La métaphore du cake aux fruits confits

Cet article est dédié à Cyril et Victor, qui m'ont aidé à mieux comprendre pourquoi certains bons étudiants échouent en école d'ingénieur.

Dans notre échange à bâtons rompus sur les obstacles à la réussite scolaire, nous en sommes venus à inventer cette métaphore du cake aux fruits confits que je vais vous raconter maintenant…

 

Chapitre n°1 : le cours

 

Imaginez qu'on vous impose de suivre une UV de pâtisserie.

Bon, vous n'êtes pas forcément très motivé, mais vous voulez avoir votre UV.

(Je vous informe que cela me coûte d'envisager que vous puissiez ne pas être passionné par la pâtisserie. Pour ma part, j'adore manger des gâteaux presque autant que de les cuisiner…)

Bref, je suis désolée, mais même si vous n'aimez ni manger, ni cuisiner, vous allez devoir vous coltiner cette UV (un peu comme les démonstrations de maths, l'atomistique en Chimie ou les cours d'algorithmie).

Le cours d'amphi ne vous passionne pas : le prof enchaîne des informations sur les différentes farines existantes, l'effet que produit la levure chimique ou les blancs d'oeufs montés en neige sur l'épaisseur et le moelleux de votre gâteau et la variation du temps de cuisson de votre pâte en fonction de la chaleur du four.

C'est très rébarbatif. Une suite de données chiffrées, de définitions et de démonstrations sans exemple concret.

Vous faites donc des fiches de révision intitulées "les différents types de farine", "la cuisson des pâtes à gâteau" et "la levure chimique : pour ou contre ?".

Honnêtement, il faut vraiment que vous arriviez en TD pour que tout cela prenne un sens : quand vous pouvez enfin envisager concrètement l'effet produit quand vous remplacez votre margarine par du beurre dans une pâte à crêpes ou que vous goûtez un chou à la crème dont vous ne connaissiez jusque-là que la fiche technique.

 

Chapitre n°2 : les séances de TD

 

Evidemment, toutes les informations qui vous ont été données en cours ne trouvent pas à s'appliquer dans les exercices que l'on vous propose. Mais au moins, ces exercices-là, vous les comprenez.

Pendant plusieurs séances, on vous fait pratiquer la recette du "cake aux fruits confits".

Vous n'êtes pas fan des fruits confits mais vous vous accrochez.

C'est la première fois que vous suivez une recette aussi compliquée (ok, tout le monde n'est pas doué en pâtisserie…). Vous devez vous y reprendre à plusieurs fois pour attraper le tour de main, intégrer les astuces qui rendent certaines manoeuvres plus faciles à réaliser et gérer la cuisson.

Votre premier essai est très moyen mais vous persévérez. Et vous vous entraînez jusqu'à maîtriser chaque étape.

C'est là qu'arrive l'examen.

 

Chapitre n°3 : l'examen

 

Vous ne ressentez aucun stress. Vous êtes nickel sur vos révisions du cake aux fruits confits. Vos derniers cakes aux fruits confits ont été impeccables. Bref, le cake aux fruits confits n'a plus de secret pour vous.

Sauf qu'à l'examen, on vous demande de réaliser des macarons au chocolat.

Autant vous dire que vous êtes scandalisé !!!

Comment ça des "macarons au chocolat" ?!? Vous êtes désolé mais là on cherche à vous piéger. Que le prof s'explique ! Ce coup fourré est bien la preuve que l'équipe enseignante s'est liguée contre vous !

Vous travaillez, vous essayez de leur donner ce qu'ils veulent, et tout ce que vous obtenez en échange, ce sont des macarons au chocolat ?!?

Encore on vous aurait demandé un cake aux raisins secs, vous auriez pu composer. Vous auriez trouvé vos marques. Un simple tour de passe-passe entre les fruits et les raisins aurait suffit à vous remettre sur les rails. Mais là non, c'est vraiment de la triche (de la part du prof évidemment).

Donc, vous êtes bloqué dès la première étape…

 

Chapitre n°4 : la correction de l'examen

 

Vous sortez furieux de la salle d'examen.

C'est bien la peine de s'impliquer, de faire des fiches sur les farines et de manger des cakes aux fruits confits pendant trois semaines si au bout du compte, on vous balance des macarons sans prévenir.

Vous attendez votre prof de pied ferme au cours suivant. Il a intérêt à avoir une bonne explication à vous fournir.

