Parler pour que les enfants apprennent (à la maison et à l’école) d’Adele FABER et Elaine MAZLISH

Présentation du livre : comment aider les enfants à résoudre les problèmes qui surviennent à la maison et à l’école en lien avec le travail scolaire ? Comment stimuler chez eux le plaisir et le goût d’apprendre ? Comment leur transmettre des habiletés qui leur permettront de devenir des adultes responsables, respectueux des autres et créatifs

Intérêt du livre : dans la lignée de leurs ouvrages précédents (Parents épanouis, enfants épanouis, Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, Frères et soeurs sans rivalité…), Adele Faber et Elaine Mazlish proposent une adpatation de leurs « outils d’éducation » au domaine des apprentissages scolaires, à la vie en classe et aux relations parents-enseignants.

Un livre qui se lit comme un roman : c’est en suivant les questions que se posent des enseignants d’une part, et des parents de l’autre, que les « personnages » mis en scène dans le récit acquièrent progressivement les habiletés proposées par les deux auteurs. La lecture est donc très agréable.

Une approche humaniste qui stimule la créativité éducative : il ne s’agit pas d’une liste de « savoir-faire » à appliquer sans réfléchir. Les « habiletés » proposées demanderont de l’ingéniosité pour que tout leur potentiel soit exploité par le lecteur dans leur mise en oeuvre.

Des outils clairement exposés (à l’aide de fiches récapitulatives, d’exemples concrets et d’illustrations) et immédiatement utilisables au quotidien.

– Et vraiment : ça marche !

On pourrait croire en lisant ce « long » résumé, que lire le livre dans son intégralité soit inutile. C’est tout le contraire. Car je n’ai pas repris ce qui constitue pour moi l’essentiel de la démarche : le récit.

Dans tous les ouvrages de Faber et Mazlish, ce qui fait l’essence et la pertinence du propos, ce sont les illustrations cliniques. C’est parce que l’on suit les pérégrinations de Lise, de Jeanne et de Michel, que l’on assiste à leurs débats, à leurs doutes et à leurs expérimentations que l’on se laisse emporter et convaincre progressivement par l’intelligence de la démarche et des habiletés proposées.

Finalement, tous les ouvrages des deux auteurs s’organisent selon le même canevas : accueillir les émotions, favoriser la coopération, favoriser l’auto-discipline et éviter les punitions, résoudre les problèmes ensemble, complimenter sans écraser et critiquer sans blesser, aider à se dégager d’un rôle. Et pourtant, je les ai tous achetés. Et je les ai tous lus avec un plaisir renouvelé. 
La narration permet de s’identifier aux différents personnages, de se reconnaître en chacun d’eux et d’adoucir progressivement les conflits internes qui nous animent. Par l’intermédiaire des uns et des autres, nos résistances sont mises à jour. C’est donc avec le sentiment d’être profondément compris et reconnu que le lecteur se voit proposer des techniques à « expérimenter », et surtout, à s’approprier. Car il ne s’agit jamais de phrases toutes faites à prononcer ou de techniques à appliquer sans réfléchir. Chaque situation demande une adaptation.
Toutes ces trouvailles incroyables ne se trouvent pas dans un résumé. Ce sont pourtant elles qui nourrissent l’envie de passer à l’expérimentation.  

Limites du livre : les réponses proposées sont essentiellement des techniques de communication. Elles sont très efficaces, mais laissent de côté les causes plus profondes (inconscientes) de certaines difficultés rencontrées dans le cadre des apprentissages. Mais rien n’empêche de compléter cette lecture par d’autres qui abordent des sujets reliés (pédagogie des apprentissages, approche psychanalytique, approche cognitive…). 

Chronique et résumé du livre :

Le livre débute par une citation du psychologue pour enfant Haim Ginott, qui est présenté dans tous leurs livres comme le mentor des deux auteurs :

« Par leur façon de parler, les parents et les enseignants renseignent l’enfant sur les sentiments qu’ils éprouvent à son égard. Leurs paroles influencent son estime de soi et le sentiment qu’il a de sa valeur personnelle. Dans une large mesure, leur langage détermine son destin ».

