Dans un article publié en 2010, la sociologue Wendy McMillan met en évidence les caractéristiques des étudiants qui "réussissent brillamment leurs études" :
- leur manière d'apprendre,
- leur façon de s'auto-évaluer pendant qu'ils apprennent (et d'ajuster leur manière de le faire si nécessaire)
- et les sources de leur motivation.
Selon les chiffres publiés par le ministère de l'enseignement supérieur en avril 2013, seuls 27% des étudiants qui s'inscrivent à l'université obtiendraient leur Licence en trois ans. Partons donc du principe que les étudiants qui "réussissent" sont ceux qui obtiennent leur premier diplôme universitaire sans redoubler, même si ce n'est pas "brillamment". Et tentons de préciser ce qu'il en est de ces fameuses caractéristiques qui feraient la différence…
Car finalement, vous allez rapidement constater qu'il ne s'agit pas de ressources révolutionnaires ou de capacités résolument au-dessus de la moyenne. Les stratégies d'apprentissage et d'auto-évaluation, il suffit de s'y mettre sérieusement pour les acquérir. J'ai donc tendance à penser que ce qui fait vraiment la différence, c'est la motivation : la définition de son projet, la compréhension de ses contradictions, la confiance que l'on a dans ses capacités à réussir (= estime de soi).
Dans cet article, je vous propose de faire la synthèse des différentes stratégies qui vont vous permettre de faire le bilan de vos ressources pour les mettre au service de votre projet. Pour ce faire, repartons des trois catégories que propose McMillan : les stratégies cognitives (comment apprenez-vous ?), les stratégies métacognitives (quel recul avez-vous sur votre façon d'apprendre ?) et les sources de motivation (quel est votre projet ?).
1) Les stratégies cognitives
Lorsque vous mémorisez un cours, que vous prenez des notes, que vous révisez un examen ou que vous cherchez à comprendre une notion : que faites-vous exactement dans votre tête ?
En général, quand je pose cette question à mes étudiants, ils me regardent comme si j'étais vraiment à côté de mes pompes et ils me disent en regardant en l'air : "ben madame, on réfléchit".
Alors moi je les regarde dans les yeux et je leur dis : "vous voyez, si un étudiant vient me voir complètement déprimé parce qu'il a planté son premier examen et qu'il veut désespérément réussir le suivant pour ne pas se faire virer, et que, pour vous citer, je lui dis qu'en fait c'est très simple, il n'a qu'à réfléchir, je pense qu'il va gentiment m'envoyer promener". Si c'était si simple, tout le monde le ferait, non ?
Et bien ce n'est pas si simple.
Finalement, au cours de nos études, on ne nous explique pas comment faire pour réfléchir, comprendre et mémoriser. Ce qui se passe dans notre tête quand nous réalisons ces différentes opérations mentales constitue une boîte noire dont on ne nous aide pas à percer les secrets.
Si vous ajoutez à cela que différentes stratégies sont en réalité tout à fait valables pour réussir mais qu'elles sont propres à chacun, vous me direz qu'on n'est pas rendu.
Voici un schéma qui synthétise les stratégies cognitives à suivre pour comprendre, réfléchir et mémoriser (cliquez sur l'image pour l'afficher en format PDF téléchargeable):
Afin d'approfondir votre compréhension des "gestes mentaux" qui permettent de réaliser ces différentes opérations mentales, je vous propose de lire (ou relire) ces articles :
Comment améliorer vos capacités de mémorisation ?
Comment améliorer vos capacité des compréhension ?
Comment améliorer vos capacités de réflexion ?
2) Les stratégies métacognitives
Les stratégies métacognitives concernent les actions que vous mettez en oeuvre pour évaluer et analyser la façon dont vous apprenez.
Par exemple, lorsque vous cherchez des moyens d'améliorer vos capacités de mémorisation des informations, vous adoptez une démarche métacognitive : vous n'êtes pas directement en train de mémoriser une information, vous rechercher comment améliorer le processus grâce auquel vous apprenez.
Afin de progresser, il est indispensable de développer des stratégies métacognitives :
– connaître les objectifs des disciplines que l'on étudie ainsi que leurs modalités d'évaluation,
– s'auto-évaluer régulièrement,
– analyser ses erreurs,
– porter un regard critique sur ses productions (écrits, solutions d'exercices…), afin de comprendre l'écart qui existe entre ce que l'on a produit et ce qui était attendu,
– envisager des stratégies pour adapter sa manière d'apprendre en fonction des objectifs à atteindre.