Mais votre prof n'attend pas votre intervention pour reparler de l'examen. Il est lui-même très en colère et ne comprend pas pourquoi les étudiants n'ont pas su réaliser des macarons dignes de ce nom !

Un étudiant ose répliquer : mais nous, on s'attendait à du cake…

Du cake !?!!? répond le professeur interloqué. Mais moi j'attends de vous que vous réfléchissiez, pas que vous appreniez par coeur les exercices de TD.

S'en suit un jeu de questions-réponses qui met les étudiants de plus en plus mal à l'aise…

Le prof : je vous avais bien parlé de tous les ingrédients en cours !?

Les étudiants (prêts à en découdre) : oui, c'est vrai, MAIS…

Le prof : et la farine, je ne vous en avais pas parlé de la farine ?!?

Les étudiants (mal à l'aise) : oui, mais…

Le prof : et l'importance du temps de repos de la pâte avant la cuisson, je ne vous en avais pas parlé de ça peut-être ???

Les étudiants (penauds) : …

Le prof : quand on a fait la recette du cake aux fruits confits, vous n'avez pas cherché à faire de liens avec le cours ?

Les étudiants (silencieusement car dans leur tête) : le cours il est tellement ennuyeux qu'on n'a même pas pris la peine de le relire.

 

Epilogue

 

Beaucoup d'étudiants rencontrent des difficultés au moment des examens parce qu'ils mémorisent les "recettes" de résolution des exercices sans comprendre les notions sur lesquelles le raisonnement s'appuie.

Du coup, la méthode qu'ils ont mémorisée reste prisonnière du contexte de l'exercice.

Si l'exercice posé à l'examen "ressemble" à un exercice qu'ils ont déjà traité en TD, ils parviennent à le résoudre.

Mais si l'exercice est posé différemment de ce dont ils ont l'habitude, ils ne parviennent pas à faire de liens avec leurs connaissances.

Evidemment, certains étudiants font spontanément ces liens quand ils révisent. Ceux qui ne les font pas restent bloqués dès les premières questions…

Heureusement, il existe des méthodes de travail qui favorisent la mise en lien des informations et donc les capacités de réflexion.

Lesquelles ?

C'est ce que nous verrons dans un prochain article.

 

 

 

 

 

10 thoughts on “La métaphore du cake aux fruits confits”

  1. Permettez moi de continuer l'histoire, le semestre n'est pas encore fini !
     
    Chapitre n°5 : l'après examen
     
    Plusieurs possibilités s'offrent à vous :
    – Le premier examen est raté, vous n'êtes pas content, tout est perdu, vous échouerez à l'UV;
    – Le premier examen est raté, vous n'êtes pas content, tout n'est pas perdu, vous pouvez essayer de rattraper votre partiel par le final ! Vous vous dites, OK, c'est parti, je suis motivé. Motivé, oui, mais je sais que mon professeur va nous attendre au final. Ce dernier sera sans doute encore plus "difficile" que le partiel. Alors vous échafaudez de nouvelles méthodes pour parvenir au saint Graal, de réussir à votre final, épreuve qui regroupera non seulement les différentes sortes de farines, les différents temps de pose avant la cuisson mais aussi de nouvelles compétences à savoir les différents types du sucre, ce que l'on peut en faire, les températures caractéristiques d'ébullition, de filage, de caramélisation (de carbonisation aussi 😉 )… Et là, vous êtes devant une masse encore plus importante de connaissances, et vous savez qu'il faudra les ordonner d'une manière inédite.
     
    Chapitre n°6 : la préparation
     
    Vous en avez marre du cours, il est plus ennuyeux que jamais. Les TD, ça passe encore mais vous savez qu'il ne vous servirons pas grandement lorsque vous serez devant votre nouvelle épreuve.
    Vous décidez de partir à l'aventure, vous vous penchez sur la farine, on commence par les bases avant de partir pour du contenu plus dense. Et vous avez tout à fait raison. Vous achetez chez vous une douzaine de type de farine, vous lisez les étiquettes ou des recettes de pains, de gateaux sont écrites. Vous vous dites, c'est encore différent de ce que l'on voit en cours. Je vais me focaliser sur le cours. Et puis, tout de même, tiraillé par l'envie de savoir si en suivant ces indications vous arriverez à faire un bon cake aux fruits, vous vous dites "allez, c'est parti, j'essaie !" Et puis, 20 minutes après, le cake est dans le four, vous faites les cent pas devant votre four pour voir le résultat.
    16 minutes se sont écoulés, vous sortez le cake de votre four, et il est plutôt réussi.
    Vous en parlez avec des amis, vous vous rendez compte que vos amis ont aussi eu des tentatives fructueuses de leur cotés. Vous partagez ce que vous avez appris.
    Vous avez inventez un nouveau jeu : se lancer des défis de patisseries : le fraisier (c'est l'époque)… Peu de gens suivent ce jeu que certains jugent une perte de temps énorme à la place duquel ils peuvent sortir le soir. Mais votre groupe de trois mousquetaires continuent, s'acharnent et réussissent petit à petit à connaitre les influences des farines sur les desserts concocter.
     
