Témoignage de ma deuxième année d’Histoire à la Sorbonne (partie 2)

Dans cette série d’articles, je vous raconte mon parcours scolaire après le bac…

Si vous souhaitez commencer par le début : cliquez ici (mon année d’Hypokhâgne).

Si vous souhaitez commencer par la partie 1 de cet article sur ma deuxième année d’Histoire à l’Université : cliquez ici.

Comment travailler à l’Université pour que ça marche ?

Eh bien, quand vous venez comme moi de classe préparatoire et que vous avez fait des efforts pour comprendre ce que l’on attendait de vous et progresser, je dois reconnaître que vous ne vous posez pas vraiment cette question.

Pourquoi ?

Parce que « ça marche » de nouveau sans que vous ayez à vous la poser…

C’est nul pas vrai ?

Je vous raconte en long, en large et en travers combien j’étais piteuse en classe prépa…et maintenant que j’obtiens de nouveau de bons résultats sans trop me forcer, je vous lâche lamentablement.

C’est vrai, c’est nul.

En plus, ce n’est pas complètement juste.

Car si j’obtiens effectivement un 17/20 en dissertation d’Histoire contemporaine, un 15/20 en Sociologie et un 18 en statistiques (ben oui, mais j’ai un bac scientifique option mathématiques, alors les stats, ce n’est pas trop compliqué pour moi…), j’ai une note en dessous de la moyenne en Histoire Antique et des notes tout juste passables en Histoire Moderne et en Histoire du Moyen-Age.

Et je me vautre littéralement en Histoire de l’art (5/20 à l’oral et 2/20 à l’écrit…merci l’Université de compenser nos UV entre elles).

Et c’est là que j’ai une grande révélation : quand ça ne m’intéresse pas, je ne fais plus d’effort. 

Quand j’écris comment tout cela s’est passé, de cette façon-là, j’avoue que je me déprime moi-même. Mais je dois reconnaître que j’ai senti progressivement ma motivation décliner dès lors que je devais travailler des matières dont le contenu ne m’intéressait pas particulièrement.

Je dois aussi avouer que la manière d’enseigner de certains de mes profs ne m’était pas d’une grande aide.

D’où la question existentielle suivante : « comment la motivation vient-elle aux étudiants ? »

Je peux vous garantir que beaucoup d’enseignants cherchent inlassablement la réponse à cette question (je sais de quoi je parle, je me la pose tout le temps !).

Aujourd’hui, je pense qu’il s’agit d’une rencontre : ce que l’enseignant « propose » vient répondre à un questionnement suscité ou déjà présent chez son public. Je lis un livre parce qu’il aborde un sujet qui m’interpelle. Je regarde un film parce que les personnages vivent des histoires qui me concernent. J’écoute un enseignant qui sait m’amener à me poser des questions qui m’intéressent…avant de me proposer des réponses.

Parfois, l’enseignant est motivé, passionné, clair, pédagogue et attentif aux étudiants, et pourtant, je ne parviens pas à m’intéresser à ce qu’il raconte (c’est rare mais cela arrive). Il faut que je me sente personnellement concernée par ce qu’il expose.

C’est évidemment partiel et partial.

L’ennui pendant les cours…et la flemme de se mettre au travail

Chaque jeudi matin, je dois me lever à 6h30 pour être en cours à 8h. Amphi d’Histoire Moderne.

Chaque jeudi matin à 7h10, j’entre dans mon métro pour parcourir toute la ligne jusqu’au terminus.

Je m’endors régulièrement dès la troisième station…jusqu’au terminus, où une âme bienveillante prend soin de me secouer l’épaule pour que je ne reste pas bloquée dans le wagon.

Une fois, je me réveille au moment où les portes se referment (véridique). Aucune âme bienveillante n’a pris soin de me secouer (gloups). Je me lève donc en catastrophe (mes cahiers se répandent sur le sol) et je commence à tambouriner sur la vitre pour que quelqu’un me fasse sortir.

Tranquillement, le métro redémarre pour aller stationner dans un tunnel. J’attends nerveusement.

