Saisir l’essentiel des Mind maps de Vincent Falconieri

[Etudiant à l’INSA Lyon, j’ai participé en tant qu’élève à une conférence d’Hélène Weber au sein de cette école d’ingénieur. Après un déclic concernant les mind-maps lors de cette conférence, j’ai utilisé cette méthode pendant le reste de mes études, écrit un livre, et partage aujourd’hui ma petite expérience autour du sujet. Sur invitation d’Hélène, j’écris cet article pour conter la démarche et l’impact que cela a eu sur ma manière d’apprendre.]

Alors que j’étais étudiant en première année dans une grande école d’ingénieur française, après seulement quelques semaines dans l’enseignement supérieur, mes méthodes de lycéens ne tenaient plus la route. Les difficultés s’accumulaient : les pages de notes, l’incapacité et la démotivation à tenter de les relire et de les comprendre, la difficulté à noter ce qui était dit par le professeur, apartés et détails compris…

Bien en a pris l’INSA, une conférence d’Hélène Weber de méthodologie nous a été proposée. L’un des meilleurs choix dans ma “carrière d’étudiant” a été d’y assister.

Au détour de quelques slides, et compris dans bien d’autres informations pertinentes, j’ai entraperçu des exemples de Mind Maps. Basiquement, les cartes mentales (ou Mind Maps) sont des schémas constitués de flèches, de textes, de dessins. A cette époque ce fût donc un petit déclic : l’idée simple de réunir ses connaissances en une vue unique me plaisait.

Les quelques exemples trouvés à l’époque sur donnezdusens.fr 


Malgré un manque d’exemples, de méthodes de travail décrites dans les livres traitant du sujet, et d’explications sur la manière dont elles peuvent être utilisées dans un cadre scientifique, j’ai conservé cette méthode durant toute ma scolarité dans le supérieur.

A force d’essais et d’erreurs, d’utilisations dans des cadres divers et variés (présentation, apprentissage de cours, fiches de révision, travail en équipe…) j’ai établi ma petite méthode d’utilisation des Mind maps, systématique et relativement simple.

De nombreuses personnes étaient et sont toujours étonnées en découvrant cet outil. Les professeurs et les autres étudiants viennent souvent “jeter un oeil” par curiosité concernant la manière dont je prends mes notes. Rendez-vous compte : j’utilise mes feuilles en format paysage, avec des flèches et des schémas, au lieu d’une prise de notes linéaire !
Outre la plaisanterie, cela laissait transparaître un réel intérêt autour de moi pour cette méthode. A partir des questions qu’on me posait souvent, de mes réponses et des réactions auxquelles j’ai eu droit, j’ai donc écrit un livre. C’est ma méthode, que je partage dans ce livre, avec quelques réflexions autour du “pourquoi ça marche”.

Rapide comparaison entre les principes de la mémoire utilisée avec des fiches classiques et des fiches “schématisées” comme des mind-maps.


J’ai été globalement déçu des livres traitant du sujet antérieurement. De la même manière que je suis relativement déçu des logiciels de mind-mapping, je trouvais que les explications des livres étaient lacunaires et peu pertinentes face à ce dont j’avais besoin.

J’avais envie qu’on m’explique quoi faire, comment faire, comment les utiliser dans mes cours. Je ne trouvais que des explications à propos de “la manière de dessiner des flèches” et des éloges sur la méthode, sans jamais vraiment aborder le concret : Comment dois-je faire pour “réussir” mes cours, Mind maps à l’appui ?

Finalement, mon livre correspond à ce que j’aurai aimé lire à l’époque où j’ai commencé ma scolarité. Notez qu’à posteriori, j’aurais aimé utiliser cette méthode avant le supérieur. L’intérêt est moindre dans le secondaire, mais je pense que cela est tout aussi pertinent.

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L’écriture en elle-même de l’ouvrage m’a beaucoup apporté. Il m’a été nécessaire de questionner ma manière de travailler. Poser des mots sur ce que je faisais n’était pas simple. Il m’a fallu plusieurs versions d’explications pour aboutir à une explication claire. Un processus d’extériorisation qui a pris du temps… mais m’a également fait comprendre la complexité de la transmission d’une méthode.

Deux grands aspects sont abordés, en dehors des recherches complémentaires :

  • Comment créer une mind map, à partir de documents, de cours, etc.
  • Comment utiliser les mind maps dans un cadre plus large, depuis le premier cours jusqu’à l’examen.

Du côté des élèves, les mêmes aspects négatifs et positifs reviennent souvent.

Du côté positif, les élèves pensent souvent que les mind maps sont “plus claires”, “plus synthétiques”, “plus visuelles”, “plus faciles pour tisser des liens”, “plus rapides”.

Du côté négatif elles ne sont “pas adaptées“, “inadaptées aux matières scientifiques”, ”brouillonnes”, “pas assez structurées”, “manquent de clarté”, “une perte de temps”, “inefficaces“ ou “trop complexes à maîtriser”.