    Chapitre n°7 : la confrontation
     
    Vous n'avez pas été prévoyant, vous avez mis un mois à affiner le choix de la farine, et il ne vous reste qu'une semaine pour voir tout le reste. Vous pestez parce que vous n'aurez pas le temps de tout réviser. Le "trio fraisier" aussi, il demande au professeur de repousser l'examen, les autres étudiants les soutiennent, ils ne sont pas plus avancés dans leurs révisions :
    les étudiants : "Monsieur, s'il vous plait, juste une semaine."
    Le professeur : "Je ne peux pas, c'est le final, la date est prévu depuis trois mois et puis, quelle idée de travailler sur la farine, vous auriez du le faire au début de l'année."
    les étudiants : "Oui mais on savait pas."
    Le professeur : "C'était pourtant mon premier cours, pourquoi n'avez vous pas travaillé ?"

    Les étudiants repartent, survollent chaque chapitre traité en cours pour pouvoir avoir une chance de réussir le final.
     
    Chapitre n°8 : l'examen final
     
    Le professeur : "J'ai été gentil, je voulais vous mettre la préparation d'une pièce monté en chocolat mais les professeurs de TD m'ont signalés que ce n'était pas vraiment de la patisserie alors vous aurez à préparer une pièce monté à base de choux à la crème et de caramel. Ca permet de voir la farine, le sucre et votre inventivité. Vous lutez ce n'est pas facile, et puis il faut faire une cinquantaine de choix pour réaliser une vraie pièce montée. Vous lutez avec le caramel car vous ne l'avez pas encore maitrisé."
    Vous sortez du final, vous êtes déçus, vous n'aurez pas l'UV, vous vous préparez à affronter le second jury.
     
    Chapitre n°9 : les résultats
     
    Les professeurs corrigent, se rendent compte de la catastrophe, 22% de réussite à l'UV, moyenne globale de 7,9. Ils décident d'abaisser la note d'obtention, ainsi 39% ont l'UV.
    Vous, étudiants, vous attendez, vous rongez les sang, et la semaine qui suit, les notes tombent. Certains ont l'UV, sont content mais n'ont pas vraiment l'impression d'avoir appris quelque chose, ils ont eu l'UV car ils ont réussi à faire une pièce montée qui tenait debout au final. D'autres n'ont pas l'UV, vont au second jury, restent dans l'école, reprennent le cours de patisserie, elle est obligatoire pour continuer.
     
    Epilogue
     
    Pour rester dans l'univers des analogies, et pour reprendre une analogie déjà faite :
    La formation est un escalier, les marches représentes les différentes UV à franchir, vous savez que vous aurez un effort à fournir pour monter les marches. Et quand vous êtes lancés, plus rien ne vous arrentent. Et puis en fait l'escalier que l'on vous a décrit, et bien ils n'est pas aussi homogène que ça, vous ne vous en êtes pas rendu compte mais certaines marches sont plus hautes que d'autres, d'autres sont plus longues, certaines marchent sont glissantes, et certaines marches ont encore bien d'autres défauts.
    On vous avait décrit un escalier homogène, avec une rampe pour se rattraper, des lumières pour éclairer les marches.
    Et quand vous commencez votre ascension, vous ne prenez pas garde aux marches, c'est une fois que vous êtes dessus que vous vous apercevez des difficultés à passer à la marche suivante. Et un beau moment vous vous arretez pour souffler, vous regardez la vue du haut de vos trois marches, et vous vous dites mais pourquoi n'ai je pas été prévenu de la véritable physionomie de cette escalier.

    1. Bonjour Maxime,

      Je trouve votre commentaire, votre filage de métaphore et vos analyses tout simplement géniales.