Lorsque l’on prend conscience de l’incidence que nos paroles ont sur les autres (nos enfants, les étudiants que l’on accompagne…et finalement toutes les personnes que l’on rencontre), cela peut donner envie d’utiliser ce « pouvoir » à bon escient. Stimuler le goût dapprendre, donner envie aux étudiants de s’impliquer dans le travail demandé, favoriser les progrès et une attitude responsable sont assurément des préoccupations partagées par de nombreux enseignants, comme de nombreux parents.

Faber et Mazlish nous invitent à suivre le quotidien d’une enseignante de classe primaire, accompagnée de ses collègues (enseignants, directeurs, inspecteur…) et de ses élèves. C’est au travers de ses questions, des expériences qu’elle mène auprès de ses élèves, des discussions animées avec ses collègues, ainsi que et de son ressenti et de ses réflexions en tant que parent que les auteurs parviennent à problématiser les enjeux qui font l’objet de ce livre : comment donner envie d’apprendre ? Comment favoriser un comportement respectueux des autres ? Comment stimuler la créativité pour résoudre les problèmes ? Comment progresser ? Comment aider les enfants à devenir plus autonomes ?

1- Accueillir les émotions

La première étape de toute démarche de communication bienveillante (ou « non violente », « positive », « efficace »…) est toujours la même : accueillir les émotions de l’interlocuteur. 

Comment réagirait « l’enfant en vous » si, alors que vous venez d’être exclu de l’équipe de football et que vous en êtes très affecté, on vous répondait :

– « Ce n’est pas grave » (négation de vos sentiments)

– « La vie est parfois injuste » (réponse philosophique)

– « Essaie de te joindre à une autre équipe » (conseil)

– « Pourquoi crois-tu qu’on t’a renvoyé ? » (question)

– « Essaie de voir les choses du point de vue de l’entraîneur » (défense de l’autre personne)

– « Peut-être que dans ton inconscient, tu ne voulais pas vraiment faire partie de l’équipe » (psychanalyse d’amateur)

Toutes ces réactions et paroles peuvent conduire l’autre à se sentir en colère, à se décourager, à se méfier ou encore à agresser en retour. 

 

Lorsque qu’une personne est sujette à une vive émotion, elle a d’abord besoin de se sentir comprise et respectée.

Au lieu de nier les sentiments, nous pouvons :

Verbaliser les sentiments négatifs (« tu dois être déçu ») : l’élève se sent ainsi encouragé à poursuivre ses efforts.

Demander des précisions (« comment s’est passée la sélection des joueurs ? » : les conseils et les critiques empêchent la personne de réfléchir à son problème ou d’en assumer la responsabilité.

Accueillir les sentiments par un mot ou un son (« ah, je vois ») : en manisfestant de l’intérêt pour son problème, on rend l’autre libre de se concentrer dessus, et peut-être de trouver lui-même des solutions.

Exprimer les souhaits de façon imaginaire (« si tu étais resté dans l’équipe, tu aurais pu progresser et montrer à l’entraîneur de quoi tu es capable ») : cette approche facilite la tâche de regarder la réalité en face. 

– Accueillir les sentiments favorise le changement du comportement. 

En revanche, tenir compte des émotions de l’autre avec respect ne veut pas dire accepter son comportement ou son jugement.

Cette première étape apparaît donc plutôt simple de prime abord, mais demande en réalité beaucoup d’effort dans la pratique. Par exemple, comment accueillir les critiques virulentes qu’un enfant peut exprimer à l’endroit d’un enseignant, sans pour autant l’approuver ?

Rester au plus près des émotions de l’enfant, les reformuler, lui poser des questions pour obtenir des précisions va lui permettre de se dégager progressivement de son trop-plein d’émotion pour se remettre progressivement en question. 