Si à aucun moment vous ne vous posez la question de savoir comment vous allez faire pour progresser, c'est que vous n'avez développé aucune stratégie métacognitive.
Afin d'approndir ce sujet, je vous propose d'aller lire les articles suivants :
Vous voulez progresser ? Et si ce n'était pas si simple…
Vous travaillez, mais les résultats ne suivent pas : d'où vient le problème ?
3) Les sources de motivation
Selon McMillan, les étudiants qui réussissent brillamment se sentent confiants concernant leur capacité à réussir. Ils ont ainsi développé une grande estime d'eux-mêmes concernant les activités académiques. Un examen n'est pas pour eux un "mauvais moment à passer". Il s'agit d'une étape normale dans le processus d'apprentissage. Ils se mettent donc au défi, non pas d'obtenir la moyenne, mais d'obtenir la meilleure note possible.
J'aimerais cependant re-insister sur le fait que le sentiment de compétence s'acquière, et que la motivation est particulièrement liée aux circonstances. Vous pouvez être un élève très moyen au lycée et vous révéler extrêmement performant dans le cadre d'un cursus universitaire qui a du sens pour vous. Une bonne note peut être désirée pour elle-même. Mais elle peut également venir sanctionner un travail remarquable qui ne sera le fruit que de l'implication et de l'intérêt que vous aurez nourris pour la matière en question. L'objet de l'enseignant vous intéresse. Vous êtes donc motivé à travailler pour progresser, rendre des devoirs satisfaisants et comprendre tout ce qu'il y a à comprendre. La bonne note est alors la cerise sur le gâteau.
Afin d'approfondir les questions relatives à la motivation, je vous propose de lire ou relire ces articles :
Pourquoi est-il si compliqué de se mettre au travail ?
Comment définir son projet projet professionnel ?
Vous pouvez retrouver tous les articles en lien avec ces thématique sur la page "Liste des articles".
McMillan, W. J. (2010). ‘Your thrust is to understand’ – how academically successful students learn. Teaching in Higher Education, 15(1), 1.
Bonjour Hélène !
Je suis à la recherche de l’étude de Wendy McMillan depuis 3 jours et je ne la trouve nulle part…
Saurais tu où je peux la trouver stp ?
J’aurais une autre question 🙂
Je suis en L1 de psycho par correspondance et je dois rendre un dossier de 5/8 pages sur « les stratégies d’apprentissage » comme facteur de réussite/échec (d’où mon besoin de trouver cette étude).
Je me rends compte que la recherche de document à ce sujet est compliquée…
J’avais donc dans l’idée de suivre ce plan :
1) Les stratégies d’étudiants qui réussissent
_ Définir ce qu’est une stratégie
_ Présenter l’étude de McMillan
2) Une stratégie cognitive : le Mind mapping
_ Présenter le concept
_ Mettre en lien avec les stratégies cognitives énoncées par McMillan
_ Evantuellement parler du schéma de Bartlett
_ Donner un exemple de mind map (je pense à faire une mind map du dossier)
Qu’en penses-tu ?
Je voudrais bien faire une 3ème partie, mais je ne sais pas sur quoi. Peut être 3) Quelques recommandations ?
Avec tout ce que je lis sur les blogs, dont le tiens, parler des profils auditifs/visuels/kinesthésiques, de la loi de pareto + l’apprentissage à répétitions espacés (stratégies étacognitifs), du travail en groupe, du feedback…
Me tenterait bien, mais j’ai l’impression de faire du hors sujet…
Je te remercie d’avance pour ta réponse 🙂
Bonne journée.
Bonjour Jeremy,
Voici un lien dans lequel vous trouverez la référence complète : http://pedagogieuniversitaire.wordpress.com/2010/06/11/comment-les-etudiant-e-s-qui-reussissent-apprennent/
Voici un autre lien vers une vidéo qui devrait vous intéresser pour votre devoir : http://www.jogtheweb.com/run/9to7eAHiwxfP/Initiation-a-la-neuroeducation#2
Voici un livre que je viens de lire et qui propose une belle synthèse des travaux universitaires de référence : « Motivation et réussite scolaire » de Lieury et Fenouillet
Dans la mesure où vous réalisez un écrit dans le cadre de votre cursus universitaire, il va falloir faire attention à vos sources. Le mind mapping ne correspond pas à une « stratégie cognitive ». Il s’agit d’une technique qui permet de mettre en oeuvre certaines stratégies. Cela ne veut absolument pas dire qu’il ne faut pas en parler, mais qu’il va falloir que vous fassiez le lien entre cette approche et des connaissances scientifiquement validées.