      Évidemment, les enseignants en prennent pour leur grade.

      Sachez qu’il y en a un certain nombre qui lisent ce blog. J’espère d’ailleurs qu’ils vous répondront ici même.

      Alors oui, les étudiants ne sont pas parfaits, mais les profs non plus.

      Freud disait qu’éduquer faisait partie des métiers impossibles.

      J’ai demandé l’année dernière aux « première année » quelles devaient être pour eux les qualités d’un bon enseignant : la liste est interminable (j’en ferai je pense un article tant c’est éclairant).

      Il faut être bon orateur, savoir s’adapter à chaque étudiant, maîtriser parfaitement tous les aspects de sa matière pour répondre aux questions, trouver les exemples, les métaphores et les explications pertinents, élaborer des évaluations qui évaluent juste comme il faut, ne pas être trop sévère, mais savoir tout de même « tenir le groupe », se rendre disponible et à l’écoute, mais ne pas assister non plus…

      Et alors, « c’est bien votre métier » me direz-vous.

      C’est vrai.

      Merci en tout cas d’attirer notre attention sur ce que nous avons encore à améliorer, et avec un humour et une finesse qui vous honorent.

      A bientôt,
      Hélène Weber

      1. Ce qui me dérange ce n'est pas tant la manière d'enseignement, je comprend très bien, les cours sont fait avec les meilleurs moyens possible et de toute manière, personne n'est parfait et heureusement ! Mais ce que je n'admet d'aucune personne, c'est de ne pas se remettre en question.
        Mais quand j'entends un professeur me répondre que s'il y a encore des coquilles dans son diapo et dans son poly, c'est parce qu'il n'a pas pu toutes les enlever, mais qu'il continue régulièrement à le faire alors que son poly comme son diapo est daté de 2009, là, je me pose vraiment des questions à savoir si l'on se moque de nous.
        Bien sur, il y a d'autres personnes qui investissent du temps et de l'énergie, qui tiennent compte du feed-back et de la demande des entreprises au point de vue des compétences, et ceux-la sont facilement repérables ! Ils discutent volontiers de la démarche qu'ils voudraient suivre.
        Mais si ma réponse laissait à penser ça, c'est dommage car ce n'est pas la dessus que je voulais répondre. Le message que je voulais faire passer était le suivant : pourquoi ne pas nous dire "Vous aurez des exercices différents de ceux vus en TD, qui reprendront fortement les connaissances du cours, et à travers lesquelles vous devrez faire preuve de réflexion."
        Cela fut peut etre fait au cours des nombreuses et lassantes présentations faites lors de la première semaine de cours mais je ne m'en souviens pas.

        1. Vous soulevez effectivement un point important : pourquoi les enseignants n’annoncent-ils pas plus clairement les modalités et les critères à partir desquels ils vont évaluer les étudiants ?

          Mais parce que « évaluer », ce n’est pas simple. Et mettre en évidence les critères à partir desquels on le fait encore moins.

          Je suis enseignante et je reconnais bien volontiers ne pas être irréprochable en la matière.

          Vous dites également, en gros, « que faute avouée est à moitié pardonnée ». Je pense que beaucoup d’enseignants pensent que s’ils reconnaissent une erreur, ils vont perdre leur crédibilité et leur autorité. Cela peut donner alors une image d’enseignant tout puissant (qui ne se remet jamais en question même quand il a tord).

          Vous semblez dire que cela a justement l’effet inverse de celui voulu.

          Sur tous ces points, je suis assez d’accord avec vous.

          En définitive, Maxime, dois-je comprendre qu’il faudrait que je m’adresse d’abord aux enseignants dans le cadre de mes posts, pour leur faire comprendre ce dont les étudiants ont vraiment besoin pour progresser ?

          à bientôt,
          Hélène Weber

          1. Bonjour,
             
            Et bien en fait oui, en partie.
             
            Je me suis longuement interrogé sur la question à savoir ce qui faisait qu'une relation se passe bien, mais aussi qu'une relation se passe mal. Je me suis interrogé sur la crainte que les individus pouvaient avoir les uns envers les autres. Est-ce que cela est suffisant pour expliquer qu'une relation se passe mal ? Je me suis interrogé pour savoir pourquoi la plupart des gens étaient hypocrites, ne complimentaient rarement et n'explicitaient aussi que rarement les défauts. Et je me suis rendu compte que ce n'était en fait pas que de l'hypocrisie.
             