 

Mais que faire lorsqu’un enfant fait « une crise » (jette ses crayons, arrache une page de son cahier…) ?

Nommer ses émotions et lui dire ce qu’il peut faire à la place (dessiner sa colère et sa frustration, frapper dans un coussin, aller crier dehors…).

Que faire lorsqu’un enfant semble sourd aux conseils qu’on lui donne ?

Le problème avec un conseil non sollicité, c’est que l’enfant ne peut pas l’entendre tant qu’il est en proie à un tourment émotif. Par ailleurs, en proposant un conseil instantané, on court-circuite une importante expérience d’apprentissage.

Est-ce à l’enseignant de s’occuper des émotions des élèves ?

Cela peut sembler une perte de temps (ou ne pas relever du travail de l’enseignant), mais dans la pratique, cela permet  d’aller beaucoup plus rapidement où l’on souhaite. Pour être en mesure d’enseigner, il faut que notre public soit affectivement prêt à nous écouter et à apprendre. 

Un enfant ne va-t-il pas interpréter l’accueil de ses émotions comme une permission d’agir ?

Il convient effectivement de faire une nette distinction entre sentiments et comportement : « tu te sens comme cela parce qu’il s’est passé ceci. Par contre, je ne peux permettre à aucun de mes élèves de… ». 

2- Favoriser la coopération

Comment amener les enfants à un peu plus de discipline personnelle ?

Avec un peu de recul, il faut bien reconnaître qu’en tant que parent ou enseignant, nous sommes très souvent amenés « à ordonner aux enfants ce qu’ils doivent faire, et également ne pas faire ». Pourtant, plus nous donnons d’ordres, plus les enfants ont tendance à se montrer rebelles.

Ainsi, lorsque l’enseignant…:

– blâme et accuse (« tu as encore oublié tes affaires !? ») : l’enfant a tendance à se sentir humilié et à rejeter la faute sur l’autre.

– lance des injures (« tu es vraiment stupide ») : l’enfant en ressent de la colère, se dénigre ou se pense mauvais.

– menace (« si tu continues, je t’envoie chez le directeur ») : l’enfant a tendance à ne pas le croire, s’en ficher ou avoir peur.

– donne des ordres (« tais-toi ») : l’enfant a tendance à se rebeller, le faire lentement, avoir envie de s’enfuir.

– fait la morale (« ce n’était pas gentil d’avoir fait ça ») : l’enfant a tendance à ne plus écouter.

– donne une mise en garde (« attention avec ça, tu risques de… ») : l’enfant a tendance à avoir peur, à ne rien faire du tout ou à faire l’effronté.

– joue les martyrs (« j’ai mal à la tête chaque soir à cause de vous ») : l’enfant a tendance à se moquer, se culpabiliser ou à vouloir être ailleurs.

– compare (« ta soeur n’aurait jamais fait ça ») : l’enfant a tendance à se dénigrer, détester sa soeur ou l’enseignant.

– fait des remarques sarcastiques (« La seule façon d’élever le QI de cette classe serait de vous mettre debout sur vos chaises ! ») : l’enfant a tendance à se sentir stupide, à répondre en miroir ou à s’en ficher.

– fait des prédictions (« si tu ne travailles pas, tu n’auras jamais ton diplôme ») : l’enfant a tendance à s’en ficher, se dénigrer ou laisser tomber.

Si vous souhaitez montrer votre désaprobation, faites-le sans détour (mais sans affecter la personnalité de l’autre). Afin d’encourager la coopération et l’auto-discipline, il convient de ne pas faire que l’autre se sente mal par rapport à lui-même. 

