Cette série d'articles correspond à mon résumé du livre de Joshua Foer intitulé "Aventures au coeur de la mémoire", publié aux éditions Robert Laffont en 2012.
Pour commencer par la partie 1 : cliquez ici.
15- Inscrire les souvenirs dans notre mémoire à long terme
Dans la petite enfance, nous manquons de grilles de lecture pour interpréter le monde et établir des liens entre le présent et le passé. C’est peut-être la raison pour laquelle nous ne gardons que peu de souvenirs de nos plus jeunes années.
Pour inscrire les informations dans la mémoire à long terme, il faut les ancrer dans des réseaux de données signifiantes qui nous permettent d’y accéder plus tard.
16- Le codage élaboratif
Joshua Foer commence donc son entraînement pour le championnat de mémorisation avec Ed, le mnémoniste qu’il a rencontré au championnat des Etats-Unis et qui lui a proposé de devenir son entraîneur.
Celui-ci lui promet qu’il pourrait lui enseigner quelques techniques de mémorisation en moins d’une heure.
Il lui révèle alors le principe le plus fondamental des techniques mnémotechniques : le codage élaboratif.
Revenons un peu en arrière pour comprendre de quoi il s’agit.
De quelles informations nos premiers ancêtres humains avaient-ils besoin de se souvenir ?
De l’emplacement des meilleurs endroits où se procurer de la nourriture et les ressources essentielles à leur survie.
Ainsi, nos cerveaux ne retiennent pas aussi bien tous les types d’informations.
L’objectif des techniques de mémorisation est de transformer les souvenirs que nos cerveaux ne sont pas doués pour conserver, en souvenirs pour lesquels ils ont été bâtis.
Qu’est-ce alors que le codage élaboratif ?
C’est le fait de transformer n’importe quel truc barbant en truc tellement pittoresque, excitant et différent de tout ce que vous avez déjà vu qu’il vous sera ensuite impossible de l’oublier.
Toute chose qui peut être visualisée peut être imprimée dans notre mémoire et conservée en place dès lors que l’on fait intervenir la "mémoire spatiale" pour la mémoriser.
17- La Bible du mnémoniste et le « palais de mémoire »
Joshua Foer poursuit ses recherches en s’intéressant (sur les conseils de Ed) au premier traité jamais écrit sur la mémoire : Rhétorique à Hérennius, un ouvrage anonyme écrit entre 86 et 82 avant JC.
Dans un monde où le nombre de livres était extrêmement limité, la mémoire était extrêmement valorisée.
Dans l’Hérennius, l’exposé sur la mémoire fait en tout et pour tout une dizaine de pages au milieu d’un traité sur la rhétorique et l’art du discours.
Deux principes concernant la mémoire sont exposés :
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– Les images doivent représenter le contenu de ce que l’on souhaite mémoriser.
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– Les lieux (ou loci en latin) sont les emplacements où l’on dispose, range ces images.
Connu sous le nom de « méthode des loci », ce type de construction mentale devait être baptisée plus tard « palais de mémoire ».
Le principe est d’utiliser un véritable bâtiment que l’on connaît parfaitement afin d’y disposer, de manière ordonnée, les informations que l’on souhaite mémoriser.
Cette technique s’appuie sur notre excellente capacité à mémoriser les lieux dans lesquels nous nous trouvons (et toutes les informations imagées d’une manière générale).
Voici un exemple de liste d’informations que Joshua Foer, accompagné par Ed, entreposa dans les différents lieux de sa maison d’enfance :
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– Un flacon d’ail au vinaigre (dans le garage)
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– Du cottage cheese (dans le couloir)
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– Du saumon fumé (dans le salon)
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– Une paire de chaussettes (à côté de la lampe)
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– Deux bouteilles de vin (sur le canapé)
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– Etc.
Plus les images formées sont drôles, obscènes ou bizarre, plus elles sont faciles à mémoriser.
Ainsi, ce qui fait un grand mnémoniste est sa capacité à construire sur-le-champ ce genre d’image luxuriante.
Par exemple, pour mémoriser le cottage cheese, Joshua Foer imagine dans son couloir une immense piscine remplie de fromage à tartiner, dans laquelle se prélasse une top-modèle en bikini. Les deux bouteilles de vin sont quant à elles assorties d’un nez, de deux yeux et d’une bouche, et sont bien assises sur le canapé pour discuter.
Effectivement, les images sont si drôles, surprenantes ou excitantes qu’il s’en souvient avec une facilité qui le déconcerte.
Tony Buzan (l'inventeur des Mind maps) affirme que le championnat du monde de mémorisation est moins une épreuve de mémorisation que de créativité. On comprend maintenant pourquoi.
Une fois que le travail de création et de localisation des images est réalisé, il suffit ensuite de refaire le trajet parcouru dans son palais de mémoire pour traduire les images construites.
18- L’entraînement du mnémoniste et ses « bottes secrètes »
Première tâche: amasser de l’architecture afin de se constituer une réserve de «palais de mémoire ».
Deuxième tâche : créer des lieux qui serviront de réceptacles aux souvenirs.
Il faut savoir qu’au moment de son entraînement, Joshua Foer vit chez ses parents, n’a pas besoin de subvenir financièrement à ses besoins et peut donc consacrer tout son temps à sa préparation.
Car il ne suffit pas de comprendre le principe des procédés mnémotechniques pour être performant, un entraînement sérieux et continu est également nécessaire.
Il ne faut pas non plus sous-estimer l’entraînement physique :
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– Ne pas consommer d’alcool,
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– Consommer des aliments connus pour favoriser la mémoire : le poisson, les oméga-3, etc.
Il convient également de se reposer suffisamment.
bonjour,
petit temoignage sur le "palais de mémoire". L'an dernier, j'ai suivi une des formations de Jean-François Michel sur les"7 profils d'apprentissage". Parmi nous, et chose rare, il y avait une jeune lycéenne de 17 ans, qui n'avait pas de mémoire extraordinaire, plutôt comme monsieur et madame tout le monde. En quelques heures d'entraînement pendant la journée et 1 ou 2 soirs (je ne sais plus), elle a réussi à redire dans l'ordre , en arrière et dans le désordre 40 mots. Elle est rentrée dans la salle, on a donné 40 mots complètement aléatoires et elle les a redits sur le champs. Elle en était elle-même toute retournée et nous, nous étions skotchés!! Vous pouvez le voir vous aussi, Jean-Michel F l'a filmée et a laissé la vidéo sur le site:"apprendreaapprendre.com". Biensûr, de retour à la maison, j'ai voulu tester. J'y suis arrivée pour 20 mots mais j'ai du mal à le faire dans le désordre. Par contre, comme vous le dites, l'entraînement est très important car on l'oublie aussi très vite!!
Mais, si je comprends bien l'utilité de cette technique pour retenir des listes de mots, des dates, la structure d'un cours par exemple, je ne vois pas comment on s'en sert pour apprendre des cours entiers ? et, je me demande comment on fait pour ne pas se mélanger à force car il fait bien se créer plusieurs palais vu tout se qu'on doit retenir ??
bonne journée
christel F
Bonjour,
La mémoire fonctionne par association de concepts-clés. Il n'est donc pas nécessaire de mémoriser un contenu "en entier" pour en comprendre et en intégrer le contenu. Ce qu'il faut viser pour le retenir, c'est de repérer sa structure globale, identifier les concets-clés et les articuler dans sa tête de manière logique.
Il faut effectivement utiliser plusieurs palais différents pour ne pas se mélanger si l'on souhaite mémoriser grâce à ce procédé mnémotechnique.
A bientôt,
Hélène