            Et là, je me suis souvenu d'une citation vu l'année dernière d'un cher Kant : "Agis toujours de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin et jamais seulement comme un moyen". A un moment donné, l'un partage, l'autre écoute, et vis-versa. Ca pourrait se résumer à ça, une bonne relation. Et alors si l'un profite de l'un et ne donne rien à l'autre, se sert d'autrui seulement comme moyen, que se passe-t-il ? La relation se passe mal. Mais a qui est-ce que cela profite ? Sûrement à celui qui manipule mais pas forcemement. Dans l'enseignement français en général, je pense que nous sommes entrée dans une relation professeur étudiant assez dégradée, plus aucun des deux partis de profite de l'autre, il subit l'autre. A la fois l'étudiant qui n'a rien a faire de la plupart des cours qui lui sont enseignés et à la fois le professeur qui en a marre d'expliquer à des étudiants qui n'en ont rien faire. A qui la faute ? Le professeur…? L'étudiant…? Le système…? Sûrement un peu des trois…!
             
            Et c'est sur que si l'on souhaitait rétablir des relations "saines", il faudrait agir sur les trois à la fois…
             
            On prend souvent les exemples des cours ou ça ne marche pas, prenons pour une fois l'exemple ou ça marche ! Les cours d'anglais dispensés. (mais ça vaut aussi pour d'autres cours, souvent dispensés en petit groupe d'ailleurs.) La plupart des étudiants souhaitent apprendre l'anglais, pour différentes raison, obligation pour certains mais surtout envie, parce que l'anglais c'est important. Aujourd'hui l'anglais ne nous permet plus d'ouvrir des portes, il nous en ferme (effet pervers de la mondialisation ?). Et les professeur sont  plutôt content de venir. Alors quelles sont les clefs de ce succès ? Pas de fiche de présence ? (Oui, ok mais si l'on fait ça dans d'autres cours, il n'y a que 40/60% de présence.) Une relation "saine" ou rien n'est caché ? (toutes modalités expliqués, aucune surprise : déjà évoqué) Une relation ou le professeur peut aussi apprendre des étudiant ? Et c'est sûrement sur ce point que j'insisterais le plus. Avec ma professeur, cette année, on a pu discuter de séries TV, de téléphonie, de divertissement (alors certes, c'est plus facile dans une UV ou l'on enseigne une forme de communication, et qui est plus difficilement applicable dans des cours plus théoriques). C'est une relation que je qualifierais de réciproque.
             
            Et puis… et puis… et puis.. ces absences, à force de vouloir essayer d'agir sur la présence (qui n' a selon moi qu'un effet mineur sur la réussite (autodidacte ?)). Le système stigmatise les absents. Et le pire, c'est que c'est parfois de manière tellement implicite, que ça rend la chose vicieuse). En france s'est tenu un débat sur l'utilité de la double peine, c'est ici au moins la quintuple peine qu'il faudrait remettre en cause…
            => Stigmatisé par le fait d'être fiché à la fois comme mauvais élève, sécheur, mais aussi comme "vacancier" etc…
            => En plus d'être fiché, un absent, à quand même plus de mal que les autres pour avoir accès au cours. Deuxième pénalité.
            => On privilégie les présents, ici j'attire l'oeil sur deux UV notamment enseignés à l'UTT : quel idée de ne donner qu'aux derniers présents qui viennent juste avant les finaux la quasi intégralité du contenu du final ? Est-ce vraiment ceux qui en ont le plus besoin ? Et puis alors, quelle idée de faire un cours en amphi, de mettre les diapos sur Internet et d'enlever le contenu qu'il faut savoir maitriser pour que les absents n'y aient pas accès ?
            => Et dans la manière, on privilégie les "bons", il y a quand même fort : les "bons" ont le droit de ne pas assister aux amphis. Mais quelle idée de dire une chose pareil à part stigmatiser un peu plus les étudiants qui ont des difficultés ? Et puis au fond, ceux à qui est adressé le messages viennent en cours ! Pourquoi continuer à tenir ce genre de discours ???
            => Et puis, on a un effet inverse dans une UV que j'ai suivi le dernier semestre : le cours est tellement perturbé que certains élèves  ne viennent plus en cours parce qu'ils ne retiennent rien (alors premièrement ça ne profite pas à ce qui voudraient suivre mais c'est surtout à ceux qui voient le cours comme un divertissement que ça ne profite pas, non ?)
             