Pour ce faire, vous pouvez :

Décrire le problème (« je vois des livres éparpillés par terre »)

Donner des renseignements (« la place des livres est sur l’étagère »)

Offrir un choix de solutions (« tu peux ranger les livres maintenant ou juste après avoir fini ta lecture »)

Dire en un mot, ou en faisant un geste (« les livres »)

Décrire ce que vous ressentez (sans parler du caractère de l’autre) (« je suis très contrarié lorsque je vois les livres éparpillés par terre et non rangés sur l’étagère »)

Ecrire une note (« Je vais m’abimer si je reste par terre. Et j’ai peur que l’on me marche dessus. S’il te plaît, range moi sur l’étagère une fois que tu m’auras lu. Signé : ton livre d’Histoire »)

Ces pratiques invitent l’autre à prendre la mesure du problème sans se sentir coupable. Il s’agit de solliciter son sentiment de responsabilité. 

 

Mais supposons que je dise « ça me contrarie de voir des livres par terre » et qu’un élève me réponde : « je m’en fiche ! » Que faire ?

Voici ce que vous pourriez dire : « moi, j’attache de l’importance à mes propres sentiments. J’attache aussi de l’importance à ce que toi tu ressens. Et j’espère que, dans ma classe, chacun se soucie des sentiments d’autrui. »

3- Favoriser l’auto-discipline (et éviter la punition)

La punition nous est familière. Des phrases telles que « tu n’as que ce que tu mérites » ou « c’est pour ton bien » également. Pourtant, la punition entraîne presque systématiquement chez l’autre des sentiments d’hostilité, d’envie de vengeance ou d’auto-dénigrement. 

Haim Ginott dit que « la punition ne décourage pas l’inconduite. Elle ne fait que rendre le coupable plus prudent dans l’accomplissement de ses crimes. » Quand au châtiment corporel, Irwin A. Hyman dit que son utilisation « enseigne aux enfants que la violence est la manière de résoudre les problèmes ».

Au lieu de proférer des menaces ou recourir à la punition, nous pouvons :

Suggérer un comportement plus convenable

Exprimer notre désapprobation avec vigueur (sans faire de lien avec le caractère de l’autre)

Exprimer nos attentes

Montrer à l’autre comment redresser la situation

Lui donner le choix

Le laisser subir les conséquences de sa conduite.

Les auteurs donnent ainsi l’exemple d’une jeune fille qui avait obtenu le rôle principal dans la pièce de théâtre de l’école, mais qui ne mémorisait pas ses répliques malgré les rappels :

– Suggérer : « tu pourrais étudier tes répliques quand tu n’es pas sur la scène ».

– Exprimer sa désapprobation : « je ne suis pas contente. Négliger de se préparer, c’est être injuste envers les autres comédiens ».

– Exprimer ses attentes : « quand tu dis que tu vas apprendre ton texte, je m’attends à ce que tu le fasses ».

– Montrer comment se racheter : « pour la prochaine répétition, assure-toi de connaître le premier acte par coeur ».

– Offrir un choix de solutions : « soit tu apprends tes répliques, soit tu laisses ton rôle à quelqu’un d’autre ».

– Laisser subir les conséquences de la conduite : « j’ai demandé à quelqu’un d’autre de te remplacer », « Oh ! Donnez-moi une autre chance », « Tu auras beaucoup d’autres chances. Mais cette pièce est dans deux semaines et je dois m’assurer que chaque membre de la distribution est prêt ».

Le fait de laisser l’autre assumer les conséquence de sa conduite ne relève pas de la même intentio que la punition : il ne s’agit pas de blesser, de priver, de faire la leçon ou de se venger, mais de protéger, soi-même ou les autres. 

Y a-t-il quelque chose à faire lorsque l’on sent que l’on va perdre la maîtrise de soi ?

Une mère raconte qu’elle s’oblige elle-même à s’isoler quand elle se sent à la veille d’exploser. 

Je prends la liberté de retranscrire le paragraphe suivant qui m’a beaucoup inspiré : 

 » Que dire de la petite brute qui, sur le terrain de jeux, s’empare des lunettes d’un enfant de 5 ans, le fait pleurer et ricane joyeusement ? Un enfant qui agit aussi cruellement ne merite-t-il pas quelques bonnes gifles ?

