Cette série d'articles correspond à mon résumé du livre de Joshua Foer intitulé "Aventures au coeur de la mémoire", publié aux éditions Robert Laffont en 2012.
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10- Existe-t-il des différences structurelles entre le cerveau des mnémonistes et celui des autres ?
En 2000, Eleanore Maguire, une neuroscientifique du University college de Londres, s’intéressa aux athlètes mentaux pour voir si leurs cerveaux différaient structurellement de celui des autres, ou s’ils faisaient simplement un meilleur usage des capacités de mémorisation que nous possédons tous.
Aucune différence structurelle ne fut relevée.
Par contre, des IRM montrèrent que les athlètes mentaux, lorsqu’ils mémorisaient, n’activaient pas les mêmes circuits neuronaux que les sujets de contrôle.
Ils faisaient appel à plusieurs zones du cerveau connues pour participer à deux tâches spécifiques : la mémorisation des données visuelles et l’orientation dans l’espace.
Les procédés mnémotechniques utilisés par les mnémonistes les amenaient à réaliser consciemment les opérations suivantes :
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– Convertir chaque information à mémoriser en image,
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– Disposer ces images dans des espaces et le long de trajets qui leur sont familiers.
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Ce que S. faisait intuitivement, les athlètes mentaux le faisait volontairement et consciemment.
11- Une méthode pour rendre n’importe quel nom mémorisable
Comment se souvenir des noms de toutes les personnes que vous rencontrez ?
Il s’agit d’associer les sons du nom à retenir avec quelque chose que vous pouvez visualiser simplement dans votre esprit.
Il faut créer une image vivante qui ancre le souvenir du visage de la personne au souvenir visuel que vous associez à son nom. Cette méthode est une forme de synesthésie volontaire.
Ce moyen mnémotechnique prend tout son sens lorsque l’on s’intéresse à ce qui fut nommé le paradoxe « boulanger/Boulanger ».
De quoi s’agit-il ?
Si vous rencontrez une personne qui s’appelle M. Boulanger, il y a de fortes chances pour que vous mémorisiez bien moins facilement son nom que si l’on vous indique que boulanger est son métier.
Pourquoi ?
On se souvient du métier parce qu’il induit la production immédiate d’images visuelles. Le nom Boulanger n’est rattaché qu’au souvenir du visage de la personne (lien plutôt mince), alors que le métier « boulanger » permet la création d’une multitude de liens sur lesquels tirer pour ramener le souvenir.
Quel est le secret des mnémonistes pour l’épreuve des noms et des visages ?
Transformer les Boulanger en boulangers.
L’usage des procédés mnémotechniques conduit à considérer que n’importe qui est capable d’améliorer sa mémoire, que les pouvoirs de S. sont latents en chacun de nous et n’attendent que d’être exploités.
12- L’expert des experts
K. Anders Ericsson est professeur de psychologie de l’université d’Etat de Floride.
Il attira l’attention de Joshua Foer sur un article intitulé : « Les mémorisateurs d’exception : rien d’inné, tout est acquis ».
Les travaux de ce chercheur visent à mettre en évidence quel serait le facteur (s’il en existe un) qui ferait la différence chez toute personne qui maîtriserait une activité donnée et améliorerait ainsi sa mémoire des caractéristiques de cette activité.
Quel est ce facteur ? Peut-il être généralisé, d’une manière ou d’une autre, de telle sorte que nous puissions tous l’acquérir ?
Ericsson est probablement le plus grand expert mondial des experts.
Les experts traitent les informations captées par leurs sens de façon beaucoup plus sophistiquée que les non-experts. Ils sont capables de surmonter une des contraintes les plus fondamentales du cerveau : la magie du chiffre 7.
13- La magie du chiffre 7
En 1956, un psychologue de Harvard nommé George Miller publia un article qui allait devenir un classique de l’histoire de la recherche sur la mémoire : « la magie du nombre 7 (plus ou moins 2) : certaines limites de notre capacité de traitement de l’information ».
Cet article mettait en évidence que nous ne pouvons avoir qu’environ 7 choses à la fois à l’esprit.
Cette capacité correspond à notre « mémoire de travail ».
Ce qu’il faut comprendre, c’est que si chacune de nos sensations ou pensées était aussitôt classée et intégrée à l’énorme base de données qui constitue notre mémoire à long terme, nous serions noyés, comme S. dans une masse d’informations sans intérêt.
Les choses nous échappent, systématiquement, à moins que nous ne les ressassions.
Mais pour la très grande majorité d’entre nous, c’est la « magie du nombre 7 » qui détermine la contenance de notre mémoire de travail à court terme.
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