Personnellement, sans donner un avis tout blanc ou tout noir, je suis à peu près convaincu de deux choses :

  • Le changement de méthode de travail fait peur aux élèves. C’est long, incertain, impressionnant et inquiétant. En bref, c’est un pari que tous les élèves ne sont pas prêts à prendre.
  • Les mind maps demandent un investissement en temps toujours récompensé, une fois la méthode assimilée. Ce n’est pas tant le temps nécessaire, mais le ratio temps/compréhension qui est pertinent. Passer quelques heures à construire une mind map n’est “rien” si cela permet de comprendre un cours entier. (Vous épargnant des heures de révisions à s’endormir devant des fiches bristol…)

Les mind maps ou toute méthode à base de schématisation reposent sur une compréhension fine du cours. C’est là la valeur de telles méthodes : se forcer à se poser des questions.

Les questions que les autres étudiants me posent souvent portent sur la manière de les construire, de les lire et de les utiliser. Ces points sont donc abordés dans mon livre.

Du côté des professeurs, une question qu’on me pose souvent est celle de la transmission : Comment motiver les élèves et leur transmettre de nouvelles méthodes ? En particulier si les méthodes sont censées être plus efficaces !

Pour moi, plusieurs points sont importants et sont parfois oubliés :

  • Montrer une méthode, sans l’imposer
  • Montrer des exemples
  • Montrer les conséquences

Je ne veux forcer personne à changer sa méthode de travail. Même si j’apprécie particulièrement les Mind maps, même parmi mes amis, je ne cherche pas à forcer quelqu’un à changer sa méthode. Tout d’abord, parce que ce n’est pas nécessaire : la curiosité les poussent généralement à essayer par eux-mêmes, lorsqu’ils se sentent prêts. Ensuite, parce que la méthode doit être intériorisée, légèrement adaptée par et pour eux-mêmes, pour être utilisée. Imposer ma méthode ne fonctionne simplement pas.
Quel plaisir, au contraire, une fois qu’un ami m’envoie des photos de sa “première carte” qu’il a fait dans son coin. Il a eu le droit à l’erreur, il l’a faite tout seul, pas exactement de la manière dont je la fais, mais peu importe : il a pu sentir, lui-même, pourquoi c’est pertinent et efficace.

Les exemples sont également motivants. Les exemples de cartes “pour voir comment c’est fait” mais aussi les exemples humains. Chance en est, j’en suis un : ma méthode fonctionne très bien pour moi depuis environ 5 ans, dans des environnements variés (à l’INSA, en cursus d’études à l’étranger, en entreprise…), dans des situations variées (apprentissage de cours, notes sur un livre, notes sur une conférence, préparation de présentation, préparation d’examen…). Les résultats sont là.
Une critique régulière qu’on me fait est que ces résultats ne sont pas dûs qu’aux mind maps, mais également au temps passé à travailler et à ma motivation. C’est tout à fait vrai. Mais tout se tient : je ne serais pas aussi motivé et je ne passerais pas autant de temps à travailler, sans une méthode pour laquelle je sais que les résultats seront au rendez-vous.

De nombreux témoignages d’élèves (résumés présents dans mon livre) font état d’étudiants travaillant plus que moi, pour des résultats très très inférieurs. C’est à ce genre d’élève que cet outil doit être présenté. Certains étaient des amis, et j’ai pu constater leur temps passé à travailler, à relire des fiches écrites de plus en plus petit, à ne pas se souvenir de détails qui font tout leur sens si on comprend ce qu’il y a derrière, à ne pas faire de liens – pourtant évidents avec une Mind map – entre des concepts…

A noter que certains s’en passent très bien. J’ai également l’exemple d’élèves qui réussissaient mieux que moi, en travaillant moins, et sans mind map.

Il est donc également important de montrer la réussite et les conséquences de l’utilisation des Mind maps.

Lorsque je peux reprendre un cours que j’ai suivi il y a 4 ans, en 15 minutes, et résoudre un exercice de ce cours dans la foulée, je pense que c’est grâce à la facilité de réactivation des Mind maps.

Une fiche de physique (courants & champs) .. pas besoin de livre pour dessiner de jolies flèches 🙂

Lorsque je construis en quelques heures un cours “résumé” de mes 6 mois de cours à ETH Zürich, en 175 diapos (environ 3 heures de présentation), à partir des Mind maps que j’ai faites là bas, je pense que c’est grâce à la capacité de condensation des Mind maps.

Lorsque je prépare le fil d’une intervention orale, en faisant une petite mind map sur une feuille A5, des thèmes que je vais aborder et de leur ordre, je pense que c’est grâce à la capacité d’écrire de manière concise des idées sur une Mind map. L’intervention est plus fluide, plus claire, je lis moins mes notes (tout simplement parce qu’il y a moins de notes) et les spectateurs sont ravis.


Le sujet est vaste, car il est lié à de nombreuses autres problématiques, comme la métacognition, l’apprentissage, la sociologie, le fonctionnement du cerveau, la neurobiologie, etc.

Finalement, grâce à cette étincelle donnée par Hélène Weber à l’époque, j’ai eu un grand plaisir à parcourir ces années d’enseignement supérieur, à comprendre et à apprendre. Aujourd’hui, j’ai la chance de livrer ce petit témoignage, sur ce blog que je lisais à l’époque en quête – notamment – d’exemples de Mind maps.

C’est donc sur la forme une belle histoire qui s’est dessinée.

J’espère que ce livre, et ces informations, pourront autant aider les étudiants que les professeurs, en quête d’une méthode de modélisation de leurs connaissances.

Voici une vidéo qui présente Vincent en train de réaliser une Mind map :

N’hésitez pas à me contacter : https://www.linkedin.com/in/vincentfalc/ 

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