Il a besoin qu’on mette fin à son comportement et qu’on l’occupe à autre chose. Il n’a pas besoin qu’on lui fasse une fois de plus la démonstration que si l’on est plus grand et plus fort que les autres, on peut les faire souffrir. Sans doute, par expérience personnelle, la petite brute l’a-t-elle déjà fort bien appris. La gentillesse ne s’enseigne que par la gentillesse. L’enfant qui se montre cruel envers un autre enfant a besoin de ressentir la force de vos convictions et non celle d’une gifle douloureuse. Il a besoin d’entendre la sévérité qu’exprime une phrase telle que : « Je n’aime pas ce que je vois ! On ne doit jamais pousser la taquinerie jusqu’au point de faire pleurer quelqu’un.  » Il a besoin d’entendre ce qu’on attend de lui : « Je m’attends à de la gentillesse de ta part… Tu peux commencer maintenant en lui rendant ses lunettes. » L’enfant n’apprend le respect que si on le respecte. »

4- Susciter la créativité et l’engagement pour résoudre les problèmes

Quand adultes et enfants examinent ensemble les problèmes et cherchent à les résoudre, les enfants sont beaucoup plus enclins à faire les efforts nécessaires pour que les solutions proposées donnent des résultats. 

Pour résoudre un problème difficile, il faut avoir du temps, les idées claires et se sentir calme intérieurement. 

Voici le processus de résolution de problème proposé :

La première étape, « écouter l’enfant jusqu’au bout », est la plus importante. Il s’agit pour l’adulte d’écouter l’enfant puis d’exprimer ses propres sentiments en quelques mots seulement.

La deuxième étape consiste à faire un remue-méninges de solutions possibles, et de résister à l’envie d’évaluer les suggestions farfelues. Si l’on veut faire tourner les rouages de la créativité, il faut accueillir toutes les idées.

La troisième étape consiste à sélectionner les meilleures idées, celles qui conviennent à tous. Il s’agit également de s’assurer qu’un plan a été établi pour suivre les résultats suite à la décision finale : Comment mettre en place ce qui a été décidé ? Qui sera responsable de quoi ?

Comment faire en sorte qu’un enfant soit responsable de ses devoirs ?

La meilleure façon de l’aider est de lui fournir une aide indirecte : un endroit calme pour travailler, un bon éclairage, un bon dictionnaire, un goûter s’il a faim. Et rester disponible s’il veut poser une question. 

Cela ne fonctionne pas ? Tentons la méthode de résolution de problème :

– Ecouter les sentiments et les besoins de l’enfant : « je veux avoir du temps pour jouer », « ma petite soeur fait trop de bruit »…

– Exprimer ses sentiments et besoins : « je suis préoccupé par deux choses : te pousser à faire tes devoirs, te voir veiller tard pour les terminer ».

– Inviter l’enfant à proposer des solutions avec vous, et les noter sans les évaluer. 

– Choisir ensemble les idées que vous n’aimez pas, celles que vous aimez, et décider comment y donner suite.

 

Comment faire lorsque l’on est parent et que le problème a lieu à l’école ?

Procéder de la même façon et écrire toutes les solutions issues de la discussion sur une feuille. Les enfants peuvent ensuite s’exercer à les mettre en pratique à l’aide d’un jeu de rôle. 

 

En traitant les enfants comme des personnes capables de résoudre des problèmes, ils deviennent capables de trouver des solutions.

5- Complimenter sans écraser, critiquer sans blesser

Une critique, tout comme un compliment, peut se révéler démoralisant. La critique affecte l’estime de soi sans pour autant galvaniser l’envie de faire mieux. Un compliment qui qualifie la personnalité de l’autre, même de manière positive, peut l’enfermer dans une image idéalisée dont il pourra chercher à se libérer.  La critique peut blesser et décourager, le compliment excessif peut ne pas convaincre et laisser sur l’impression qu’il n’est pas mérité. De plus, si nous cherchons constamment à faire en sorte que les enfants recherchent l’approbation des autres, nous leur transmettons le message qu’ils ne peuvent pas faire confiance à leur propre jugement. 