Puis le métro repart pour effectuer son trajet en sens inverse. Les portes s’ouvrent. Je sors halletante, comme si j’avais échappé au pire (rester bloquée une heure dans un métro vide).

Je me presse pour arriver à l’heure à mon cours. Je m’assieds au milieu de l’amphi (pas trop près de l’estrade, du tableau et surtout du prof). Et je me rendors au bout de 6 minutes (à peu près).

Bref.

J’ai gravement pris conscience que je ne pouvais pas, physiquement parlant, lutter contre la fatigue et l’ennui.

Je m’endormais dans le métro. Je m’endormais en amphi. Je m’endormais même en TD.

Aujourd’hui, je serais mortifiée qu’un étudiant s’endorme dans un de mes cours. Pourtant, quand j’en vois un qui décline, une secrète bienveillance m’envahit…

Je me demande alors constamment comment je peux faire pour en garder le maximum réveillés. Même si je sais que si certains paramètres dépendent de moi (ma propre motivation, le sérieux avec lequel j’ai préparé mon cours, les méthodes pédagogiques que j’utilise…), d’autres sont hors de ma portée et parfois même de mon imagination (la motivation de l’étudiant à assister au cours, la façon dont il gère son sommeil, les choix qu’il fait pour concilier travail et loisirs…).

Pour autant, la fatique et l’ennui constituent-ils les seules causes de mes mauvais résultats dans certaines UV ?

Les trois matières dans lesquelles j’obtiens mes meilleurs résultats sont effectivement l’Histoire contemporaine, la sociologie et les statistiques. Mais mes écrits ne sont pas pour autant irréprochables, loin de là.

Pourtant, la motivation aidant, j’ai à coeur de comprendre avec précision ce que mes enseignants attendent et je prête une oreille attentive à leurs conseils.

Lorsque vous maîtrisez les critères d’évaluation, c’est tout de même bien plus facile de travailler efficacement.

A ce moment-là, les règles de la dissertation et du commentaire de texte sont encore un peu floues. Je ne fais pas de fiche de révision (en bonne « auditive », lire mes cours me suffit à les mémoriser). Je ne connais pas les Mind maps. Je ne sais pas comment fonctionne ma mémoire.

J’y vais à l’instinct. Je teste diverses stratégies. Finalement, obtenir de très bonnes notes dans les matières que j’aime et de moins bonnes dans celles qui m’indiffèrent me satisfait. Et je ne cherche pas plus loin.

Pourtant, mes études n’ont pas encore le sens qu’elles devraient avoir. Pourquoi faire des efforts si l’on ne visualise pas ce que ces efforts nous permettront d’atteindre comme objectif ou de réaliser comme projet ?

Mon changement de cursus 2 (le retour)

En fait, je n’ai pas encore de projet. Pour la troisième année consécutive, je choisis donc une orientation en fonction de mes goûts. Et que faire quand on aime l’Histoire contemporaine et la sociologie ?

En faisant quelques recherches, je découvre que l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne propose un cursus de Science politique qui débute au niveau Bac+2. Les DEUG d’Histoire sont les bienvenus pour postuler. Et je suis admise.

Au programme : Histoire contemporaine, sociologie, épistémologie des sciences de l’Homme, droit constitutionnel, vie et droit parlementaire, finances publiques et science administrative.

Sympa non ?

Eh bien je vais vous raconter…

…l’aventure de mes premiers entretiens de recherche en tant qu’apprentie-sociologue…

…mes feintes pour faire comme si j’avais lu Le Monde toute la semaine alors qu’il n’en est rien…

…les profs, toujours les profs et encore les profs…

…mon projet de formation qui commence à se préciser…un peu…

11 thoughts on “Témoignage de ma deuxième année d’Histoire à la Sorbonne (partie 2)”

  1. Vous parlez de votre parcours avec beaucoup d’enthousiasme. C’est très agréable…et très instructif!

    Au plaisir de vous lire de nouveau

    Bien à vous,

    Saïda

  2. Je suis votre blog avec beaucoup d’intérêt. Cette série sur votre parcours scolaire dans le supérieur est très intéressante, merci beaucoup

  3. Merci beaucoup pour ce témoignage , ça m’a appris beaucoup de choses.J’espère que vous allez continuer à nous raconter la suite que j’attends avec impatience !!