            La stigmatisation a toujours l'effet inverse de celui voulu. Au lieu d'adopter l'idée de vouloir a tout pris faire rentrer tous les élèves dans tous les amphi, ne seraient-ils pas plus intéressant de se poser la question : "Mais pourquoi est-ce que les étudiants ne viennent-ils pas en amphi ?"
            Alors bien sur, je ne dis pas qu'il faut encourage l'absentéisme, mais… des étudiants s'en sortent très bien sans venir en cours…
             
            Et quand bien même une fois le problème réglé, s'il reste des absents, pourquoi ne pas chercher à faire passer le cours d'une autre manière (Moodle), méthode déjà pratiqué dans la plupart des cours obligatoire.
             
            Alors certes, certes, certes, certains me répondront que c'est de la faute des étudiants qui ne viennent pas s'ils n'ont pas le cours. Et donc que l'on ne va pas s'embêter à essayer "d'assister" ces absents pour qu'un nombre infime d'entre eux réussissent. Je n'aurais qu'une chose à dire : sortez de cette boucle perverse, vicieuse, égoïste et stigmatisante qui ne profite à personne !
             
            Cordialement,
            Maxime

  2.  
    Maxime,
    J’aime beaucoup la façon avec laquelle tu termines la métaphore… Ta description est tellement proche de la réalité… Difficile en effet de cerner la manière avec laquelle il faut aborder chaque UV, lorsque certaines se prêtent au par cœur, d’autres non, d’autres font appel aux deux…  Je pense que, lorsqu’on rate le premier examen, qu’on n’obtient pas son UV, on est plus motivé que jamais, prêt à fournir plus d’efforts, sans soupçonner les « imperfections » de cet escalier de la formation. On essaye donc de rectifier le tir : on travaille davantage, on se concentre sur tel aspect du cours plutôt qu’un autre, on le met parfois carrément de côté, se concentrant sur les TP…pour se rendre compte que les compétences sur lesquelles on est examinés en examen ne correspondent pas à ce qu’on faisait en TP, qu’on a adopté une méthode de travail pour une UV qui ne s’adapte pas aux autres UV… Au final, les examens passent, nous laissant perplexe, avec le sentiment de ne pas avoir fourni les efforts qu’il fallait… et de s’être pourtant beaucoup investi…
    P.S : et non, le semestre est bel et bien fini, malheureusement !

  3. Excellente, la métaphore du cake aux fruits confits ! C'est très parlant.
     
    On comprend parfaitement ce que veut le professeur (réfléchir = savoir utiliser la théorie pour résoudre n'importe quel problème) et la problématique de l'étudiant : la théorie est rébarbative et il commet souvent l'erreur de ne s'exercer à fond que sur un type d'exercice).
     
    Par contre, vous concevez bien que pour réaliser parfaitement le fameux cake aux fruits confits, il a fallu à l'étudiant plusieurs essais.
     
    Pour résoudre un problème, il faut :
    1) maîtriser la théorie :
    2) automatiser la connaissance par le biais d'exercices répétitifs.
     
    La seule connaissance théorique ne suffit pas.
    Exemple : il ne suffit pas de connaitre le code de la route pour savoir conduire.
     
    Donc, même si l'étudiant a parfaitement compris la théorie, n'est-ce pas vache de la part du prof de lui donner comme sujet d'examen, un exercice complètement nouveau, qui exige connaissances théoriques et "automatisation" parfaitement maitrisée ?
     
    En effet, l'étudiant, face à la problématique "réaliser un cake au chocolat", va se trouver dans la même situation que la première fois où il devait faire le cake aux fruits confits…
     
    La différence entre "bon élève" et le mauvais se joue donc, dans ce cas, entre celui qui sait  automatiser rapidement son savoir et celui qui a des facultés moindres dans ce domaine.
     
    Ma question est : comment augmenter sa capacité à "automatiser"?? Je ne parle pas de la capacité à comprendre un théorème…
    Bref, comment s'entraîner à devenir rapide dans l'exécution de choses toutes nouvelles ??? 
    Même s'il existe une méthodologie sur la façon de solutionner des problèmes, je ne suis pas sûr que la rapidité dans ce domaine, s'acquiert… mais peut-être que je me trompe.
     
     

    1. Bonjour,

      Votre analyse est passionnante, tout comme la question que vous posez : comment progresser dans sa capacité à trouver des solutions à des problèmes nouveaux ?

