il peut se procurer ses livres ?

"Mes livres !?" s'exclame Bernard. 

Et bien oui, parce que si Bernard écrit, il ne le fait que sur son blog, ce dont il informe gentiment  l'internaute.

Lorsqu'un deuxième internaute lui pose la même question quelques jours plus tard, il prend cependant le temps de réfléchir un peu plus sérieusement à la question : un livre ? Et pourquoi pas.

Il prend alors son courage à deux mains, répertorie une dizaines de maisons d'édition en sciences humaines et leur envoie un court email qui devait ressembler à cela :

"Bonjour,

J'écris un blog de pédagogie depuis quelque temps.

Des internautes m'ont demandé où ils pouvaient se procurer mes livres et j'ai été désolé de leur répondre que je n'en avais pas à leur proposer.

Voici un lien vers mon blog :  apprendre mieux

Qu'en pensez-vous ?

Bernard Lamailloux"

(BL ne m'a pas lu son mail, mais d'après ce qu'il m'a raconté, cette version ne devrait pas en être trop éloignée…).

Résultats des courses ?

Huit maisons d'édition ne lui ont jamais répondu.

Une lui a envoyé un long mail très détaillé pour lui expliquer pourquoi il devait renoncer sur le champ à ce projet évidemment voué à l'échec.

Une éditrice de chez Dunod lui a écrit qu'elle trouvait son blog intéressant, et l'a invité à la recontacter dès qu'il aurait un projet à lui proposer.

Et c'est ainsi que l'aventure a commencé. Bernard Lamailloux a redigé un projet en bonne et dû forme et voici son livre publié un an plus tard. 

Vous l'avez compris, Bernard Lamailloux est un homme, un formateur, un écrivain et un blogueur qui gagne à être connu.

Je vous invite à le découvrir et à communiquer avec lui :

Via son blog : Apprendre mieux

Et via sa page facebook : Bernard Lamailloux

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.