  4. Je suis une bonne terminale s, qui ne se foule pas trop et préfère les matière littéraires, qui veut aller en prépa littéraire sans trop avoir quoi faire après…alors vous n’imaginez pas à quel point vos articles me parlent ! Tout ce que vous dites, j’ai l’impression que c’est écrit pour moi ( par moi ?) ! Merci pour ce témoignage, je ne sait pas si il est encourageant mais il est au moins très éclairant …j’attend la suite avec impatiente

    1. Bonjour,

      Je vous remercie beaucoup pour votre message.

      J’espère avoir le temps bientôt de reprendre le cours de ce récit.

      Très bonne continuation à vous,

      Hélène

  5. J’ai lu vos textes avec beaucoup d’intérêt, un peu de nostalgie et le sentiment de ne plus être seule…
    J’ai été étudiante en hypokhâgne à Louis le Grand peu d’années après vous, et j’ai connu le même cheminement de faits et de sentiments que ceux que vous décrivez avec beaucoup de justesse.
    J’ai ensuite poursuivi en fac, en DEUG de Philo et DEUG de socio en parallèle avant d’intégrer…une grande école de commerce! Grand revirement donc. Et je m’apprête de nouveau à changer radicalement de voie dans les prochains mois. Alors, oui, choisir sa vie à 17 ans est impossible, mais une prépa littéraire ouvre nombre de portes.

    1. votre parcours m’intéresse beaucoup. Je voudrais comprendre pourquoi vous vous apprêtez à changer apres avoir intégré une école de commerce. merci.

  6. Bonjour,
    je tiens à vous remercier pour avoir partager votre experience avec autant de precision. Cela me permet d’avoir une vue claire de ce qui m’attend l’annee prochaine. En effet, je suis en terminale L et j’aimerais entrer en hypokhagne au lycee Fenelon a la rentree prochaine. Malgre le soutien de mes professeurs pour faire une classe prepa, je manque cruellement de confiance en moi. Votre temoignage m’a permis de voir que l’on peut reelement progresser si l’on veut. Pour mon cas, on verra bien ce que l’avenir me reserve meme si je ne me fais pas d’illusions pour entrer a l’Ens. Dans l’attente de lire votre article je vous remercie a nouveau pour votre temoignage.

    1. Bonjour,

      Je vous souhaite beaucoup de réussite dans votre projet.

      N’oubliez pas de vous entourer et de partager vos succès et vos difficultés avec vos proches.

      A bientôt,

      Hélène

  7. Bonjour, beau témoignage.

    J'ai débuté mes études à la rentrée 1991 sur un bi-deug économétrie/anglais. Ce fut une expérience psychologiquement douloureuse qui finit par un échec auquel je n'avais pas été habitué et que je ressentis comme une profonde humiliation. J'y vois deux causes principales : une absence d'orientation sérieuse dès lors que l'entourage familial est largué et qu'on ne peut viser une grande école ou des études à l'étranger, et par ailleurs beaucoup d'immaturité voire de candeur de ma part. J'ai finalement poursuivi avec d'autres études universitaires, sans beaucoup de conviction. Et je travaille finalement encore dans un tout autre secteur que mes études initiales. Le seul élément qui m'ait permis de passer outre nombre de difficultés fut ma volonté de m'accrocher et mon recul avec l'âge, le fait de se fixer un objectif et de se mettre des oeillères, et enfin ne surtout pas écouter les propos relativisants et défaitistes de l'entourage.

    Je pense pour ma part que la qualité des études menées sont régies par des règles tacites qui tiennent d'avantage du milieu social que du niveau sanctionné par la scolarité. C'est ce qu'on ne dit pas (trop) aux futurs étudiants.

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