Pourtant, il existe un type de compliment que l’enfant peut intégrer et qui crée véritablement l’estime de soi : décrire ce qu’il a fait.

Uniquement décrire ? Oui, uniquement cela.

Mais il ne faut pas croire qu’il s’agisse d’une solution de facilité. En réalité, dire à un enfant « ton dessin est magnifique » prend bien moins de temps que de décrire son dessin avec précision. 

Comment cependant souligner les erreurs sans démoraliser la personne que l’on critique ?

Au lieu d’évaluer l’autre, nous pouvons :

Décrire ce que nous voyons ou entendons.

Décrire ce que nous ressentons.

Au lieu de critiquer, nous pouvons :

Attirer l’attention sur ce qu’il reste à faire.

Lorsque nous décrivons  les réalisations de l’autre, nous l’invitons à s’approprier le mérite de ses accomplissements, sans rechercher notre approbation. Cette approche l’aide à reconnaître ses forces et à lui fournir une image plus précise de ses habiletés et de ses réussites. 

6- Aider un enfant à se dégager d’un rôle

De nombreuses recherches démontrent la relation directe entre les attentes de l’enseignant et le rendement des élèves. Les enseignants sont ainsi de puissants agents de changement. Ainsi, nous avons tendance à renforcer une attitude ou un comportement à cause d’une simple image, ou d’un rôle que nous attribuons (« la petite princesse », « le cancre », « la pipelette »…).

Il s’avère en effet extrêmement difficile d’échapper à la perception que les autres ont de nous.

« En disant à un enfant qu’il est toujours quoi que ce soit, on le place dans une situation difficile. Il peut soit se conduire de façon peu fiable pour prouver que l’on est dans l’erreur, soit adopter le nouveau rôle qu’on lui assigne, peu importe les circonstances ou le tribut à payer (« ma cheville n’est pas encore guérie, mais je ne peux pas laisser tomber mon équipe »). Nous voulons que nos enfants soient libres de pareilles contraintes, c’est-à-dire qu’ils puissent évaluer chacune des situations qui se présentent et prendre une décision basée sur leur propre jugement plutôt que sur l’opinion qu‘un tiers pourrait avoir concernant la manière dont ils devraient toujours se conduire.« 

Ainsi, pour aider une personne à se dégager d’un rôle, nous pouvons :

Rechercher les occasions de lui présenter une nouvelle image d’elle-même.

– La placer dans des situations qui lui permettent de se voir d’un oeil différent.

– Faire en sorte qu’elle nous entende dire des choses positives à son sujet.

Lui donner nous-même l’exemple du comportement que nous souhaiterions la voir adopter.

Lui rappeler ses réalisations.

Exprimer nos attentes quand son comportement reflète l’ancienne image qu’elle avait d’elle-même.

Positif ou négatif, un rôle est un rôle. Il enferme. 

Chaque enfant a besoin qu’on le considère comme un apprenant, qu’on l’ecourage à connaître les joies des découvertes intellectuelles et la satisfaction de faire des progrès, que ceux-ci soient rapides ou lents. Enfin, pour qu’un enfant se dégage progressivement d’une image négative, nous pouvons le traiter comme nous espérons qu’il va devenir (avant même qu’il ne le devienne). Notre persévérance est la seule chose qui l’aidera progressivement à prendre confiance et à tenter de faire l’expérience de comportements nouveaux. 

Conclusion

3 thoughts on “Parler pour que les enfants apprennent (à la maison et à l’école) d’Adele FABER et Elaine MAZLISH”

    1. Bonjour,

      Je vous remercie beaucoup pour ce lien. Je trouve votre site et votre projet d’accompagnement remarquables.

      Je serais ravie d’accueillir un article que vous auriez écrit sur mon blog (si cela vous cintéresse).

      A bientôt,

      Hélène

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