A bientôt,
Hélène
Bonjour Hélène et merci !
J’avais trouvé le premier lien mais ne voulais pas le citer par peur qu’il ne soit pas suffisamment « fiable ». Apparamment si, tant mieux.
Concernant le mind mapping, c’est justement ce que je voulais faire. Pour cela, « Tout sur la mémoire » et « Une tête bien fait » de Tony Buzan s’appuient bien sur des connaissances scientifiques validées ?
Je sais aussi qu’en Finlande, meilleur système scolaire selon PISA, utilise le mind mapping, ça appuyerait le fait que ça soit une technique dont ceux qui « réussissent » utilisent.
De même, étant donné que vous êtes psychologue et docteur en sociologie, puis-je citer votre blog et votre livre « Objectif mémoire » ?
Très intéressant votre lien sur les vidéos ! Les conférenciers sont des scientifiques… Puis-je les citer aussi ? ^^
Ca fait beaucoup de questions.. 🙂
Bonjour Jérémy,
Vous posez des questions TRES pertinentes. Quel est le statut scientifique des références sur lesquelles on s’appuie ?
Lorsque vous citerez le lien vers l’article, indiquez bien la référence, pas le lien internet.
Les livres de Tony Buzan ne s’appuient pas vraiment sur des connaissances « scientifiquement validées » (d’ailleurs, il n’indique pratiquement jamais ses sources lorsqu’il affirme quelque chose, il faut donc faire attention…). Pour qu’une référence soit reconnue comme scientifiquement validée selon les critères universitaires, il faut que l’auteur ait présenté son dispositif d’investigation dans le texte ou que le texte ait été expertisé par un comité de lecture (ce qui est le cas lorsque vous citez un article paru dans une revue scientifique).
Lorsque vous dites que le mind mapping est une technique qui permet aux étudiants de « réussir », l’argument que vous invoquez ne convient pas. Il existe de nombreuses autres différences entre la France et la Finlande pour expliquer les résultats PISA : culture, pratiques pédagogiques, organisation du système scolaire, etc. Vous ne pouvez pas conclure que le mind mapping, et seulement lui, permet de réussir (je connais d’ailleurs des étudiants qui l’utilisent et qui n’ont pourtant pas les résultats espérés). Cela ne suffit pas malheureusement.
Ce qui fonctionne par contre, c’est de bien exploiter le fonctionnement de sa mémoire. Mais réaliser des mind maps ne suffit pas (du moins selon mon expérience).
Les conférenciers dont je vous ai indiqués les liens vidéos, oui, vous pouvez les citer : ce sont des universitaires qui d’ailleurs citent eux-mêmes les sources scientifiques sur lesquels ils s’appuient.
Vous pouvez citer mon blog et mon livre, mais en tant que témoignages. Pour affirmer, il faut avoir mis en place un dispositif d’investigation permettant de « prouver » ce que l’on avance.
Je serais très intéressée à lire votre travail. Pourrez-vous me l’envoyer ?
A bientôt,
Hélène
Bonsoir Hélène et merci pour votre réponse.
J’ai remis mon dossier le 6 janvier et j’étais plutôt satisfait du travail fourni.
Malheureusement, j’ai été « obligé » de citer deux livres de Tony Buzan ( « Tout sur la mémoire » et « Une tête bien faite ») en parlant de la mémoire et du mindmapping, et ce parce que son titre de psychologue me « suffisait ». Bien que j’ai cité d’autres sources, je me demande maintenant si je ne vais pas être pénalisé…
Ca me met une légère pression, mais je peux vous envoyer une copie avec plaisir.
Je vous l’envoie par mail ?
Bonjour,
Vous pouvez m’envoyer votre dossier sur l’adresse h.weber100@gmail.com je serais vraiment ravie de le lire.
Concernant les références, c’est surtout la façon dont vous avez argumenté vos affirmations qui comptent.
A bientôt,
Hélène