      Je donne des réponses à cette question dans l’article suivant : « Vous travaillez mais les résultats ne suivent pas…d’où vient le problème ? »

      Pour trouver rapidement des solutions dans des situations nouvelles, il faut que vous soyez capable de faire des liens entre la situation et vos connaissances. Plus vous serez compétente dans votre domaine et plus ces liens se feront rapidement.

      Par contre, une compétence s’acquière progressivement.

      Comme vous le dites, il faut d’abord :

      – comprendre (le théorème, la notion…)

      – s’exercer à l’utiliser (répétition d’exercices) : vous donnez l’exemple du code de la route qui est tout à fait pertinent. Avec mes étudiants en école d’ingénieur, je leur donne l’exemple des formules de trigonométrie : vous pouvez parfaitement savoir qu’une formule de trigo est nécessaire pour simplifier une équation, si vous ne les connaissez pas ET que vous ne vous êtes pas entraîné à les utiliser, vous ne vous en sortirez pas.

      – s’entraîner à faire des exercices inédits : vous êtes alors confrontée à cet objectif de devoir non pas appliquer une méthode, mais rechercher l’outil qui vous sera utile (j’évoque ce travail d’analyse particulier dans l’article suivant : Le point commun entre un exercice de maths, une dissertation de philo et Zelda 64).

      Une étudiante m’a raconté l’année dernière comment elle préparait en groupe ses exos de TD de maths. A trois ou quatre, ils se mettaient autour d’une table, lisaient la question posée et faisaient un genre de brainstorming.

      L’un des exercices demandait de démontrer qu’une suite était convergente ? Ils se demandaient alors quels étaient les outils à leur disposition dans le cours pour répondre : quels théorèmes, définitions ou autre parlaient de la convergence dans leur cours ?

      Ils en répertoriaient plusieurs. Puis ils déterminaient lequel utiliser en repérant quelles étaient les données fournies dans l’énoncé ou les réponses aux questions précédentes.

      C’est l’acquisition de cette gymnatisque de l’esprit qui permet de progresser dans la résolution de problèmes.

      Qu’en pensez-vous ?

       

      A bientôt,

      Hélène

      1. Bonjour,
        merci pour votre réponse. Je suis allée voir les liens cités.
        Qu'est-ce que j'ai ri à la lecture de ceci…
         
        "Les étudiants que j'accompagne en école d'ingénieur ont tous traversé le lycée comme moi Zelda sur Super Nintendo.
        Un théorème. Un exo d'application (fastoche). Un exo plus compliqué (on fait comment ?). Correction par le prof (ah ben c'est trop fado en fait). Je révise l'exo compliqué. L'exo compliqué tombe au contrôle. L'exo compliqué tombe au bac. Mention.
        Et puis j'arrive en première année d'école d'ingénieur.
        Premier cours : quinze définitions, douze thèorèmes (et leurs démonstrations).
        Deuxième, troisième….quatorzième cours : idem.
        Séance de travaux dirigés : des exos compliqués. La correction ? Compliquée aussi.
        Les révisions : 80 définitions, 70 théorèmes (et leurs démonstrations). Des exos de TD dont vous n'avez pas compris la moitié des corrections…
        Le partiel : vous êtes dans une salle que vous n'avez jamais vue, des lianes tombent du plafond et un promontoir en pierre vous nargue au milieu des statues.
        Vous ne savez pas maîtriser la moitié des outils que vous avez avec vous : de toute façon, vous en avez oubliés beaucoup, certains sont flous, d'autres ne vous seraient utiles que dans certaines circonstances très précises.
        Vous tentez donc de vous servir de ceux que vous connaissez le mieux : toutes les portes restent fermées. 
        Vous tournez en rond autour du promontoir jusqu'à la fin du temps imparti.
        GAME OVER"
        C'est tellement cela…
        Vos conseils sont vraiment très très judicieux. Je vais les lire plus en détail et m'entraîner. Quel dommage qu'il n'existait pas lorsque j'étais moi-même étudiante mais je m'en servirai pour mon fils…
        Je découvre tout juste votre blog et laissez-moi vous dire qu'il est vraiment excellent. Il est aussi "professionnel" que drôle. Vous écrivez très bien. Le style est très dynamique. En outre, il est très positif. La réussite n'est pas réservée aux QI de 150 !!
        J'ai adoré votre récit d'élève de prépa. J'ai bien ri. On s'y croirait ! 
        Bravo.

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